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Traditions de Noël franco-canadiennes

Découvrez comment les canadiens français célébraient Noël et la période des fêtes de l'époque de la Nouvelle-France et au-delà. Quelles traditions avaient les québécois, les franco-ontariens et les acadiens? Qu'ont-ils mangé? Quels cadeaux ont-ils reçus? Avec qui ont-ils célébré? De plus, regardez des images amusantes du passé et écoutez de beaux chants de Noël français.

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Un Noël canadien-français

Traditions à l'époque de la Nouvelle-France et au-delà

La saison des Fêtes est de nouveau à nos portes… Cartes de souhait, décorations, arbres de Noël, consommation excessive et, au plus grand plaisir de certains et au grand dam de certains autres, la musique de Noël sans arrêt, et partout. Ces « traditions » sont toutes assez récentes. En tant que généalogiste et passionnée d'histoire, je pense souvent à mes ancêtres canadiens-français et à la façon dont ils ont célébré les vacances de Noël il y a des siècles. Se sont-ils réunis avec des amis et de la famille comme nous, en s’échangeant des cadeaux ? Ou est-ce que Noël était avant tout une fête religieuse ?


« Habitants en chemin vers le marché de Noël », aquarelle de 1842 par Millicent Mary Chaplin (Bibliothèque et Archives Canada).

« Habitants en chemin vers le marché de Noël » (aquarelle de 1842 par Millicent Mary Chaplin, Bibliothèque et Archives Canada)

Pour la Nouvelle-France catholique, Noël était une cérémonie religieuse assez solennelle célébrant la naissance du Christ, avec des traditions apportées de France. En 1640, les Ursulines de Québec fabriquèrent leur propre crèche, avec de petites figurines et des animaux faits en cire d'abeille. En 1645, des colons français se sont réunis dans une église de Québec pour célébrer la messe de minuit, chanter « Venez, mon Dieu » et « Chantons Noé », et dévoiler une crèche. Des instruments de musique ont été amenés de France dès 1645, mais étaient surtout joués par (ou pour) les classes supérieures pendant les fêtes.

Alors que Noël n’était pas exactement un événement joyeux, le Nouvel An l’était certainement. Au fil des siècles, cependant, toute la saison des fêtes est devenue un moment pour les Canadiens français de célébrer avec amis et famille – de danser une gigue, chanter de vieilles chansons, raconter des histoires et divertir les enfants avec des marionnettes. Ce fut, après tout, la fin d'une longue période d'abstinence et de pénitence imposée par l'église pendant l'avent. Noël était le début d'une série de festivités qui durait jusqu'à la fête des Rois, célébrée le 6 janvier (également appelée l’Épiphanie). On les appelait les « douze jours de Noël ». La plupart de ces traditions étaient communes à tous les groupes canadiens-français : les Québécois, les Franco-Ontariens et les Acadiens.

« La messe de minuit », dessin apparu dans L’Opinion Publique en 1880 (BAnQ numérique).

« La messe de minuit » (dessin apparu dans L’Opinion Publique en 1880, Bibliothèque et Archives nationales du Québec).

Les préparatifs pour les fêtes commençaient des semaines à l'avance, surtout pour ceux qui vivaient en campagne. Vers la deuxième semaine de décembre, une fois le froid installé, il était temps pour « la boucherie ». Les poules, les oies, les dindes, les porcs et les moutons étaient abattus afin de cuisiner les plats de viande. Cela pouvait prendre jusqu'à 3 ou 4 jours. Ensuite, les femmes préparaient des plats traditionnels tels que le ragoût de pattes de cochon, le boudin, le creton, les tourtières, le jambon, la tête de fromage, les beignets et d’autres pâtisseries. Comme les réfrigérateurs n'existaient pas, la nourriture était conservée dans la « cuisine d'été », une pièce non chauffée attenante à la maison. Les légumes en conserve comme le chou, les carottes, les panais et les radis pouvaient également être servis pendant les fêtes, après avoir été râpés et salés à l'automne. Pour préparer les légumes, ils devaient être rincés, puis assaisonnés de vinaigre, de poivre et parfois de sirop d'érable. Une fois la préparation des plats terminée, les femmes fabriquaient des chandelles avec les restes de graisse animale. Les chandelles étaient utilisées pour éclairer les maisons et une partie était donnée pour éclairer l'église paroissiale.

Le four dans une « cuisine d’été » à Neuville au Québec, vers 1925 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Une annonce pour produits exotiques en 1859 (Montreal Gazette)

Une annonce pour produits exotiques en 1859 (Montreal Gazette)

Les familles plus privilégiées avaient parfois accès à des produits importés pour les fêtes. Avant 1850, les navires d'Europe et des Caraïbes arrivaient à la fin novembre. Ceux qui vivaient le long du Saint-Laurent vendaient leurs animaux abattus ou des mets de viande préparés aux marchés de Québec, Trois-Rivières ou Montréal. Avec l’argent qu’ils gagnaient, ils pouvaient acheter des marchandises importées des navires. Mis à part les éléments de base du garde-manger tels que le sucre, la cassonade, la mélasse, le vinaigre, l'huile d'olive et les épices, on pouvait acheter du fromage, des noix, du vin, des spiritueux, du café, du thé et des friandises. À partir de 1850, les marchandises arrivent également par train en provenance des États-Unis. Les conserves ont commencé à apparaître, en particulier les fruits de mer en conserves. Les anglais aimaient particulièrement les huîtres et les incluaient dans plusieurs de leurs mets lors des fêtes.

« En route pour la messe de minuit » (dessin par Paul Caron en1900, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

La messe de minuit lors de la veille de Noël était une tradition importante que beaucoup observent encore aujourd'hui. Bien habillée contre le froid, toute la famille se rendait à l'église du village en traîneau tiré par des chevaux, à l'exception de la mère, de la grand-mère ou de la fille aînée. Quelqu'un devait rester à la maison pour surveiller les enfants (seuls ceux de plus de 14 ou 15 ans pouvaient assister à la messe) et s'assurer que les préparatifs de dernière minute étaient faits pour le réveillon. À cette époque, chaque famille avait son propre banc dédié à l'église, celle-ci bien éclairée par toutes les chandelles et décorée pour l'occasion. La grande messe était célébrée, puis la messe basse. Le prêtre récitait des prières et la congrégation chantait de vieilles chansons de Noël, certaines datant du Moyen Âge. Dans les années plus récentes, on chantait « Minuit chrétien » et trois messes étaient ensuite célébrées. Chacune des messes était suivie d'un chant de Noël bien connu : Les anges dans nos campagnes, Ça bergers et Dans cette étable. Une fois les services terminés, les villageois échangeaient leurs vœux de Noël et rentraient chez eux au réveillon, auquel participaient également les enfants.   

« Le retour de la messe de minuit », peinture par J. Edmond Massicotte en 1919 (BAnQ numérique)

« Le retour de la messe de minuit » (peinture par J. Edmond Massicotte en 1919, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le réveillon était tant attendu après le jeûne de l'avent. Pour certaines familles canadiennes-françaises, un repas simple et léger était servi, composé de pâtés de viande et de quelques accompagnements avant d'aller se coucher. Pour d'autres, un souper plus généreux comprenait des tourtières, un rôti de porc, des patates et des pâtisseries. Les desserts communs des fêtes incluaient la tarte aux œufs à la muscade, la tarte à la farlouche (mélasse), la tarte au suif, la tarte au sucre, la tarte au vinaigre blanc ou de cidre, les biscuits et les gâteaux de Savoie. Pour les Acadiens, le pâté à la viande (cousin de la tourtière) était le plat principal et un dessert spécial appelé croquecignoles était préparé (une sorte de pâte à beignes roulée dans le sens de la longueur, puis coupée en morceaux de six pouces qui étaient tordus et cuits dans de la graisse fondue). Au fil du temps, les croquecignoles ont été connues par le nom anglais doughnut. Pour les Canadiens anglais, la viande préférée était normalement l'oie rôtie et farcie, servie avec des tartes de viande hachée (mince pies) remplies de volaille, de faisan, de perdrix et de lapin. Par la suite, la dinde a remplacé l'oie. Pour le dessert, le pudding aux prunes (plum pudding) et le gâteau aux fruits (fruitcake) étaient les favoris.

« Le réveillon de Noël à la campagne » (dessin apparu dans L’Opinion Publique en 1881, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le jour de Noël pour les Canadiens français était relativement tranquille, où les familles se reposaient, jouaient à des jeux de cartes et recevaient la visite de quelques amis ou membres de la famille. De nombreuses familles avaient également un dîner unique, servi seulement à Noël : une tête de cochon, bouillie et rôtie pour l'occasion, servie entière sur la table.

Un autre réveillon avait lieu la veille du jour de l’An (ou tôt le matin suivant, selon l'heure du repas). Le lendemain, la tradition était de rendre visite à des amis et à la famille pour leur souhaiter bonne année et les enfants recevaient des cadeaux. Comme en France, les cadeaux étaient donnés le premier janvier, et non à Noël (il en va de même pour les familles anglaises). L'Enfant Jésus est celui qui apportait aux enfants leurs cadeaux. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le Nouvel An était plus populaire auprès des Canadiens français que Noël. Une autre tradition que l’on ne voit plus aujourd’hui est la bénédiction du jour de l’An par le père de famille.

« Le jour de l'an au matin » (dessin apparu dans Le Monde Illustré en 1887, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

À la fête des Rois, célébrée le 6 janvier, un dernier repas des fêtes était partagé en famille. Une galette des Rois (une pâte feuilletée remplie de frangipane, une sorte de crème d'amandes) était servie en dessert. Un petit objet serait normalement caché à l'intérieur de la galette, comme une fève ou plus récemment un sou. Celui ou celle qui trouvait le « trésor » recevait un petit cadeau. Après le repas, amis, famille et voisins se réunissaient pour chanter, danser et jouer de la musique avec des violons, des accordéons et des harmonicas.

« L’arbre de Noël » (dessin apparu dans Le Monde illustré en 1897, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Après la conquête britannique de la Nouvelle-France, les traditions de Noël n'ont pas vraiment changé. La seule exception a été l'arrivée du sapin de Noël. À l'origine une coutume allemande, il nous est arrivé des États-Unis. En 1781, un général britannique d'origine allemande, Von Riedesel, a planté le premier arbre de Noël sur le sol canadien à Sorel, au Québec. Cependant, la pratique de la décoration des arbres de Noël était généralement réservée aux familles bourgeoises. Cette tradition n'est pas devenue populaire dans les familles canadiennes-françaises que vers 1930.

La transition la plus marquante a eu lieu de 1885 à 1915, lorsque Noël est devenu de plus en plus commercialisé en raison de l’influence des États-Unis. Les magasins de Montréal ont commencé à faire beaucoup plus de publicité au temps des fêtes et le personnage Santa Claus a été présenté aux enfants. Lentement, Santa Claus a remplacé l’Enfant Jésus en tant que distributeur de jouets pour enfants, et Noël a détrôné le Nouvel An comme la fête préférée, car de plus en plus d'enfants recevaient maintenant des cadeaux à Noël. De nouvelles traditions anglaises, françaises et américaines ont été introduites, tels les bas de Noël, les cartes de souhaits, les arbres de Noël décorés, la dinde au repas, etc. Cette période a marqué le changement de Noël en tant que fête religieuse en une fête de plus en plus commerciale. Les nationalistes et les conservateurs du Québec s'opposaient farouchement à cette commercialisation, affirmant que les fêtes s’éloignaient de la morale catholique. Pour la plupart des familles anglophones du Canada, cette transition vers un Noël plus commercialisé a eu lieu à la fin du 19e siècle. Pour les francophones, cependant, ce changement s’est fait plus lentement, vers la fin de la Première Guerre mondiale. Cela a également coïncidé avec le changement du nom de Santa Claus en « père Noël » au Québec. Les canadiens français associaient Santa Claus à l'Allemagne, alors des efforts ont été faits pour « indigéniser » le père Noël.

« Distribution faite par Papa Santa Claus » (dessin apparu dans Le Monde Illustré en 1893, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

« Le bonhomme Le Temps souhaitant la bienvenue à Santa Claus et à la nouvelle Année » (dessin apparu dans Le Monde Illustré en 1893, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Les enfants du Québec et de l'Acadie avaient coutume de laisser leurs chaussures près de la cheminée pour que l'Enfant Jésus (et plus tard le père Noël) le remplisse de jouets. Dans certaines familles québécoises, les enfants attachaient leurs bas au pied de leur lit. Cette tradition s'est terminée dans les années 1930 lorsque les arbres de Noël sont devenus répandus et que des cadeaux étaient laissés sous l'arbre. 


Chants de Noël français

Saviez-vous que… ?

Le premier chant de Noël écrit au Canada fut Jesous Ahatonnia (Jésus, il est né), écrit par le missionnaire jésuite Jean de Bréboeuf, alors qu'il vivait avec les Hurons autochtones sur la baie Georgienne en 1641. Cette version magnifique est interprétée par Heather Dale, chantée en wendat (huron), en français et en anglais.

 

Voici quelques autres classiques de Noël, certains superbement modernisés.

Les anges dans nos campagnes

Minuit chrétien

D’où viens-tu bergère ?

Entre le boeuf et l’âne gris


Images de Noël du passé

 

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