Ramoneur
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Le Ramoneur
Le ramoneur enlève les cendres et la suie des cheminées. Lors d’une utilisation régulière, les murs d’une cheminée accumulent de la suie, une masse de particules de carbone, qui restreint le flux d’air et est très inflammable. Le ramoneur doit enlever la suie pour permettre à la cheminée de fonctionner correctement et prévenir les incendies.
Sous le régime français, les maisons avaient de grands foyers pour cuisiner et chauffer. En raison de leur taille, un petit homme pouvait entrer dans la cheminée, normalement par le bas, montant vers le haut et nettoyant la suie des murs tout en s’accrochant et en descendant lentement. Il utilisait un petit grattoir et un balai de branchettes, mais surtout ses mains nues et ses vêtements. Le ramoneur travaillait généralement pieds nus, ce qui lui permettait de trouver plus facilement des points d’appui le long des murs de la cheminée. Il était immédiatement reconnaissable en ville, car il portait toujours une tuque, des genouillères et un protège-fessier en cuir. À sa ceinture, il y avait deux anneaux de fer où une corde pouvait être glissée. Un collègue tenait l'extrémité de la corde et se tenait sur le toit, empêchant le ramoneur de tomber. Il descendait lentement le ramoneur dans la cheminée, retenant des nœuds noués à chaque pied de la corde. Une fois terminé, le ramoneur était complètement noir de suie de la tête aux pieds, seuls ses yeux et ses dents montrant du blanc.
Surnommé « Monsieur Suie », son métier était également appelé « savoyard », la plupart des ramoneurs à Québec et à Montréal étant originaires de la région de la Savoie, en France. Les Intendants de la Nouvelle-France ont même envoyé des demandes écrites à la Savoie à plusieurs reprises, demandant l'envoi de ramoneurs.
Cependant, un homme (ou un garçon) ne pouvait pas simplement devenir un ramoneur. Il devait avoir exercé la profession soit en France, soit au Québec en tant que compagnon d’un maître-ramoneur. Étant donné qu’une petite taille était le préalable essentiel au ramonage, la plupart des ramoneurs commençaient à l'âge de 13 ou 14 ans.
Sous le régime anglais, les ramoneurs ont commencé à utiliser des poids et des grattes pour nettoyer les cheminées. Quelle que soit la méthode employée, le ramonage d’une cheminée était très intrusif pour les habitants d’une maison. Ils devaient cesser d’utiliser le foyer deux jours avant l’arrivée du ramoneur, ce qui les empêchait de cuisiner pendant cette période. Cela causait également un grand désordre. Les planchers étaient recouverts de suie et tous les meubles et les objets devaient être recouverts.
Au début du 18e siècle, les poêles commençaient à remplacer les foyers et les nouvelles cheminées étaient beaucoup plus petites. Les ramoneurs ont intenté à utiliser une nouvelle technique utilisant un sapin et une corde attachée à chaque extrémité. Un ramoneur se tenait sur le toit, tandis qu’un autre se tenait à l'autre ouverture et, utilisant un sapin à l'envers, ils tiraient sur la corde à tour de rôle, nettoyant ainsi l'intérieur de la cheminée. Un inconvénient de cette technique était que beaucoup d'arbres étaient nécessaires à chaque jour.
Les ramoneurs étaient considérés comme un élément important de la société, notamment en matière de la prévention des incendies. Le 27 janvier 1711, une ordonnance a été publiée à Montréal, stipulant que tous les marchands bourgeois et les habitants de la ville devaient faire ramoner leur cheminée tous les deux mois. Si quelqu'un refusait l'ordre, il était condamné à une amende de 3 livres. L'ordonnance exigeait également que les ramoneurs soient payés 10 sols par cheminée en espèces.
En dépit de cette ordonnance, le feu demeurait un danger constant en raison de la proximité des maisons et du fait que la plupart d'entre elles étaient construites en bois. En juin 1721, un énorme incendie a détruit près de la moitié de la ville de Montréal. À la suite de cette catastrophe, de nouvelles règles de construction furent adoptées. Les maisons devaient dorénavant être construites en pierre, avoir au moins deux étages, un coupe-feu et un toit en ardoise avec une échelle pour ramoner la cheminée. Entre les années 1676 et 1759, pas moins de 16 ordonnances relatives au ramonage ont été adoptées.
À la campagne, les propriétaires s'occupaient généralement du ramonage eux-mêmes.
Avez-vous déjà visité les vieux quartiers de Québec et de Montréal et remarqué des échelles fixées sur les toits? Autrefois elles étaient utilisées par les ramoneurs. Aujourd'hui, elles sont utilisés pour le déneigement en hiver.
Saviez-vous que… Au Mardi Gras du 19e siècle, les enfants se déguisaient en ramoneurs, répandant de la suie sur le visage et faisant du porte-à-porte pour ramasser des bonbons (un peu comme l’Halloween d’aujourd’hui) ?
Personnes qui ont exercé ce métier : Nicolas Dufaye dit Lamarche, Claude Duval dit Vinaigre, Emmanuel Gareu dit l'Espagnol, Pierre Gatien, François Héritier dit Lamalice, François Perrault, Pierre Queureté, François Rolet, François Savary.
Une ancienne chanson à répondre à propos d’un ramoneur est encore connue de nos jours au Québec. Cliquez sur la vidéo ci-dessous pour l'entendre.
Bibliographie :
Girard, Pascale. 2014. « Les métiers en Nouvelle-France », Semaine nationale de la Généalogie, article en ligne, Fédération québécoise des sociétés de généalogie (http://www.semainegenealogie.com/extra/articles/182-les-metiers-en-nouvelle-france).
Pomerleau, Jeanne. 1990. Métiers ambulants d'autrefois. Montréal, Québec : Guérin. 285-296.