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Habitant

Découvrez l’origine, l’évolution et l’héritage culturel de l’habitant en Nouvelle-France—un terme qui a évolué au fil du temps, devenant un symbole fort dans l’histoire et l’art, et inspirant même le surnom de l’équipe de hockey des Canadiens de Montréal.

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L’habitant

Selon les dictionnaires en ligne les plus consultés aujourd’hui, le mot habitant se définit de plusieurs façons :

  1. Être vivant qui peuple un lieu.

  2. Personne qui réside, habite, ou vit ordinairement en un lieu, qui y a sa résidence.

  3. Personne qui habite une maison ou un immeuble.

  4. Au Canada et aux Antilles, un paysan ou cultivateur.  

Le terme habitant a pris différentes significations au Canada au fil du temps. Au début du XVIIe siècle, en Nouvelle-France, il désigne toute personne vivant sur le territoire, qu'il s'agisse de Français ou d'Autochtones.

« Amérindien de Lorette et habitant avec traîneau », peinture de 1838 (artiste inconnu)

C’est sous la Compagnie de la Nouvelle-France, fondée en 1627 pour organiser le peuplement de la colonie, que le mot prend un sens plus précis. Il en vient à désigner ceux qui s’installent durablement, développent des terres et participent à l’implantation de la colonie, par opposition aux explorateurs et aux marchands de passage. 

En 1645, la création de la Compagnie des Habitants, à Québec, marque une formalisation de ce terme. Il ne s’applique plus seulement aux colons établis sur des terres, mais aussi à ceux impliqués dans le commerce et l’administration locale.


Se faire habitant

Dans une ordonnance du 4 novembre 1662, Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, utilise l’expression se faire habitants pour désigner le fait de prendre possession de terres afin de les défricher et de les cultiver :

Comme nous sommes bien et dûment averti, qu’il y a beaucoup de personnes en ce lieu, tant soldats que serviteurs domestiques, qui ont désir de se faire habitants, à quoi faire, leur engagement les a empêchés de parvenir jusqu’à présent ; désirant contribuer de tout notre possible pour les favoriser dans leur dessein, que nous trouvons utile pour la gloire de Dieu et l’établissement de la colonie, aussitôt que finira leur engagement; nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit, savoir :

Que nous déclarons pour habitants, tous les soldats et serviteurs domestiques, lesquels nous promettront de défricher ou faire défricher au plus tôt qu’ils pourront chacun quatre arpents de terre sur le domaine des seigneurs de Montréal, à charge qu’ils en jouiront jusqu’à ce qu’il leur en ait été autant défriché sur les concessions que nous leur promettons donner en temps et lieu.

Ferme d’habitant (« Habitant Farm »), peinture à l’huile d’environ 1850 de Cornelius Krieghoff

Quelques années plus tard, le terme habittant apparaît dans le premier recensement de la colonie en 1666. À cette époque, on entend par habitant une personne habituée au pays, c’est-à-dire un colon établi de manière permanente, possédant une habitation et une terre concédée qu’il avait défrichée et sur laquelle il vivait. Le mot habitation, quant à lui, désigne la terre concédée.


Un habitant canadien en hiver (« Canadian Habitant in Winter »), peinture de 1858 de Frances Anne Hopkins

En 1675, une proclamation du Conseil Souverain donne une définition juridique du mot habitant. Désormais, il désigne une personne possédant une habitation (terre) et y tenant « feu et lieu » pendant au moins un an, excluant ainsi les vagabonds et les travailleurs saisonniers. 

L’historien Benjamin Sulte explique que, dans la Nouvelle-France, le terme habitant désignait à l’origine les colons établis de manière permanente sur une terre, pratiquant l’agriculture et contribuant au développement sédentaire de la colonie. Par opposition, les hivernants étaient des hommes engagés dans le commerce des fourrures, vivant en déplacement dans des régions éloignées sans s’y établir durablement.

Dans son article « Habitants versus Hivernants » publié en 1891, Sulte met en évidence la distinction entre ces deux groupes. L’habitant est celui qui bâtit un établissement permanent, tandis que l’hivernant est un voyageur ou un trappeur qui passe l’hiver dans les territoires de traite sans s’enraciner. Avec le temps, le mot habitant acquiert une dimension identitaire et en vient à désigner, de manière plus large, les Canadiens français vivant en milieu rural.

Sulte souligne que l’usage du terme habitant en Amérique du Nord dépasse sa définition générique de « résident ». Il porte un poids historique, marqué par la colonisation et l’opposition entre une société sédentaire fondée sur l’agriculture et une économie fondée sur le nomadisme du commerce des fourrures.


« Habitants canadiens », aquarelle de John Crawford Young, vers 1825

L’évolution du terme au XVIIIe siècle et au-delà

Au début du XVIIIe siècle, le terme habitant commence à se restreindre aux agriculteurs et aux cultivateurs vivant en milieu rural. On parle alors des habitants des côtes, en opposition aux marchands et artisans établis en ville. 

Après 1720, la distinction entre habitant et cultivateur devient plus marquée. Alors qu’au XVIIe siècle, un habitant pouvait aussi être un entrepreneur ou un négociant, il désigne de plus en plus, au XVIIIe siècle, un agriculteur installé à la campagne. Le mot s’associe progressivement à la paysannerie, un sens qu’il conservera largement dans l’histoire québécoise. 

Au XXe siècle, le terme habitant prend une connotation péjorative, désignant une personne aux manières rustiques, maîtrisant mal les conventions sociales. Cette évolution explique l’expression s’habiller en habitant, qui évoque une apparence simple et désuète.


L’habitant dans l’art

L’image de l’habitant canadien est profondément ancrée dans l’imaginaire collectif grâce aux œuvres de peintres comme Cornelius Krieghoff, Horatio Walker et, plus tard, Clarence Gagnon. À travers leurs toiles, ces artistes ont immortalisé la vie rurale du Québec, mettant en scène des paysages enneigés, des scènes de travail agricole et des traditions populaires.

Un habitant prend un verre (« A habitant drinking »), peinture à l’huile d’environ 1853 de Cornelius Krieghoff

Habitant avec tuque bleue et pipe (« Habitant with Blue Tuque and Pipe »), peinture à l’huile d’environ 1850 de Cornelius Krieghoff

« Le laboureur », vers 1890-1895, peinture à l’huile de Horatio Walker

« Intérieur de maison », 1886, peinture à l’huile de Horatio Walker


 

Saviez-vous que les Canadiens de Montréal sont surnommés les « Habs » ? Ce nom vient du mot habitant. Un héritage historique qui résonne encore aujourd’hui sur la glace!

 

 
 


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Bibliographie :