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Le Cordier

Le cordier savait fabriquer des cordes à partir de différents textiles. Le chanvre était le matériau le plus souvent utilisé, car il était solide et durable. Le cordier filait le chanvre en tordant ses fibres ensemble.

Le chanvre était d'abord macéré dans l'eau, puis écorché pour le débarrasser de ses parties ligneuses. Pour façonner le fil, le cordier attachait de grandes poignées de fibres à sa taille, fixant l'extrémité de ces fibres sur un crochet tournant et marchant vers l'arrière, laissant les fibres tourner. Le fil obtenu était ensuite renforcé par torsion ; il était peigné et finalement doublé en le pliant en deux.

Pour tordre la corde et en faire un câble, le cordier utilisait un rouet composé de deux chevalets, chacun avec une manivelle. L'un déplaçait trois crochets qui tournaient sur eux-mêmes, tandis que l'autre n'avait qu'un seul crochet du même type. La distance entre les deux chevalets déterminait la longueur de la corde qui serait produite. Lorsque les fils qui devaient être torsadés ensemble étaient en place (il y en avait normalement trois), une personne située derrière chacune des deux sections de la roue tournante tournait la manivelle dans le même sens. En même temps, une troisième personne ajustait le « toupin », une sorte de toupie rainurée en bois, utilisée pour retenir les trois cordes et servant de cran d’arrêt entre les fils pour s'assurer que la corde serait tordue uniformément et qu'elle ne se détordra pas. L'un des chevalets étant sur roues, il s'approchait lentement de l'autre tandis que la corde se tordait. Alors que les deux personnes actionnaient les manivelles en même temps, chacun des trois fils se tordait sur lui-même et les trois fils se tordaient ensemble.

Tel que mentionné, le chanvre était la principale matière utilisée, le lin étant parfois également utilisé. Dès les premiers jours de la Nouvelle-France, les colons ont réalisé que les deux plantes poussaient facilement sur le sol canadien, fournissant des ressources abondantes pour la fabrication de cordes et d'autres utilisations.

La plupart des cordes fabriquées étaient destinées aux navires. Par extension, le cordier savait aussi placer, enrouler, dérouler, entasser les cordages des navires. Le métier de cordier étant souvent exercé en saison estivale, alors que l’hiver était réservé au travail plus minutieux pouvant être effectué sous abris.

Au XIXe siècle, la grande corde de chanvre a été remplacée par la corde de Manille, puis par la chaîne et les câbles en acier.

L'occupation de cordier est à la racine du nom de famille Cordeau qui survit au Canada aujourd'hui.

Personnes qui ont exercé ce métier : Alexis Aleaume, Jacques Bigeon, André Cedras, Jean Davenne, Charles Durand dit Lajeunesse, Roger Fury, René George(s), André Leroux, Jacques Lochet, François Pasquier, Pierre Raymond, Evan Rees, Antoine Tranchant

Regardez la vidéo ci-dessous pour en savoir plus sur l'histoire du métier de cordier.

Bibliographie :

• Lemay, Claude. 2007 & 2008. « Fonctions et métiers délaissés. » l'Ancêtre, numéro 281, volume 34, hiver 2008, et numéro 280, volume 34, hiver 2007, édition numérique. Société généalogique de Québec (www.sgq.qc.ca/images/_SGQ/R_LAncetre_plus_libre/ENT-FONCTIONS-METIERS-DELAISSES.pdf).

• Pomerleau, Jeanne. 1994. Arts et métiers de nos ancêtres : 1650-1950. Montréal, Québec : Guérin. 167-171.