Contact Us / Contactez nous

         

123 Street Avenue, City Town, 99999

(123) 555-6789

email@address.com

 

You can set your address, phone number, email and site description in the settings tab.
Link to read me page with more information.

L'Histoire du choléra au Canada

Comment une ancienne maladie est arrivée au Québec et en Ontario, provoquant la « peur bleue » de nos ancêtres. Explorez cette histoire vue à travers les yeux d'une généalogiste. Comment les Canadiens ont-ils géré les grandes épidémies de 1832, 1834, 1849 et 1854? Comment les villes de Québec, Montréal, Kingston et Toronto ont-elles géré la maladie?

Click here for the English version

Le Choléra au Canada : terreur du XIXe siècle

L'ancienne maladie qui a provoqué une « peur bleue » chez nos ancêtres


Résumé médical

Qu'est-ce que le choléra ? Comment est-il transmis ?

Le choléra est une maladie diarrhéique intestinale grave causée par la bactérie Vibrio cholerae. Cette bactérie se trouve dans les aliments ou l'eau qui ont été contaminés par les matières fécales d'une personne infectée par le choléra. La maladie est étroitement liée au manque d'eau potable et à des conditions de surpeuplement et d'insalubrité.

Gravure de 1850 représentant des conditions de logement exiguës et sordides à Londres. Crédit : Wellcome Images.

Quels sont les symptômes du choléra ?

Après avoir ingéré des aliments ou de l'eau contaminés, il peut s'écouler entre quelques heures et 5 jours avant qu'une personne infectée présente des symptômes. Ceux qui développent des symptômes souffrent normalement de diarrhée, ce qui peut entraîner une déshydratation grave, un choc et une insuffisance rénale. D'autres symptômes peuvent inclure des nausées, des vomissements, des spasmes musculaires et des crampes. Non traité, le choléra peut tuer en quelques heures. Cependant, la plupart des personnes infectées présentent des symptômes légers ou inexistants. Bien qu'asymptomatiques, les bactéries du choléra restent dans leurs selles jusqu'à 10 jours, période pendant laquelle elles peuvent transmettre la maladie à d'autres.

Comment le choléra est-il traité ?

Aujourd'hui, le choléra est facilement traitable avec une solution de réhydratation orale (SRO). Les personnes infectées souffrant de déshydratation sévère peuvent également recevoir des liquides intraveineux (IV) ou des antibiotiques pour soulager les symptômes. Malheureusement pour nos ancêtres, ces traitements n'étaient pas disponibles au 19ème siècle.

Comment le choléra est-il prévenu ?

L'accès à l'eau potable et de bonnes pratiques d'hygiène limitent la propagation du choléra, y compris le lavage des mains, la manipulation sûre des aliments et l'élimination appropriée des déchets humains. Les vaccins oraux sont également efficaces pour prévenir le choléra.


1832 : Le choléra arrive au Canada

Le choléra serait originaire du delta du Gange, dès 400 av. J-C. La maladie a été endémique pendant très longtemps au Bengale, situé dans l'actuel Bangladesh et dans l'ouest de l'Inde. En 1817, une épidémie particulièrement dévastatrice frappe le Bengale. Le choléra commença à se propager avec le commerce mondial et les voyages en bateau ; d'abord en Asie, puis en Russie, en Europe occidentale et enfin dans les îles britanniques en 1831. Le premier décès attribué au choléra en Grande-Bretagne a eu lieu à Sunderland le 20 octobre 1831. En février 1832, le choléra avait atteint Londres. La maladie avait plusieurs noms : le choléra asiatique, le choléra Morbus, le choléra bleu, le choléra sporadique et le choléra indien, pour n'en nommer que quelques-uns.

Article paru dans The Essex County Standard le 12 novembre 1831.

Grand journal mettant en garde contre les symptômes du choléra indien et recommandant des remèdes, publié à Clerkenwell, Londres, en 1831. Crédit : Wellcome Images.

Article paru dans The Bristol Mercury and Daily Post Western Countries and South Wales Advertiser le 21 février 1832.


Alors que la nouvelle des épidémies traversait l'Atlantique, la peur et la panique ont commencé à se répandre dans les colonies britanniques.

 

« Le choléra a eu un impact énorme sur l'imagination des gens au XIXe siècle. Ils craignaient son attaque soudaine, douloureuse et arbitraire. Ils étaient horrifiés par l'évolution rapide de la maladie qui ne permettait pas un déclin doux vers une mort paisible. Ils ont été déconcertés par le schéma de propagation de la maladie qui ne correspondait à aucun modèle connu de contagion. Ils ont méprisé les médecins qui ne pouvaient rien faire pour les victimes et, à certains endroits, ils se sont retournés contre les médecins et les ont accusés de propager la maladie. Le taux de mortalité, approchant souvent 60 % des personnes touchées, a contribué à semer la panique. "Que le choléra vous attrape" est devenu une malédiction. » (Bilson, 1980, notre traduction)

 

Les 30 000 habitants de Québec avaient fort à craindre. À partir de 1815, la ville avait été le port d'entrée de nombreux immigrants européens. Des immigrants anglais, irlandais et écossais arrivèrent au Canada en grand nombre. En 1831, 50 000 immigrants sont entrés au Canada. L'année suivante, entre 70 000 et 80 000 étaient attendus, la majorité arrivant à Québec. Certains resteraient dans le Bas-Canada (actuelle province du Québec), tandis que d'autres devaient se rendre dans le Haut-Canada (actuelle province de l'Ontario) et aux États-Unis.

 « L'arrivée des émigrants à Cork—Une scène sur le quai »

En prévision de l'arrivée du choléra sur leurs terres, les autorités du Bas-Canada ont pris des mesures pour empêcher sa propagation. Deux conseils de santé ont été mis sur pied à Montréal et à Québec pour faire respecter les règles de propreté. Une station de quarantaine a également été ouverte à Grosse Île, une île du fleuve Saint-Laurent située à 46 kilomètres en aval de Québec. Grosse Île a été choisie en partie pour sa proximité avec la ville de Québec, mais surtout en raison de l'isolement qu'elle offrait en tant qu'île.

« La Grosse Île. (Canada) : l'Église catholique et la résidence du surintendant », carte postale publiée entre 1904 et 1910, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

« La Grosse Île. (Canada) : l'Église catholique et la résidence du surintendant », carte postale publiée entre 1904 et 1910, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Lors de son ouverture en 1832, Grosse Île avait pour seul objectif de contrôler l'épidémie de choléra qui arrivait par bateau. Les immigrants européens naviguaient souvent dans des conditions exiguës et insalubres. Ce manque d'espace et d'hygiène créa un terrain fertile pour les maladies. 

Tous les capitaines de navire devaient s'ancrer à Grosse Île et subir un examen par un agent de santé. Celui-ci décida alors si le navire pouvait continuer vers Québec. Une fois au port de Québec, le navire était examiné par un médecin militaire avant que les passagers ne soient autorisés à débarquer.

Il y avait beaucoup de défauts dans ce système. Le médecin militaire se fiait sur les rapports de l'équipage du navire, qui pourraient minimiser les cas de maladie. Certains passagers cachaient des membres de leur famille malades pour éviter un retard dans leur voyage. Plus important encore, personne ne savait qu'une personne infectée par le choléra pouvait être asymptomatique. Sur l'île de quarantaine, il n'y avait pas de séparation des passagers, ce qui signifiait que des personnes malades et asymptomatiques pouvaient être en contact avec des passagers sains. Le grand nombre d'immigrants était accablant et l'île regorgeait bientôt de passagers, créant un environnement parfait pour la propagation du choléra.

« Québec », illustration de 1834 par Alexander Jamieson Russell. Crédit : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Malgré tous ces défauts, la principale raison de l'échec de la quarantaine était que personne ne savait comment le choléra se transmettait. Il n'y avait pas non plus de consensus dans la communauté médicale concernant la contagion : si une personne infectée était même contagieuse. Et donc, l'inévitable s'est produit. Le choléra arriva à Québec en juin 1832.


Un passager indésirable

Le Dr Robert Nelson, commissaire à la santé de Montréal, a enregistré les premiers cas de choléra à bord de ces navires :

  • Le Constantia, en provenance de Limerick, est arrivé le 28 avril avec 29 morts à bord

  • Le Robert, en provenance de Cork, est arrivé le 14 mai avec 10 morts à bord

  • Le Brubus, en provenance de Liverpool, est arrivé le 18 mai avec 81 morts à bord

  • L'Elizabeth, en provenance de Dublin, est arrivé le 28 mai avec 17 morts à bord

  • Le Carrick, en provenance de Dublin, est arrivé le 3 juin avec 42 morts à bord

Article paru dans La Minerve le 14 juin 1832.

Le 7 juin, le navire Voyageur a transporté un groupe d'immigrants et leurs bagages de Grosse Île à Québec et Montréal. Dès le 8 juin, le choléra est découvert au Québec. Deux jours plus tard, c'était au tour de Montréal. De Montréal, les passagers se dispersent bientôt à travers le Canada avec l'aide de la Emigrant Society. Le Haut-Canada fut bientôt frappé par le choléra : Kingston, Toronto et Niagara ont tous signalé des cas. La maladie a ensuite voyagé aux États-Unis via les Grands Lacs.

L'épidémie de 1832 provoqua la panique et la terreur chez les Canadiens. Au Bas-Canada, le choléra a donné naissance à l'expression « avoir une peur bleue », en référence à la teinte bleue laissée sur les cadavres des victimes. Lorsqu'il est devenu évident qu'il ne serait pas possible d'arrêter la propagation du choléra, les gens demandaient des conseils médicaux aux apothicaires, au clergé et aux professionnels de la santé. Cependant, la plupart des Canadiens n'avaient pas les moyens de payer des médecins, qui travaillaient principalement dans les zones urbaines. Les hôpitaux étaient censés soigner les pauvres, mais la plupart d'entre eux avaient un nombre très limité de lits et n'admettaient pas de patients atteints de maladies infectieuses. Des bâtiments temporaires et des camps ont été érigés pour loger les malades.

Une jeune femme viennoise, âgée de 23 ans, représentée avant et après avoir contracté le choléra. Gravure au pointillé en couleur, Italie (1831?). Crédit : Wellcome Collection.

Une jeune femme viennoise, âgée de 23 ans, représentée avant et après avoir contracté le choléra. Gravure au pointillé en couleur, Italie (1831?). Crédit : Wellcome Collection.

« Montréal est dans un état difficile à dépeindre; il ne s'y fait plus d'affaires. . . Quand les amis se rencontrent, ils se font des adieux comme s'ils ne devaient plus se revoir. Jour et nuit, on voit des voitures qui portent des corps au cimetière; la tristesse et la terreur règnent sur tous les visages, et le spectacle continuel de la mort et les pleurs et les sanglots de ceux qui ont perdu des parents ou des amis sont capables d'attrister les cœurs les plus insensibles. . . » (Corbin et Lessard 1986)


Le choléra à travers les yeux d'un artiste

« Peste du choléra, Québec », peinture de Joseph Légaré , vers 1832. Crédit : Musée des beaux-arts du Canada.

« La cathédrale et les maisons qui bordent la rue Buade servent de fond de scène à l'activité qui règne sur la place du marché de la Haute-Ville, un soir de pleine lune d'été. Avec un luxe de détails, l'artiste représente une foule nerveuse, une charrette de cadavres et un ecclésiastique se précipitant au chevet d'un mourant. Les feux allumés contribuent par leur rougeoiement à la dramatisation de la scène. Peintre romantique formé au contact des nombreux topographes britanniques qui séjournent à Québec, Légaré peint l'horreur du fléau, non pour le décrire, mais pour en consacrer l'effet. » (Musée des beaux-arts du Canada)


Causes et remèdes

Au XIXe siècle, on croyait encore que les maladies se propageaient par les miasmes (odeurs ou vapeurs désagréables). Les autorités de Québec ont même tiré des canons en 1832 pour dissiper le miasme dans l'air. À Montréal, l'artillerie tirait pour purifier l'air et de la colophane était brûlée la nuit. Ces tactiques n'ont rien fait pour empêcher la propagation du choléra, donnant naissance à d'autres « remèdes ». Certains médecins prescrivaient une cuillère à thé de brandy toutes les heures, croyant que c'était un bon stimulant pour l'estomac.

« Bouteille, Brazill's V O Brandy, F.P.Brazill & Co", IXXe siècle, Musée McCord.

Ordonnance Cholera Morbus (non-datée). Crédit : Wellcome Collection.


Les six premiers règlements concernant la propreté à Montréal (article paru dans La Minerve du 14 juin 1832).

Aucun cochon dans aucune maison!

Bien que les causes du choléra soient encore inconnues, il sembla y avoir un lien entre la saleté et la maladie. Dans les villes et les villages, de nombreuses maisons étaient petites et exiguës, souvent surpeuplées. Des tas d'ordures étaient entassés dans les rues et dans les jardins des gens. Les résidents buvaient l'eau de puits contaminés, ou pire, du Saint-Laurent. Le Conseil de santé du Québec a rapidement commencé à faire appliquer les règlements de santé publique par l'entremise de préfets, qui se sont rendus de maison en maison pour des inspections. Toutes les habitations devaient être nettoyées à fond, puis purifiées à la chaux. De nouvelles règles ont été appliquées concernant les ordures, les toilettes, les porcs, l'industrie de la viande et les métiers « offensifs » (comme les fabricants de chandelles et de savons).

De nouvelles règles ont été mises en place pour les inhumations. Toute personne décédée du choléra pendant la journée devait être enterrée dans les 6 heures ; toute personne mourant la nuit devait être enterrée dans les 12 heures. Il y avait peu de temps pour le deuil et les funérailles n'étaient pas autorisées. De nombreux corps ont été enterrés dans des terrains non-consacrés, exaspérant leurs proches. À Québec, le cimetière Saint-Louis (situé au coin de la Grande Allée et de De Salaberry) a été créé pour enterrer les victimes du choléra. Il devint rapidement connu sous le nom de Cimetière des Colériques.

Ceux qui avaient des moyens ont simplement fui les villes pour la campagne, ce qui, bien sûr, a contribué à propager encore plus le choléra. À la fin de l'été 1832, la plupart des régions du Bas-Canada avaient été touchées. Le nombre de cas a finalement commencé à baisser à l'automne. Le 3 novembre, l'épidémie est officiellement déclarée terminée.

Le nombre de morts de l'épidémie de 1832 est difficile à quantifier, car les estimations du Bas-Canada et du Haut-Canada varient considérablement. Des estimations récentes évaluent le nombre de décès à 9 000 à 12 000 pour les deux provinces.


Registres paroissiaux Notre-Dame-de-Québec, 1832, image 100 de 382. Crédit : FamilySearch.

Registres paroissiaux Notre-Dame-de-Québec, 1832, image 92 de 382. Crédit : FamilySearch.

À gauche : une page tirée du registre paroissial de Notre-Dame de Québec en 1832, montrant les sépultures les unes après les autres au cimetière Saint-Louis. La plupart sont morts le même jour ou la veille. Les inscriptions montrent bien que le choléra n'a pas fait de discrimination : parmi les morts se trouvent un journalier, un menuisier, un commis, un marchand, un seigneur et un juge. Bien que la cause du décès ne soit pas répertoriée, la vitesse à laquelle les morts ont été enterrés et où ils ont été enterrés indiquent qu'ils sont probablement morts du choléra.

Au-dessus : cette sépulture montre la première inhumation collective de 54 victimes du choléra au cimetière Saint-Louis. Tous les morts provenaient de l'Hôpital des Émigrants de Québec. Leurs noms, âges et professions sont inconnus.


Tragédie irlandaise : l'épidémie de 1834

Malheureusement pour les Canadiens, le répit du choléra a été de courte durée. En mai 1834, la maladie réapparut à Grosse-Île. Au début, elle semblait être une forme tellement diminuée de la maladie qu'on ne pensait pas qu'il s'agissait du choléra. En juillet, cependant, il ne faisait aucun doute qu'une deuxième épidémie était en cours, bien que moins grave que la première. Elle ne devait durer que quelques mois, disparaissant en septembre. C'est au cours de cette deuxième vague de choléra que Grosse-Île a ouvert ses propres registres paroissiaux pour enregistrer les baptêmes, les mariages et les sépultures. La plupart des morts étaient des immigrants irlandais.

Article paru dans L’Écho du pays le 21 août 1834.

Cette sépulture du registre paroissial montre l'enterrement de deux garçons irlandais à Grosse Île, James et Patrick Carrale, âgés de deux et trois ans du comté de Cork. Registres paroissiaux de Grosse-Île, 1834, image 14 de 265. Crédit : FamilySearch.


« Le trouble et la consternation partout » : l'épidémie de 1849

En 1849, une autre vague de choléra frappe le Canada. Cette fois, l'épidémie n'est pas venue d'immigrants européens mais des États-Unis, arrivant à Kingston, au Canada-Ouest (aujourd'hui l'Ontario). En juin, le choléra était arrivé à Montréal et s'était rapidement propagé dans tout le Canada-Est (aujourd'hui le Québec). La station de quarantaine de Grosse-Île était toujours en service, assurant que tout navire en provenance d'Europe était arrêté et examiné.

« Bureau de l'inspecteur du gouvernement », gravure de 1850 (artiste inconnu), Musée McCord.

« Bureau de l'inspecteur du gouvernement », gravure de 1850 (artiste inconnu), Musée McCord.

À cette époque, certains professionnels de la santé croyaient que le choléra était contagieux, mais son mode de transmission était encore un mystère. Ils savaient qu'il n'était pas contagieux au même titre que la variole ou la typhoïde, comme en témoignaient les nombreux médecins et infirmières qui avaient soigné les patients atteints de choléra sans contracter la maladie. Ceux qui ne croyaient pas que le choléra était contagieux pensaient que la maladie était transmise par le comportement des gens ou par leur environnement. Tout était blâmé : la saleté, l'anxiété et même l'alcool.


Article paru dans le Journal de Québec le 12 juillet 1849.

Annonce parue dansLa Minerve le 5 juillet 1849.

L'assainissement et l'hygiène ne s'étaient guère améliorés depuis les épidémies de 1832 et 1834. Les villes et les villages n'avaient pas d'approvisionnement en eau potable ni de système d'égouts. Les ordures étaient encore jetées dans les rues, les cours ou les rivières. Les résidents puisaient leur eau dans des puits, des sources et des rivières, parfois à l'endroit même où les eaux usées étaient déversées. C'est cette épidémie qui finit par convaincre les autorités sanitaires de Québec d'installer un aqueduc pour une bonne alimentation en eau (fonctionnant dès 1854) et un système d'égouts.

À l'automne, le choléra avait disparu. Environ 1 700 décès ont été enregistrés dans les villes de Montréal et Québec de juin à octobre.


Le choléra causé par « un drainage imparfait et une eau impure » : les années 1850

Le choléra est revenu au Canada en 1851 et 1852, mais il a été beaucoup moins grave que lors des épidémies précédentes.

Le 17 juin 1854, le Glenmanna arrive au port de Québec en provenance de Liverpool, ayant jeté par-dessus bord 45 victimes du choléra au cours de son voyage. Deux jours auparavant, il était amarré à Grosse Île avec un autre navire, le John Howell. Le 20 juin, des passagers des deux navires sont admis à l'Hôpital de la Marine de Québec et une nouvelle épidémie de choléra est déclarée. De là, la maladie s'est propagée à travers la ville, suivie par les villages le long du Saint-Laurent et ceux qui bordent le lac Ontario. Le choléra a atteint Montréal le 22 juin, Hamilton le 23 juin et enfin Kingston et Toronto le 25 juin.

Extrait du Journal de Québec le 24 juin 1854.

Extrait du journal La Minerve le 20 juillet 1854.

Dans son rapport de 1854, le Central Board of Health a attribué la grave propagation de la maladie à « un drainage imparfait et à une eau impure », une indication qu'ils avaient une meilleure compréhension de la propagation du choléra. Le Conseil a recommandé « l'adoption d'un drainage, d'un assainissement et d'une ventilation complets, avec un approvisionnement abondant en eau pure, une attention particulière à la propreté et la prévention du surpeuplement ». Ils ont également fait les mêmes recommandations pour Grosse Île, ainsi que la ségrégation des passagers malades.

Le choléra a été officiellement déclaré terminé au Canada le 22 septembre, laissant un nombre officiel de morts de 3 486, bien qu'aujourd'hui, on pense qu'il a été beaucoup plus élevé.


Percées scientifiques : John Snow, Filipo Pacini et Robert Koch

Une variante de la carte originale dessinée par le Dr John Snow (1813-1858), un médecin britannique qui est l'un des fondateurs de l'épidémiologie médicale, montrant des cas de choléra lors des épidémies de Londres de 1854, regroupés autour des emplacements des pompes à eau. Crédit : Wikimedia Commons.

En 1854, le monde faisait un pas de plus vers la compréhension de la transmission du choléra, lorsque le médecin britannique John Snow a correctement identifié une source d'eau contaminée comme la cause des cas de choléra de Soho (à Londres). Il a cartographié les cas de choléra et les a retracés jusqu'à la pompe à eau du puits public de Broad Street. Après le retrait de la poignée de la pompe, les cas ont considérablement diminué. Un autre médecin britannique, le Dr R. D. Thomson, a fait une analyse similaire entre deux quartiers : l'un s'approvisionnant en eau auprès de la Southwark Company et l'autre de la Lambeth Company. Lorsqu'il a étudié des échantillons des deux, l'eau de la Southwark Company a montré de grandes quantités d'excréments humains, contrairement au Lambeth. Le quartier desservi par Southwark comptait 3,5 fois plus de cas de choléra.

À cette époque, le microbiologiste italien Filippo Pacini avait réussi à isoler et à identifier la bactérie responsable du choléra en effectuant des autopsies sur des patients atteints de choléra. À l'aide d'un microscope, il a examiné des échantillons d'intestins et a vu un bacille en forme de virgule qu'il a appelé Vibrio. Pacini a théorisé que la bactérie agissait sur la muqueuse intestinale, provoquant une déshydratation. Il suggéra de traiter les patients avec des injections d'eau salée. Pour des raisons inconnues, ses travaux publiés ont été largement ignorés par la communauté scientifique, et il n'a été crédité de cette découverte que bien après sa mort.

Une lame de microscope préparée par Pacini en 1854, clairement identifiée comme contenant la bactérie du choléra. Crédit : Wikimedia Commons.

En étudiant le choléra en Inde et en Égypte en 1883, le microbiologiste allemand Robert Koch a également identifié la bactérie responsable du choléra, confirmant ce qui avait déjà été démontré par Pacini. Les théories des miasmes sur l'air contaminé ont finalement été rejetées.

À la fin du XIXe siècle, de nombreux pays d'Europe occidentale ont évité de graves épidémies grâce à des mesures de prévention et à un approvisionnement en eau potable. À New York, des épidémies généralisées ont également été évitées grâce à un diagnostic précis de la maladie dans les laboratoires. Alors que le monde comprenait enfin le lien entre le choléra et les déchets humains, un effort mondial a été entrepris pour garantir que l'eau potable soit maintenue propre et que l'assainissement soit amélioré.


Des rues sombres et bondées pleines de morts et de mourants. Des corps sont chargés sur une charrette ; représentant le choléra. Aquarelle de Richard Tennant Cooper, vers 1912. Crédit : Wellcome Images.

Des rues sombres et bondées pleines de morts et de mourants. Des corps sont chargés sur une charrette ; représentant le choléra. Aquarelle de Richard Tennant Cooper, vers 1912. Crédit : Wellcome Images.

Épidémies des temps modernes

De 1930 à 2011, 115 cas de choléra ont été signalés au Canada. Tous les cas de 1990 étaient liés à des voyages et importés dans le pays. Un seul cas mortel a été signalé de 1992 à 2005. Bien que le Canada soit considéré comme exempt de choléra, à l'exception de ces rares cas, de nombreux pays les plus pauvres du monde ne le sont pas. Au cours des cinq dernières années, des épidémies se sont produites au Soudan, au Yémen, en Somalie et au Mozambique, pour n'en nommer que quelques-uns. L'épidémie au Yémen a été la pire de l'histoire, avec plus d'un million de cas. Le manque d'eau potable et d'assainissement de base permet au choléra de prospérer dans les pays pauvres et sous-développés. Les zones touchées par la guerre, la famine ou les catastrophes naturelles sont particulièrement vulnérables.

 

Vous aimez nos articles et nos ressources ? Montrez-nous votre soutien en faisant un don ! Chaque contribution, aussi petite soit-elle, nous aide à payer l'hébergement de notre site web et nous permet de créer plus de contenu lié à la généalogie et à l'histoire du Canada français. Nous vous remercions !

Faire un don !
 

Bibliographie :