Georg Gebhard “Gaspard” Nieding
Une courte biographie sur la vie de Georg Gebhard « Gaspard » Nieding, un soldat « chasseur » allemand venu en Amérique du Nord pour se battre aux côtés des Britanniques pendant la guerre d'indépendance américaine. Il s'installa au Canada, épousant Angélique Gagnier (ou Gagné).
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Gaspard Nieding & Marie Angélique Gagnier
Un soldat « chasseur » allemand au Québec
Georg Gebhard « Gaspard » Nieding, fils d'Henry (probablement Heinrich) Nieding et Magdalene Kienten, est né vers 1753 à Gelnhaar, Hanau. Aujourd'hui, Gelnhaar fait partie de la ville d'Ortenberg en Hesse, en Allemagne. Le village de Gelnhaar est situé à 9 km au nord de Büdingen et était référencé dès 1187.
Les Chasseurs Hesse-Hanau
En 1776, Gebhard a été recruté comme soldat et « chasseur » dans le régiment HJA 1 Jägerkorps (Jäger signifie "chasseur" en allemand) de Hesse-Hanau dirigé par le lieutenant-colonel Karl Adolf Christoph von Creutzburg.
Au début de la guerre d'indépendance américaine (1775-1783), des alliances se sont crées entre le Royaume-Uni et plusieurs principautés allemandes. [À cette époque, l'Empire allemand était composé de quelque 300 principautés, électorats, duchés, margraviats, landgraviats, évêchés, abbayes, seigneuries et villes libres.] Les Allemands ont accepté d'envoyer des troupes en Amérique du Nord pour aider l'armée britannique, dont le nombre de soldats était inférieur à celui des colonies qu'elle combattait. En retour, le Royaume-Uni indemniserait financièrement les principautés allemandes. En 1776, une telle alliance fut créée avec le territoire de Hesse-Hanau, dont la capitale Hanau est située à 25 km à l'est de Francfort. Wilhelm I, le comte de Hesse-Hanau et neveu du roi George III de Grande-Bretagne, a accepté d'envoyer plus de 2 000 soldats organisés en quatre régiments : un composé de fantassins, une compagnie d'artillerie, un corps d'infanterie légère et un corps de rangers.
Amateurs de plein air, chasseurs et forestiers
En 1777, la Grande-Bretagne demanda qu'un corps supplémentaire de soldats de Hesse-Hanau soit formé : les chasseurs, ou Jägerkorps (le mot allemand Jäger signifie "chasseur"). Les soldats recrutés dans le corps de Jäger étaient des amateurs de plein air, des chasseurs et des forestiers. Tous étaient volontaires. Les Britanniques ont spécifiquement demandé ce type d'homme parce qu'on croyait qu'ils s'en tireraient mieux dans le rude environnement nord-américain et que les chasseurs feraient de meilleurs tireurs d'élite. Certains étaient même gardes-chasse dans les réserves forestières nobles ou royales en Allemagne.
Cette même année, le régiment des Chasseurs de Hesse-Hanau quitta Hanau sous le commandement du colonel Carl Adolf Christoph Von Creutzbourg et se rendit à Portsmouth, en Angleterre. De Portsmouth, ils ont traversé l'Atlantique et sont arrivés au Québec au printemps. Alors que de nombreuses troupes allemandes étaient déployées pour des combats actifs dans les treize colonies, la plupart des membres du régiment de Hesse-Hanau sont restés en garnison au Canada, protégeant la frontière du Québec et de l'Ontario actuels. Du port de Québec, les troupes traversèrent la rive nord du fleuve Saint-Laurent jusqu'à Montréal et Lachine. Ils furent envoyés à La Prairie, L’Assomption, Terrebonne et Pointe-Lévy, entre autres. Certains affirment que pendant la guerre d'indépendance américaine, 1 personne sur 22 au Québec était un soldat allemand.
En 1783, une fois la guerre terminée, les troupes allemandes ont eu le choix de s'installer au Canada ou de rentrer chez elles. Plus de la moitié des soldats allemands envoyés dans le Nouveau Monde ont décidé de s'y installer. Gebhard décide de s'établir au Québec, où il adopta le prénom de « Gaspard ». Plus de la moitié des soldats allemands envoyés dans le Nouveau Monde ont décidé de s'y installer.
Comme l'a commenté un officier de Hesse : « Bien qu'ils n'aient guère vu de vrai combat, ils menaient une vie saine dans les bois canadiens, marchant aussi longtemps que les Indiens, chassant et pêchant, et profitant de la vie beaucoup plus que les soldats allemands chez eux ou dans les colonies du sud. » [notre traduction]
Un foyer à Laprairie
Gaspard a épousé Marie Angélique Gagnier (ou Gagné), fille de Marc Gagnier et Marie Catherine Barault, le 19 février 1787 à l'église Notre-Dame-de-LaPrairie-de-la-Madeleine à Laprairie au Québec [aujourd'hui orthographié La Prairie]. Gaspard avait environ 34 ans; Marie Angélique avait 24 ans.
Le couple s'est installé à Laprairie et a eu au moins 8 enfants :
Marc Gaspard Niding
Marie Angélique Niding
Marie Marguerite Niding
Jean Baptiste Niding
Louis Niding
Marie Catherine
Marie Louise Niding
Julien Niding
Georg Gebhard « Gaspard » Nieding est décédé à l'âge de 64 ans environ le 3 février 1817 à Laprairie, où il a été enterré au cimetière paroissial le lendemain. Marie Angélique Gagnier (ou Gagné) décéda à l'âge de 74 ans le 28 mars 1837 à Laprairie, où elle fut inhumée deux jours plus tard.
Un héritage allemand au Québec
Aujourd'hui, environ 10 000 Canadiens français ont un soldat allemand comme ancêtre. Les noms de famille suivants mènent tous à des ancêtres soldats allemands : Arnoldi, Bauer, Berger, Besner, Besré, Black, Brown, Carpenter, Caux/Claude, Eberts, Frédéric, Grothe, Hamel, Heynemand, Hinse, Hoffman, Hunter, Inkel, Jordan, Koenig, Laître/Lettre, Lange, Lieppé, Maheu, Matte, Nieding, Olivier, Pave, Piuze, Pétri, Plasse, Pratte, Rose, Rouche, Schenaille, Schmidt, Schneider, Steinberg, Stone, Trestler, Wagner, et Wolfe. Certains de ces noms ont simplement été traduits de l'allemand vers le français ou l'anglais, tandis que d'autres ont subi une transformation plus complexe.
Comme l'explique bien l'auteur, historien et descendant Jean-Pierre Wilhemy :
« Ainsi passent des générations emportant avec elles dans l'oubli les souvenirs de misères, d'espoirs et de liberté de leurs pères, laissant aux nouvelles générations comme seul héritage, que des noms dont le temps a plus d'une fois refaçonner l'orthographe, camouflant à ceux-là même qui les portent le pays de leurs origines et de leurs ancêtres. »
Transformation du nom de famille Nieding
La prononciation allemande de « nie » est la même que celle du français « ni », de sorte que la plupart des documents sur Gaspard et ses enfants indiquent que son nom de famille est « Niding » au lieu de « Nieding ». Certains descendants de Gaspard ont finalement adopté le nom de famille « Dedine ».
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Bibliographie et lecture complémentaire :
Crégheur, Claude. 2016. « Les Chasseurs de Hesse-Hanau ». Patrimoine et histoire des seigneuries de Lotbinière. Volume 9, numéro 2. BAnQ numérique (http://numerique.banq.qc.ca/)
Easley DeMarce, Virginia. Extrait de « The Settlement of Former German Auxilliary Troops in Canada After the American Revolution ». Numérisé et téléchargé sur http://freepages.rootsweb.com/~mcdanielshowland/genealogy/html-fr/zellman.txt.
Laflèche, Anik. « Canada and the German mercenaries of the American Revolution ». Library and Archives Canada Blog (https://thediscoverblog.com/2018/01/18/canada-and-the-german-mercenaries-of-the-american-revolution/).
Lemieux, Louis-Guy. 2001. « Histoire oubliée : 10 000 Québécois ont des ancêtres allemands ». Le Soleil. 8 juillet 2001. Pages B1, B3. BAnQ numérique (http://numerique.banq.qc.ca/).
Wilhelmy, Jean-Pierre. 1982. « Christian Ernst D. Wilhelmi : les mercenaires allemands au Québec au XVIIIe siècle et leur apport à la population ». Mémoires de la Société généalogique canadienne-française. Vol. XXXIII, No 4, décembre 1982, 275-288.
« Gelnhaar, Wetteraukreis ». Historisches Ortslexikon (https://www.lagis-hessen.de/en/subjects/idrec/sn/ol/id/12063).
« Nieding, Georg / Gebhard (* ca.1753) ». Hessian troops in America (www.lagis-hessen.de/de/subjects/idrec/sn/hetrina/id/75323).
« Quebec, Canada, Vital and Church Records (Drouin Collection), 1621-1968 », digital images, Ancestry.ca (http://www.ancestry.ca), acte de mariage pour Gaspard Needing et Marie Angelique Gagné,19 février 1787, Laprairie, Notre-Dame-de-LaPrairie-de-la-Madeleine; citant les données originales : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montreal, Quebec, Canada: Institut Généalogique Drouin.
« Quebec, Canada, Vital and Church Records (Drouin Collection), 1621-1968 », digital images, Ancestry.ca (http://www.ancestry.ca), acte de sépulture pour Gebhard Niding, 4 février 1817, La Prairie, Notre-Dame-de-LaPrairie-de-la-Madeleine; citant les données originales : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montreal, Quebec, Canada: Institut Généalogique Drouin.
« Quebec, Canada, Vital and Church Records (Drouin Collection), 1621-1968 », digital images, Ancestry.ca (http://www.ancestry.ca), acte de sépulture pour Angelique Gagnier dite d’Aubugeon, 30 mars 1837, La Prairie, Notre-Dame-de-LaPrairie-de-la-Madeleine; citant les données originales : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montreal, Quebec, Canada: Institut Généalogique Drouin.