L'Histoire d'Embrun
Découvrez l’histoire fascinante de la ville franco-ontarienne d'Embrun, fondé en 1845. Notre galerie-photo et articles de journaux offrent un retour merveilleux dans l'histoire!
Fondé en 1845, Embrun est une ville d'environ 7 000 habitants située à quelques 40 kilomètres au sud-est d'Ottawa, sur la rivière Castor. L'abbé François-Xavier Michel lui donna le nom d'Embrun en 1856 en l'honneur de sa ville natale dans les Hautes-Alpes en France. Aujourd'hui, ces deux endroits connus sous le nom d'Embrun sont des villes jumelles. Les habitants d'Embrun en Ontario sont appelés « Embrunois » et « Embrunoises » en français, et « Embruners » en anglais. Avant 1856, les résidents étaient appelés simplement « les gens de la Rivière-du-Castor ».
Plusieurs des premiers habitants d'Embrun venaient de Saint-Jacques-l'Achigan dans le Bas-Canada (l'actuelle province de Québec). Les premiers colons, Théophile Simon Ayotte et Joseph Gignac, sont arrivés en 1845. Ils n'ont trouvé que des forêts vierges de pins, d'épinette, de bois franc et de cèdres. Les colons pensaient à tort que le sol serait fertile, mais ils ont vite découvert que la terre était inondée par la rivière pendant une grande partie de l'année, rendant le sol trop humide pour l'agriculture.
Pionniers d'Embrun
En 1851, Ayotte et Gignac furent rejoints par J.B. Lamoureux et Michel Boudrias. Deux ans plus tard, un groupe plus important est arrivé : Joseph Michaud, Théodore Sabourin, François Gagnon le Blanc, François Gagnon le Noir, Paul Sabourin, Paul Labelle, André Sarasin, Xavier Blais, Théophile Bruyère, J.B. Desormeaux, Isidore Lavictoire, Louis Sarasin et Simon Séguin. En 1855, ils sont rejoints par Antoine Tessier, Antoine Tessier (cousins), Charles Tessier, Charles Larose, François Normand, Thomas Dazé et Alexis Carrière. L'année suivante sont arrivés Simon Séguin, Fabien Gauthier, Jean-Baptiste Pilon, Dominique Mayer, Germain Brisson, Joseph Brisson, Michel Beaudoin, Joseph Dufort. En 1857, Jean-Baptiste Léveillé, Xavier Léveillé, Élie Bourgeois, Séraphin Marion, Marcelle Germain dit Bélisle, Paul Landry, Théophile Lapalme, Frédéric Langlois, Pierre Lafantaisie, Norbert Lachapelle, Jean Millaire, Joseph Clément, Théophile Lachapelle, Prosper Gosselin, France Gosselin, France Leduc, Edouard Blanchard, Pierre Rémy Mailhot et Vital Emard sont arrivés. En 1858, Théophile Lapalme, Sigefroie Lapalme, Toussaint Gagnon, Jérôme Lévesque, Joseph Lalonde, Ludger Marion, Venance Bélisles, Joseph Robillard, Honoré St-Amour, Maxime St-Amour, Jean-Louis St-Amour, Joseph St-Amour, Olivier Emard et Norbert Emard (Potvin) sont arrivés. En 1859, les pionniers sont rejoints par Josué Lemieux, Joseph Piché, Joseph Goulet, Jules Roy, Clément Clément, France Leduc, Michel Bourbonnais, Jules Ménard, Augustin Dignard, Joseph Brisson et Médard Bourdeau.
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Ces premiers colons ont passé des années à abattre les arbres et à se débarrasser des castors qui s'étaient installés le long de la rivière Castor. La rivière était également leur seul moyen de transport, les routes étant inexistantes. Les hommes devaient se rendre en canot à Duncanville (aujourd'hui Russell) pour aller chercher les fournitures dont ils avaient besoin. En hiver, ils s'y rendaient en marchant sur la rivière gelée. Afin de payer pour leurs provisions, les colons ont commencé à fabriquer et à vendre de la potasse.
Entre 1852 et 1864, Embrun recevait des visites sporadiques de prêtres missionnaires. En 1856, les résidents ont construit leur première chapelle en bois au bord de la rivière, dans l'espoir d'attirer un prêtre résident. Avant cela, les villageois devaient se rendre à Plantagenet, Gloucester, Ottawa ou Montebello pour assister aux services religieux. En tant que fidèles catholiques, ils étaient toujours à l'église pour Pâques, même si cela signifiait un voyage de 15 jours pour assister à la messe. Lorsque la première chapelle fut érigée, la population du village et des cantons voisins avait atteint 150. L'année suivante, il était clair que la chapelle n'était pas assez grande pour contenir tous les paroissiens, donc une nouvelle église était prévue sous la direction du prêtre missionnaire François-Xavier Michel.
Premières écoles
Le père Michel fit également construire la toute première école en 1858 près du moulin du village. En 1869, trois autres écoles ont été construites dans le village—deux catholiques et une publique (qui deviendra catholique plus tard, sous la pression du clergé local). Deux ans plus tard, une quatrième école est construite près du magasin d'Omer Maheu. En 1887, les Sœurs grises d'Ottawa ont repris l'administration scolaire (avant cela, l'enseignement se faisait par des laïques). Trois autres écoles ont été ouvertes entre 1892 et 1905. Ces écoles étaient toutes de petite taille, accueillant environ 40 à 50 élèves. Les villageois savaient qu'une école plus grande serait bientôt nécessaire. En octobre 1907, après des années de planification, une nouvelle école de 2 étages fut ouverte, pouvant accueillir 210 élèves. Elle reçu le nom de Saint-Jean, en l'honneur du saint patron du père Jean-Urgel Fourget. Deux ans plus tard, le prêtre a demandé au gouvernement et a obtenu l'approbation de construire une école modèle bilingue pour préparer les futurs enseignants bilingues de l'Ontario. En 1935, l'école modèle fut déménagée à Ottawa et l'édifice Embrun fut transformé en école secondaire.
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Embrun comptait un total de 183 familles en 1859. Le projet d'une nouvelle église devait être réexaminé pour s'assurer que sa taille pouvait accueillir tout le monde dans le village, ainsi que d'autres qui vivaient à proximité. En 1861, la deuxième église fut terminée. La paroisse fut appelée St-Jacques en l'honneur de St-Jacques-l'Achigan, la ville natale de nombreux paroissiens. En 1864, Embrun a enfin son premier prêtre résident, le père Morel. Malheureusement, il ne se cadra pas bien. Morel aurait « un tempérament nerveux et un caractère vif et déterminé". Il ne se sentait pas à l'aise parmi les habitants d'Embrun, « croyant à tort qu'ils lui étaient hostiles ». Les Canadiens étaient des hommes de foi, mais ils n'aimaient pas se laisser imposer (Auclair et Forget 31).
De 1868 à 1870, le gouvernement fit construire un grand canal dans la partie nord de la rivière Castor, permettant à de nombreuses terres basses de finalement s'égoutter. Cela signifia que de nouveaux lots pouvaient être défrichés et que de nouveaux colons pouvaient s'y installer. Les forêts ont été lentement abattues, dispersant les animaux qui y vivaient, y compris les loups. La déforestation et l'avènement du canal ont changé l'orientation de l'industrie de la foresterie à l'agriculture.
Légende du loup
En parlant de loups… Beaucoup d'histoires ont été racontées au sujet d'une étrange créature ressemblant à un loup qui est apparue dans les bois d'Embrun en mai 1869. Bien que personne ne prétendait l'avoir vue, il semble que tout le monde l'ait entendue.
En 1891, le village d'Embrun a finalement vu l'achèvement d'une église en pierre, mesurant 150 pieds de long (intérieur) et 62 pieds de large (extérieur). Après les allées et venues de nombreux prêtres résidents au fil des ans, Jean-Urgel Forget est devenu le septième prêtre résident à Embrun en 1896, où il est resté pendant près de 50 ans. Trois ans après son arrivée, Forget proposa un plan pour s'attaquer à la dette de la paroisse découlant de la construction de la nouvelle église. Il demanda à chaque famille d'élever un veau de plus qu'elle ne le ferait normalement et de le lui donner une fois qu'il a atteint l'âge de 18 mois. Ce n'était pas trop de travail supplémentaire pour les résidents, mais l'église a réussi à réduire considérablement sa dette grâce à ce programme. Cliquez ici pour voir des photos de la vie religieuse à Embrun.
Des décennies de relatif isolement ont pris fin pour Embrun en 1898 avec la construction de la ligne de chemin de fer par la Ottawa and New York Railway. Avant le chemin de fer, les maisons longeant la rivière à partir de celle de Norbert Emard jusqu'au cimetière constituaient le « village ». Il y avait peu d'entreprises et les agriculteurs devaient vendre leurs produits à Ottawa ou South Indian (aujourd'hui Limoges). Lorsqu'on a entendu pour la première fois parler d'un chemin de fer en 1897, les villageois ont promis 10 000 $ au projet. Par conséquent, la ligne de chemin de fer a été tracée entre Embrun et St-Onge. Le chemin de fer reliait Tupper Lake, New York, à Ottawa, Ontario, en passant par Russell, Embrun, Finch et Cornwall.
Au tournant du siècle, des commodités plus modernes ont été introduites. En 1902, une ligne téléphonique fut installée, reliant Embrun à Russell et à d'autres villes. En 1909, des trottoirs sont installés sur la rue Principale.
En 1910, la population avait atteint 2 657 habitants et 468 familles. Les métiers de la ville comprenaient un maire, trois conseillers, quatre juges de paix, de nombreux agriculteurs, un médecin, un notaire, de nombreux commerçants et hommes d'affaires et pas moins d'onze fromagers.
Le milieu du XXe siècle a vu un déclin général de la population à Embrun, commençant par la Grande Dépression des années 1930. Comme dans le reste du Canada, la ville a souffert de dépeuplement rural dans les années 1950 et 1960, alors que de plus en plus de personnes se dirigeaient vers la ville (Ottawa dans ce cas) à la recherche d'emplois. Un autre coup fut porté en 1957 lors de la fermeture du chemin de fer.
Ironiquement, c'est la croissance d'Ottawa qui a conduit à un renversement de la fortune d'Embrun. La construction de l'autoroute 417 à proximité, avec le tronçon entre Ottawa et Vars achevé en 1972, signifia qu'Ottawa était maintenant accessible en voiture en 30 minutes. La population d'Embrun a augmenté régulièrement et est maintenant une quasi-banlieue d'Ottawa.
Aujourd'hui, la ville d'Embrun a un petit centre-ville avec une foule d'entreprises et un petit centre commercial, trois écoles primaires (deux francophones, une anglophone) et une école secondaire francophone. La plupart de ses résidents adultes travaillent à proximité d'Ottawa, bien que le secteur agricole à Embrun soit toujours présent, en particulier dans les secteurs laitier et bovin.
Le saviez vous? La chanteuse Véronic DiCaire est née à Embrun en 1976.
Statistiques du recensement 2016 :
Population : 6 918 habitants
Logements privés : 2 542
Taille moyenne des ménages privés : 2,7
Âge moyen : 38,4 ans
Le français est la langue parlée le plus souvent à la maison : 52%
L'anglais est la langue parlée le plus souvent à la maison : 47%
Galerie d'images (1878-1950)
Sauf indication contraire, toutes les photos et légendes ci-dessous proviennent de Digital Prescott-Russell en Numérique.
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Bibliographie :
Auclair, Elie-J et Forget, Jean Urgel, Histoire de Saint-Jacques d'Embrun, Russell, Ontario, Ottawa : La Cie d'Imprimerie d'Ottawa, 1910.
Brault, Lucien, Histoire des Comtés Unis de Prescott et de Russell, L'Orignal : Conseil des Comtés Unis, 1965.
Yvon, Anne-Marie, « Villes d’ici, noms d’ailleurs : Embrun en Ontario », RCI Radio Canada International, 2013, https://www.rcinet.ca/fr/2013/12/01/villes-dici-noms-dailleurs-embrun-en-ontario/.
Statistique Canada. 2017. Embrun [Centre de population], Ontario et Ontario [Province] (tableau). Profil du recensement, Recensement de 2016, produit nº 98-316-X2016001 au catalogue de Statistique Canada. Ottawa. Diffusé le 29 novembre 2017.https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/prof/index.cfm?Lang=F.