Mortalité infantile en Nouvelle-France
Le taux de mortalité infantile en Nouvelle-France était important. Apprenez-en davantage sur cette cause de décès malheureusement courante, les ondoiements et les améliorations nécessaires pour que le Québec et le Canada réduise considérablement le taux de mortalité infantile.
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La mortalité infantile
La mortalité infantile signifie le décès d'un bébé avant son premier anniversaire. Comme sa mère, un nouveau-né fait face à un risque élevé de mortalité pendant et peu après l'accouchement. La mortalité infantile en Nouvelle-France était importante. Selon les démographes, le taux de mortalité infantile dans la colonie avant 1680 était de 171 sur 1 000. De 1700 à 1730, le taux était de 242 sur 1 000. [Par comparaison, le taux de mortalité infantile au Canada en 2019 était d'environ 4,2 décès pour 1 000 naissances vivantes.] Au moins un enfant sur quatre est décédé avant l’âge d’un an, dont 2 à 4% sont mort-nés ou sont décédés pendant l’accouchement.
En raison du taux de mortalité élevé, l'Église catholique insistait que les bébés soient baptisés le plus tôt possible après la naissance. Elle menaçait même les parents d'excommunication si le nouveau-né n'était pas amené à l'église pour le baptême dans les quatre jours, n'importe le climat ou le froid. La majorité des bébés en Nouvelle-France ont été baptisés dans les trois jours suivant leur naissance, la plupart le jour même ou le jour suivant. Si un bébé risquait de mourir peu de temps après sa naissance, un ondoiement (baptême d'urgence) pouvait être effectué à la maison. Les parents étaient priés de garder un récipient d'eau bénite à la maison en cas d'urgence.
Être « baptisé sous condition » désignait le baptême d'urgence d'un enfant, soit par le médecin, soit par la sage-femme (autorisée par le clergé à pouvoir effectuer des ondoiements), soit par une autre personne présente à la naissance. Normalement, si le baptême n'était pas effectué par le médecin ou la sage-femme, le patriarche de la famille (s'il était présent) le ferait. Les nouveau-nés qui paraissaient faibles, fragiles ou qui risquaient de mourir avant d'être correctement baptisés étaient ondoyés. Le prêtre devait indiquer ce fait sur l'acte de baptême.
Dans cet exemple, Augustin Amable Valiquette est né le 26 mai 1740 à Pointe-Claire. L'acte de baptême indique que Marie Françoise Canpau, l'épouse de Pierre Valiquet, a ondoyé l’enfant à sa naissance (« ondoyé par marie françoise canpau »).
Si le bébé survivait les premiers jours et les semaines suivant la naissance, d'autres dangers se sont présentés. Le fait de ne pas être allaité augmentait les risques de contracter une maladie, car le lait maternel était bénéfique pour lutter contre la maladie. Ne pas être allaité signifiait également que le bébé devait recevoir d'autres formes de nourriture, ce qui augmentait les chances d'être en contact avec des mains ou des ustensiles insalubres.
La réalité d'être une mère au travail en Nouvelle-France (s'occuper des enfants, du ménage, du jardin et des animaux) signifiait que les nourrissons étaient souvent laissés sans surveillance ou à la garde d'enfants. Malheureusement, des accidents se sont produits. La négligence n'était pas un crime dont les parents ou les frères et sœurs pouvaient être accusés. À l'autre extrême, les bébés pouvaient mourir d'étouffement, car c'était une pratique courante pour les mères de coucher avec leurs nouveau-nés, même si cela était fortement découragé par l'église. Les berceaux existaient, mais ils étaient principalement utilisés pendant la journée et la nuit une fois que le nourrisson était plus âgé.
Heureusement, des améliorations en matière d'assainissement, d’hygiène personnelle, d'éducation, de soins prénatals, de nutrition et plus tard, de purification du lait et de vaccination, entre autres facteurs, ont toutes contribué à réduire les cas de mortalité infantile au Canada.
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Bibliographie :
Marilyn Amorevieta-Gentil, « Les niveaux et les facteurs déterminants de la mortalité infantile en Nouvelle-France et au début du Régime Anglais (1621-1779) », Thèse présentée à la Faculté des Arts et des Sciences en vue de l’obtention du grade de Philosophae Doctor (Ph. D) en démographie, Université de Montréal (https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/3944/Amorevieta-Gentil_Marilyn_2010_These.pdf?sequence=4&isAllowed=y), déc 2009.
André Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France; Juger et punir en Nouvelle-France: la vie quotidienne aux XVIIe et XVIIIe siècles (Montréal, Québec: Éditions Libre Expression, 2004), 40-42.
Aaron O'Neill, « Canada: Infant Mortality Rate from 2009 to 2019 », Statista (https://www.statista.com/statistics/806726/infant-mortality-in-canada/), publié 1 avril 2021.
Melissa Snell, « Surviving Infancy in the Middle Ages », 27 août 2020, ThoughtCo (https://www.thoughtco.com/medieval-child-surviving-infancy-1789124).