Étienne Lessard & Marguerite Sevestre
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Étienne Lessard & Marguerite Sevestre
Pionniers de Sainte-Anne-de-Beaupré
Étienne Lessard (ou "de Lessart"), fils de Jacques de Lessart et de Marie Hersan, est né vers 1623 à Chambois, Orne, Normandie, France. Le village a été fusionné avec l'actuel Gouffern en Auge. Aujourd'hui, la population de Chambois est inférieure à 400 habitants.
Bien que sa date exacte d'arrivée soit inconnue, Étienne était en Nouvelle-France par l'an 1646, lorsqu'il fut nommé parrain lors d'un baptême à Trois-Rivières.
Le 10 février 1651, Étienne reçoit une concession foncière à Sainte-Anne-de-Beaupré d'Olivier Letardif, un des membres de la Compagnie de Beaupré. La parcelle mesurait 10 arpents de façade (face au fleuve Saint-Laurent) sur une lieue et demie de profondeur. Il appela sa terre « Domaine Saint-Étienne » et engagea plusieurs domestiques qui travaillaient la terre pour lui. Une fois défrichée, Étienne a cultivé le blé, l'orge, des pois et du chou.
Marguerite Sevestre, fille de Charles Sevestre et Marie Pichon, est née vers 1635 dans la paroisse de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, Île-de-France, France. Avec sa famille, elle arriva en Nouvelle-France en 1636. Son père Charles, un « notable », travaillait comme commis à la Compagnie des Cent Associés. Son grand-père était imprimeur et bibliothécaire à l'Université de Paris.
Qui était la Compagnie des Cent Associés?
Sous le règne de Louis XIII, le cardinal Richelieu fonda la Compagnie de la Nouvelle-France, aussi connue sous le nom de « Cent-Associés », le 29 avril 1627. Chargée par le roi de peupler le Canada, la Compagnie est devenue propriétaire de la Nouvelle-France, un territoire avec des frontières imprécises (de la Floride au sud jusqu'au cercle polaire arctique au nord). La Compagnie jouissait également du monopole du commerce des fourrures et du pouvoir d'accorder des terres à sa guise.
Financée par une centaine d'actionnaires, la Compagnie disposait d'un capital de 300 000 livres qui servait à payer le transport, l'hébergement et la nourriture des premiers colons, pendant leurs trois premières années dans la colonie. Bien que les débuts aient été désastreux (navires capturés, famine, occupation anglaise de la colonie), la Compagnie a contribué à augmenter significativement la population coloniale en attirant environ 5000 personnes, dont un certain nombre s'y sont installées. En difficulté financière, elle céda ses droits sur la Nouvelle-France à la Compagnie des Habitants. Lorsque la colonie passa sous l'autorité royale en 1663, année de la dissolution de la Compagnie des Cent-Associés, la Nouvelle-France comptait 68 seigneuries. (Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Étienne et Marguerite se sont mariés le 8 avril 1652 à l'église paroissiale Notre-Dame de Québec. Le gouverneur de Lauson a été témoin au mariage. Étienne avait environ 29 ans; Marguerite avait environ 17 ans.
Le couple a eu au moins dix enfants : Étienne, Charles, Pierre, Marie Thérèse, Marguerite, Anne Dorothée, Noël, Joseph, Prisque and Dorothée.
Étienne et Marguerite s'installent à Sainte-Anne-de-Beaupré, appelée à l'époque « Petit Cap ». Le village comptait environ 20 familles résidentes, mais pas d'église paroissiale. Le 8 mars 1658, Étienne fait don de deux arpents de terrain, à l'ouest de sa propriété, pour la construction d'une chapelle. Plusieurs années plus tard, elle deviendra la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré.
En 1662, après la mort de Marie Pichon, la mère de Marguerite, Étienne hérite « une haulte portion de cave, une portion de grenier la moityé en un petit corps de logis servant de boulangerie et le quart en une cour, le tout faisant la 4e partye de la maison et cour cy-devant appartenant à deffunct Maistre Charles Sevestre, cy-devant lieutenant particulier en cette juridiction (Québec) laditte maison sise en la basse-ville, rue Nostre-Dame ».
En 1666, la famille Lessard vivait à Sainte-Anne-de-Beaupré, qui faisait partie de la Côte de Beaupré. Étienne, 44 ans, et Marguerite, 31 ans, ont été recensés lors du recensement de 1666 de la Nouvelle-France, vivant avec leurs quatre enfants et un domestique.
L'année suivante, la famille est de nouveau inscrite au recensement vivant à Sainte-Anne-de-Beaupré. Étienne déclare avoir six bestiaux et 50 arpents de terrain en valeur.
Étienne se retrouve en difficulté juridique en 1670. À l'automne de cette année-là, il est accusé de fraude à la traite des fourrures par Charles Aubert de Lachesnaye, commis général de la Compagnie des Indes occidentales et son procureur, avec trois autres hommes. Il fut soupçonné d'avoir caché des peaux de castor d'une valeur significative. Bien que l'issue exacte du procès soit inconnue, elle ne semble pas avoir eu d'impact négatif sur la vie d'Étienne.
Le 4 mars 1677, Étienne devient seigneur lorsque Frontenac lui concède la seigneurie de L'Île-aux-Coudres. Il vend le terrain au Séminaire de Québec en 1687 pour 100 livres.
Étienne et Marguerite vendent la propriété qu'ils avaient héritée de la mère de Marguerite le 6 avril 1683 à François Hazeur et Étienne Lander sur « lad[ite] part en lestat quelle se poursuit et comporte avec les matériaux restes de l'incendie arrivée du 4 au 5e aoust dernier ». Bien que le bâtiment ait été restauré et reconstruit en 1998-1999, il est toujours appelé « la Maison Hazeur ».
Le 9 février 1684, Étienne et Marguerite font don d'un terrain situé dans la seigneurie de Beaupré à Monseigneur François de Laval, premier évêque de Québec, pour le curé de Beaupré.
Le 27 avril 1688, en raison de son mariage avec Marguerite, Étienne reçoit une partie d'une concession foncière en héritage de Charles Sevestre. Cette parcelle de deux lieues de front sur deux lieues de profondeur est partagée avec d'autres héritiers, les frères et sœurs de Marguerite et leurs époux et épouses.
Le 26 mars 1699, Étienne et Marguerite, « victimes (de) leur granddaage qui estant beaucoup advancé les rend infirmes et cadues pour les incommodités naturelles qui accompagnent la vieillesse ce qui cause qu'étant épuisé des forces, d'esprit et de corps. Ils se trouvent dans l'impuissance de pouvoir plus faire ce valloir le peu de bien qui leur restent et ne trouve de plus advantageux pour eux que de donner ou de vendre leurs dits héritages à deux de leurs enfants nommés Prisque et Joseph », qui « nourriront et entretiendront les dits Sieurs Etienne Lessart leur père et laditte Marguerite Sevestre leur mère bien et deulement selon leur usage et conditions, les logeront et hébergeront chauferont et soigneront tant sains que mallade le restant de leur jour et à la fin di ceux les faire enterrer et inhumé, prié Dieu pour le repos de leur âme ainsi qu'il est accoutumé ».
Qu'est-ce qu'une donation ?
En Nouvelle-France, les donations « entre vifs » (entre personnes vivantes) étaient courantes. Une fois qu'une personne vieillissait, ou que sa santé déclinait, elle cédait normalement le contrôle de ses biens à la personne qui allait prendre soin d'elle, normalement un de ses enfants. Cette donation était enregistrée par un notaire, et soulignait les droits et les responsabilités de chaque partie, en particulier ce que le parent donnait à l'enfant et ce qu'il a demandé en retour. Cela comprenait normalement des terres, une maison et / ou une ferme et des animaux. En échange, l'enfant pouvait devoir payer des dettes impayées et veiller à ce que son parent soit logé, nourri, habillé et autrement pris en charge jusqu'à son décès.
Étienne Lessard est décédé à l'âge d'environ 80 ans le 20 avril 1703 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Il fut enterré à l'intérieur de l'église paroissiale le lendemain.
Marguerite Sevestre est décédée à l'âge d'environ 85 ans le 26 novembre 1720, également à Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle a aussi été enterrée à l'intérieur de l'église paroissiale le lendemain.
Inhumé à l'intérieur de l'église?
Les inhumations intra-muros sont une ancienne tradition chrétienne que les premiers colons ont amenée avec eux de France. La tradition française voulait que le privilège soit principalement réservé au clergé et aux nobles. En Nouvelle-France, cependant, nous constatons que les inhumations à l'intérieur des murs de l'église n'étaient pas réservées à ce groupe d'élites. Ils ont été exécutés pour ceux qui appartenaient aux groupes sociaux les plus puissants (qui pourraient même inclure des agriculteurs), ceux qui réussissaient le mieux dans leur métier et ceux qui étaient impliqués dans leur église et leur communauté. Les corps étaient placés dans la crypte (ou cave) située sous le sol de l'église, ou dans une fosse creusée après avoir soulevé le sol ou un banc d'église. Les rites funéraires qui accompagnaient un tel enterrement étaient généralement plus élaborés et coûteux que ceux exécutés pour un enterrement au cimetière. La pratique des enterrements intra-muros dans les églises a disparu de la plupart des paroisses au milieu du XIXe siècle, principalement en raison de problèmes d'hygiène publique et d'un manque d'espace.
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Bibliographie :
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Gérard Lebel, Nos Ancêtres volume 1 (Ste-Anne-de-Beaupré, Éditions Ste-Anne-de-Beaupré, 1981), 75-76.
Thomas J. Laforest, Our French-Canadian Ancestors volume 1 (Palm Harbour, Florida, LISI Press, 1983), 104-105.
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Programme de recherche en démographie historique (PRDH), Université de Montréal (https://www.prdh-igd.com), entrée de dictionnaire pour Etienne Lessard et Marguerite Sevestre, union 723.
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« Fonds Intendants - BAnQ Québec », images numériques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/81384), « Contrat de vente par le sieur Étienne de Lessard et Marguerite Sevestre, sa femme, demeurant en la paroisse de Sainte-Anne, aux sieurs François Hazeur et Étienne Landron (Landeron), bourgeois de Québec, de la moitié d'un emplacement sis rue Notre-Dame en la Basse-Ville de Québec (Notaire Gilles Rageot) », 7 avr. 1683, Cote : E1,S4,SS1,D306,P2, ID 93425.
« Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Québec. Insinuations - BAnQ Québec », images numériques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/93425), « Donation par Étienne Lessard, habitant de la côte de Beaupré, et Marguerite Sévestre, sa femme, à Monseigneur François de Laval, premier évêque de Québec, pour le curé de Beaupré, ladite donation concernant un emplacement sis en la seigneurie de Beaupré, mention d'un contrat en date du 8 mars 1648, Hubert Brault? dit Braugard (Beauregard?), et Hilaire Cheuprenot (Chalprenot?), demeurant au séminaire de Québec, sont témoins », 9 févr. 1684, Cote : CR301,P254, ID 81384.
« Fonds Conseil souverain - BAnQ Québec », images numériques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/399914), « Acte de concession par Jacques-René de Brisay, Marquis de Denonville, et Jean Bochart Champigny, gouverneur et intendant de la Nouvelle-France, au sieur Étienne Lessard, à cause de Marguerite Sevestre, sa femme, au sieur de Lanoraie (La Nauraye, La Noraye, LaNoraye), à cause de Marie-Marguerite Sevestre, sa femme, à Charles Gauthier (Gaultier), à Marie-Denise Sevestre, femme du sieur Nepveu (Neveu), et à Catherine Gautier (Gauthier), veuve de Denis Duquet, tous comme héritiers de feu Charles Sevestre, de son vivant lieutenant particulier de la Juridiction de Québec, d'une étendue de terre de deux lieues de front sur le fleuve Saint-Laurent et de deux de profondeur à prendre entre les terres du sieur Dautré (Dautray, d'Autray) et celles du sieur de Lavaltrie, tirant vers Montréal, à titre de fief et seigneurie avec haute, moyenne et basse justice », 27 avr. 1688, Cote : TP1,S36,P399, ID 399914.
« Fonds Cour supérieure. District judiciaire de Québec. Insinuations - BAnQ Québec », images numériques, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/81594), « Donation de tous leurs biens meubles et immeubles, par Étienne Lessard, demeurant en la seigneurie de Beaupré, paroisse Sainte-Anne, et Marguerite Sevestre, sa femme; à Prisque et Joseph Lessard, leurs derniers enfants vivants n'étant pas encore établis; ladite donation est passée pardevant Étienne Jacob, notaire en la seigneurie de Beaupré, en présence de Guillaume Morel, procureur fiscal audit lieu de Beaupré, et de Pierre Roussin, témoins », 24 mars 1699, Cote : CR301,P464, ID 81594.
André Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France; Juger et punir en Nouvelle-France: la vie quotidienne aux XVIIe et XVIIIe siècles (Montréal, Québec: Éditions Libre Expression, 2004), 167-172.
Thuot, Jean-René, « La pratique de l’inhumation dans l’église dans Lanaudière entre 1810 et 1860 : entre privilège, reconnaissance et concours de circonstances », 2006, Études d'histoire religieuse, 72, 75–96, numérisé par Érudit (https://doi.org/10.7202/1006589ar)
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« Quebec, Canada, Vital and Church Records (Drouin Collection), 1621-1968 », images numériques, Ancestry.ca (https://www.ancestry.ca/), mariage d'Etienne Delessart et Marguerite Sevestre, 8 avr. 1652, Québec (Notre-Dame); : Gabriel Drouin, comp. Drouin Collection. Montreal, Quebec, Canada: Institut Généalogique Drouin.