Chapelier
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Le Chapelier
Un chapelier concevait, fabriquait et/ou vendait des chapeaux et d’autres couvre-chefs.
Dès le milieu du XVIIe siècle, les chapeaux étaient fabriqués en Nouvelle-France. Étant donné l'extrême popularité des chapeaux en fourrure de castor, l'industrie a prospéré. Des chapeaux ont même été exportés en France en quantités importantes. Puis, témoignant le déclin de l’industrie du chapeau chez lui, le roi de France ordonne l'arrêt de toute la production canadienne en 1736, marquant la fin de l'industrie en Nouvelle-France. La confection de chapeaux a lentement repris sous le régime anglais, mais n'a jamais retrouvé sa popularité d’autrefois.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, le processus de fabrication d’un chapeau impliquait environ 30 étapes, sept heures de travail et plusieurs artisans. Un chapeau pouvait nécessiter d’une à cinq peaux de castor.
Lorsque le chapelier recevait une peau de castor dans son atelier, celle-ci était grasse et couverte de longs poils rugueux (les jarres), sous lesquels se trouvait la fine laine de castor qu’on appelait « duvet ». Les jarres étaient enlevés avec un couteau ou des pinces. Ensuite, la peau était aspergée avec une solution chimique de nitrate de mercure pour décoller les écales de chaque fibre de laine. Cela démêlait les fibres et leurs donnait une couleur rougeâtre. Cette étape rendait également de la chapellerie une profession très dangereuse, car l'exposition constante aux vapeurs de mercure était nocive pour le système nerveux. En fait, l'expression « mad as a hatter » (fou comme un chapelier) est associée à l'éréthisme, une maladie neurologique dérivé d'un empoisonnement au mercure. L'éréthisme se caractérise par des changements de comportement tels que l'irritabilité, la dépression, l'apathie, la timidité et la timidité, et dans certains cas extrêmes avec une exposition prolongée aux vapeurs de mercure, le délire, des changements de personnalité et une perte de mémoire. Historiquement, l'éréthisme était courant chez les fabricants de chapeaux de feutre.
Après le processus au mercure, la peau serait séchée et le sous-poil tondu. Une fois le duvet retiré de la peau, il était formé en trois ou quatre morceaux triangulaires appelés « capades ». Chaque capade était ensuite enroulée dans un morceau de cuir et placée sur une table en bois avec un fer chaud au milieu. Ces triangles devenaient plus forts et plus serrés, et le chapelier pouvait les plier les uns sur les autres pour leur donner la forme d'un gros bonnet d’âne.
À ce stade, vu que le corps du chapeau était toujours très grand, il fallait le fouler et le rendre plus ferme. Il était placé dans un seau rempli d'un mélange brûlant d'eau, d'acide sulfurique, de lie de bière et de vin. Le corps du chapeau était plongé plusieurs fois dans cette solution puis aplati à la main ou au rouleau. Sous l'effet de la pression, de la chaleur et de l'humidité, la surface du feutre était réduite de moitié. Cela continuait jusqu'à l'obtention d'un tissu assez ferme, prêt à être mis en forme. Le chapeau était ensuite enroulé sur lui-même afin d'obtenir une pièce plate qui était pressée sur un modèle en bois de la forme souhaitée.
Pour l'étape suivante, le chapeau était placé dans un contenant en cuivre rempli de colorant. Il restait dans ce mélange bouillant pendant environ 45 minutes avant d'être laissé à refroidir. L'opération était répétée plusieurs fois jusqu'à l'obtention de la couleur souhaitée. Le chapeau était ensuite séché et enduit d'un mélange de gomme laque et de colle pour le rendre imperméable et rigide. Pour la finition, les chapeliers utilisaient de la vapeur pour pouvoir apporter des corrections ou des modifications mineures. Enfin, le chapeau était garni de rubans, boutons ou autres décorations.
Hommes qui ont exercé ce métier : Philippe Basquin/Bastien, Étienne Bedut, François Boulardier, Jean-Baptiste Chauffour, Bartélémy Cotton, Holthom, Joachim Jacques, Joseph Huppé Lagrois, Jean-Baptiste Laliberté, Guillaume Laserre dit Laforme, Pierre Lefebvre, Jean Létourneau dit Lespérance, Hubert Noël, David Pauperet, Jean Quenet, Pierre Richard, Pierre Rivault, Laurent Tirant
Venez à la rencontre de Pauline Brosset, chapelière à Paris
L’Histoire nous le dira raconte « La folle histoire des chapeaux qui rendent fous ».
Bibliographie :
Hélène Gagnon et Linda Lapointe. 1984. « Les modistes sorties de l’ombre ». Continuité, (25), 29–30. Numérisé par Érudit (https://www.erudit.org/fr/revues/continuite/1984-n25-continuite1052276/18501ac.pdf).
Michèle Jean. 2004. « La fourrure sous toutes ses coutures! ». Cap-aux-Diamants, (76), 10–14. Numérisé par Érudit (https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2004-n76-cd1046045/7298ac.pdf).
ScienceDirect, « Erethism, » Elsevier B.V., https://www.sciencedirect.com/topics/biochemistry-genetics-and-molecular-biology/erethism.
« Le Castor et autres pelleteries ». Auteur(e) inconnu(e). http://digital.library.mcgill.ca/nwc/french/history/01.htm.