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Jean Gaudreau & Marie Jeanne Leroy

Enfant, elle a traversé des épreuves terribles. Jeune fille, elle a dû reconstruire sa vie. Pendant ce temps, un jeune homme quittait la France pour un avenir incertain en Nouvelle-France. Ensemble, ils ont bâti une famille, affronté les défis de la colonie et laissé une empreinte durable sur les générations futures.

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Jean Gaudreau & Marie Jeanne Leroy

Attention : cette histoire comprend du contenu que certains lecteurs pourraient trouver dérangeant, y compris un crime contre des enfants. Pour un public averti seulement.

 

Enfant, elle a traversé des épreuves terribles. Jeune fille, elle a dû reconstruire sa vie. Pendant ce temps, un jeune homme quittait la France pour un avenir incertain en Nouvelle-France. Ensemble, ils ont bâti une famille, affronté les défis de la colonie et laissé une empreinte durable sur les générations futures.

 

Jean Gaudreau, fils de Jehan Gautereau et de Marie Rouet, est baptisé le 4 août 1649 dans la paroisse Sainte-Catherine de La Flotte, sur l’Île-de-Ré en Aunis, France. Ses parrain et marraine sont Guillaume Barain et Catherine Proust. Le nom de famille de Jean apparaît sous diverses orthographes dans les documents historiques, notamment Gautereau, Gotreau, et d’autres variantes phonétiques.

Baptême de Jean Gaudreau en 1649 (Archives de la Charente-Maritime)

Localisation de La Flotte en France (Mapcarta)

La Flotte, également appelée La Flotte-en-Ré, est une petite ville située sur la côte nord de l’île de Ré, à environ douze kilomètres de La Rochelle, sur le continent français. Elle fait aujourd’hui partie du département de la Charente-Maritime. En 2022, elle comptait environ 3 000 habitants, appelés les Flottais.

L’église Sainte-Catherine, où Jean a été baptisé, possède une histoire riche remontant à plusieurs siècles. À l’origine, elle était vraisemblablement une chapelle attenante au château des Mauléons, comme en témoigne son portail sud de style gothique. Au fil du temps, l’édifice a subi d’importantes modifications, notamment sur sa façade, ses vitraux et la surélévation de son clocher. Un fait marquant : en 1632, le cardinal de Richelieu fit don d’une cloche à la paroisse, encore présente dans l’église aujourd’hui.  

Localisation de La Flotte sur l’Île-de-Ré en France (Mapcarta)

La Flotte-en-Ré

L’église Sainte-Catherine à La Flotte (© photo de La Généalogiste franco-canadienne en 2023)

L’église Sainte-Catherine à La Flotte (© photo de La Généalogiste franco-canadienne en 2023)

L’intérieur de l’église Sainte-Catherine à La Flotte (© photo de La Généalogiste franco-canadienne en 2023)

 

Plaques dédiées aux émigrants de La Flotte au Canada, dont Jean et Gilles Gaudreau, dans l’église Sainte-Catherine à La Flotte (© photo de La Généalogiste franco-canadienne en 2023)

 

Le port de La Flotte, probablement entre 1920 et 1930 (Geneanet)

Le port de La Flotte (© photo de La Généalogiste franco-canadienne en 2023)


Émigration vers la Nouvelle-France

Jean grandit à La Flotte avec ses cinq frères et sœurs : Gilles, Marie, Anne, Françoise et Gilles (deuxième du nom). En mars 1665, son frère aîné Gilles, baptisé en 1644, signe un contrat d’engagement de trois ans à La Rochelle pour se rendre en Nouvelle-France. Il s’embarque plus tard cette année-là et arrive à Québec durant l’été 1665.

Suivant la voie de son frère, Jean quitte également la France, mais l’année exacte de son arrivée au Canada demeure incertaine, aucun contrat de travail n’ayant été retrouvé pour lui. Il n’apparaît pas dans les recensements de 1666 et 1667. Un Jean Goudrau a été confirmé à Québec le 24 août 1667, mais cet homme était originaire d’Olonne, une ville située non loin de La Flotte-en-Ré, mais qui ne correspond pas exactement à cette dernière. De plus, Jean n’est pas cité comme témoin au mariage de son frère Gilles le 15 octobre 1671.


Concessions de terre

La première mention confirmée de Jean Gaudreau au Canada remonte au 22 août 1673. Ce jour-là, Guillaume Fournier, seigneur de Saint-Joseph-du-Sud, et son épouse Françoise Hébert lui accordent une concession de terre dans leur seigneurie. Le terrain mesure 120 arpents, dont trois arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent, avec une profondeur de 40 arpents. Jean s’engage à payer une rente annuelle de six livres en argent et deux chapons vifs, ainsi qu’un sol en cens.

Un peu plus d’un an plus tard, le 20 novembre 1674, Guillaume Fournier lui concède une seconde terre de trois arpents à Saint-Joseph-du-Sud. Pour cette parcelle, Jean doit verser un cens annuel de 12 deniers et trois chapons vifs (ou 25 sols chacun). On ignore s’il a habité sur cette terre.

Le 4 juin 1675, Jean reçoit une troisième concession, cette fois de Geneviève de Chavigny, veuve de Charles Amyot et dame de la seigneurie de Vincelot. Il est alors déjà résident de Vincelot. Cette concession comprend également 120 arpents, dont trois arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent, avec une profondeur de 40 arpents. Jean s’engage à payer six livres en argent et trois chapons vifs en rente annuelle, et un sol en cens.  

Jean ne peut signer son nom sur aucun des contrats de concession.


Marie Jeanne Leroy, fille de Nicolas Leroy et de Jeanne Lelièvre, est née le 15 août 1664. Elle est baptisée deux jours plus tard à la paroisse Notre-Dame de Québec. Ses parrain et marraine sont Jean Baptiste Peuvret, sieur de Mesnu, et Michelle Thérèse Nau. [Dans la plupart des documents généalogiques, Marie Jeanne est simplement appelée Marie.]

Baptême de Marie Jeanne Leroy en 1664 (Généalogie Québec)

Marie Jeanne passe ses premières années dans la seigneurie de Beaupré, où son père construit une cabane sur une concession de terre reçue l’année de sa naissance. La propriété est située à l’est de la chute Montmorency et à l’ouest de L’Ange-Gardien, dans ce qui est aujourd’hui Boischatel. 

En 1669, la famille Leroy subit un événement traumatisant lorsque Marie Jeanne est attaquée et agressée par un voisin, Jacques Nourry. Déterminés à obtenir justice pour leur fille, ses parents portent l’affaire devant les tribunaux.  

Le 19 août, le verdict est rendu :

 

« Le Conseil a déclaré et déclare ledit Jacques Nourry dûment atteint et convaincu d’avoir violé ladite Marie LeRoy, et pour réparation l’a condamné et condamne d’être pendu et étranglé à une potence et ensuite son corps traîné à la voirie après que la tête en aura été séparée pour être mise sur un poteau, en trois cents livres de réparation civile envers ladite Marie LeRoy pour la faire panser et lui aider à être mariée, en cents livres d’amende applicable le tiers à l’hôpital et les deux autres tiers aux nécessités du Conseil et aux dépens du procès, a déclaré le reste de ses biens acquis et confisqués au seigneur haut justicier de Beaupré. »

 

Nourry est exécuté le jour même, à 3 heures de l’après-midi.

Sentence de Jacques Nourry en 1669 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Mariage

Malgré les épreuves qu’elle a traversées, Marie Jeanne parvient à se reconstruire. Le 25 juillet 1679, elle passe un contrat de mariage avec Jean Gaudreau, âgé de 29 ans, devant le notaire Gilles Rageot. Jean est décrit comme habitant de Vincelot, tandis que Marie Jeanne est résidente de La Durantaye. Comme elle n’a que 14 ans, ses parents sont présents et donnent leur consentement. Olivier Morel, seigneur de La Durantaye, est également témoin pour elle. Du côté de Jean, son frère Gilles Gaudreau et sa seigneuresse, Geneviève de Chavigny, agissent comme témoins.

 

Le contrat de mariage

En Nouvelle-France, aux XVIIe et XVIIIe siècles, les contrats de mariage étaient une pratique courante. Ces contrats, signés devant un notaire, étaient généralement finalisés plusieurs jours ou semaines avant la cérémonie de mariage, avec un délai moyen de trois semaines. Cette période correspondait à la publication habituelle de trois bans de mariage sur trois dimanches consécutifs, assurant que la communauté soit informée de l’union imminente.

Légalement, le mariage créait une nouvelle unité familiale régie par la Coutume de Paris. Ce cadre juridique imposait généralement le régime de la « communauté des biens », selon lequel tous les biens meubles et immeubles des deux époux, qu’ils soient acquis avant ou pendant le mariage, étaient mis en commun. Le mari avait des droits administratifs exclusifs sur cette communauté de biens.

Ces contrats de mariage ne se contentaient pas de décrire la division et la gestion des biens, mais incluaient également des dispositions concernant les douaires, les héritages et d’autres arrangements financiers. Ils servaient d’outil essentiel pour protéger les intérêts des deux familles impliquées, garantissant que la richesse et les biens soient gérés et transférés selon les termes convenus.

Jean et Marie Jeanne se marient le 31 juillet 1679 dans la paroisse Notre-Dame de Québec. Les témoins sont Nicolas Leroy, père de Marie Jeanne, Gilles Gaudreau, frère de Jean, et Olivier Morel, seigneur de La Durantaye. Ni la mariée ni le marié ne savent signer l’acte de mariage.

 

Âge légal pour se marier et l’âge de la majorité

En Nouvelle-France, l’âge légal minimum pour se marier était de 14 ans pour les garçons et de 12 ans pour les filles. Ces exigences sont restées inchangées pendant les époques du Bas-Canada et du Canada-Est. En 1917, l’Église catholique a révisé son code de droit canonique, fixant l’âge minimum pour le mariage à 16 ans pour les hommes et à 14 ans pour les femmes. Le Code civil du Québec a ensuite porté cet âge à 18 ans pour les deux sexes en 1980. Pendant toutes ces périodes, les mineurs devaient obtenir le consentement parental pour se marier.

L’âge de la majorité a également évolué au fil du temps. En Nouvelle-France, l’âge de la majorité légale était de 25 ans, selon la Coutume de Paris. Cet âge a été réduit à 21 ans sous le Régime britannique. Depuis 1972, l’âge de la majorité au Canada a été fixé à 18 ans, bien que cet âge puisse varier légèrement entre les provinces.

 

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteur avec Dall-E (avril 2024)

 

Jean et Marie Jeanne auront trois enfants :

  1. Charles (1681-1756)

  2. Jean Baptiste (1682-avant 1723)

  3. Marie Anne (1684-?)


Engagement à Batiscan

Quelques mois après son mariage, Jean quitte son domicile de la seigneurie de Vincelot. Le 22 décembre 1679, il signe un contrat d’engagement d’un an avec Jacques Lemarchand de Batiscan. Rédigé par le notaire Antoine Adhémar, l’acte stipule que Jean fera « tout ce que ledit sieur Lemarchand lui commandera » en échange de 120 livres et d’une nouvelle paire de souliers. Il sera également nourri, logé et ses vêtements lavés. Selon le contrat, Jean vit déjà à Batiscan depuis le 6 novembre. Cependant, aucune mention n’est faite de Marie Jeanne, ce qui suggère qu’elle est peut-être retournée vivre chez ses parents durant cette période.   

Dans le recensement de 1681 de la Nouvelle-France, Jean « Gottereau » est inscrit comme résident de la seigneurie de Bellechasse, qui comprend probablement Vincelot, où lui et Marie Jeanne vivent. Curieusement, Marie Jeanne et leur fils Charles n’y figurent pas. À cette époque, Jean possède un fusil et six arpents de terre en valeur.


Décès de Jean Gaudreau

Jean Gaudreau est décédé dans la trentaine, entre le recensement de 1681 et le 28 avril 1685. À cette date, Marie Jeanne est nommée marraine de Marie Richard à Cap-Saint-Ignace et est appelée « veuve de Jean Goutreau ».

Pierre tombale commémorative dans le cimetière de Cap-Saint-Ignace (photo de Juliette Goudreau en 2015, publiée avec son autorisation)


Après la mort de son mari, Marie Jeanne continue de jouer un rôle actif dans sa communauté, servant de marraine à plusieurs reprises. En 1686, elle est mentionnée comme marraine dans deux baptêmes à Cap-Saint-Ignace :  

  • 17 février 1686 - marraine d’Angélique Thibault ; le parrain est son beau-frère, Gilles Gaudreau.

  • 9 juillet 1686 - marraine de Marie Anne Guimont.

Secondes noces

Entre le 9 juillet 1686 (date où elle est encore appelée veuve de Jean Gaudreau) et décembre 1688 (date de naissance de son premier enfant avec Jean Fournier), Marie Jeanne se remarie. Son second mari est Jean Fournier, mais aucun acte de mariage n’a été retrouvé.

Marie Jeanne et Jean Fournier auront au moins dix enfants : Françoise, Nicolas, Jean Baptiste, Marie, Ambroise, Cécile, Marie Anne, Joseph, Augustin et Charles.  

Elle continue également à jouer le rôle de marraine dans les années qui suivent son second mariage, y compris pour plusieurs de ses petits-enfants :

  • 11 août 1692 - marraine de Marie Françoise Richard.

  • 14 avril 1701 - marraine de Claude Caouette.

  • 29 janvier 1711 - marraine de Marie Geneviève Caron.

  • 18 juillet 1711 - marraine de Jean Baptiste Gaudreau, son petit-fils.

  • 22 août 1716 - marraine de Pierre Gamache.

  • 18 janvier 1727 - marraine de Simon Fournier, son petit-fils.

  • 16 février 1731 - marraine de Jean Chrysostome Fournier, son petit-fils.

  • 15 septembre 1731 - marraine de Marie Fournier, sa petite fille.


L’inventaire

Le 25 juin 1701, le notaire Charles Rageot de Saint-Luc dresse l’inventaire des biens de Marie Jeanne et de son défunt mari, Jean Gaudreau. Le document énumère leurs possessions, incluant les articles ménagers, les outils, les meubles, ainsi que les réserves de blé et de farine. Le document énumère leurs biens, y compris les articles ménagers, les outils, les meubles, ainsi que les réserves de blé et de farine.  

L’inventaire révèle notamment l’une des professions de Jean : il était sabotier. Parmi les objets répertoriés figurent 50 paires de sabots et divers outils de sabotier.

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (janvier 2025)

Jean possédait également une terre dans la seigneurie de Vincelot, mesurant trois arpents de front sur 40 arpents de profondeur. Il en avait cultivé six arpents et 60 perches, et avait défriché dix arpents et 20 perches supplémentaires, bien qu’il restât quelques troncs d’arbres. La maison du couple, décrite comme « une maison de madrier encoulissée », mesurait 22 pieds de long sur 18 pieds de large et était recouverte de paille. La cheminée en terre d’origine, « tombée en ruine », avait été remplacée par une cheminée en pierre construite par le second mari de Marie Jeanne.   

Les autres structures de la propriété comprennent une grange de 42 pieds de long sur 22 pieds de large, également couverte de paille, ainsi qu’une vieille étable en pierre. L’inventaire fait également état du bétail : deux bœufs à poil brun, cinq vaches à poil roux, deux petits taureaux, trois veaux, une truie avec huit porcelets et quatre autres cochons de taille moyenne. 

Marie Jeanne déclare avoir réglé une dette de 200 livres contractée par son premier mari, Jean Gaudreau, auprès de Jean Le Picard. Jean Gaudreau n’avait laissé aucune autre dette en suspens. 

 

L’inventaire après décès

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Lorsqu’un couple se marie, avec ou sans contrat, il est soumis à la « communauté de biens ». Tous les biens acquis pendant l’union par les époux font partie de cette communauté. Après le décès des parents (si le couple a des enfants), les biens de la communauté sont partagés en parts égales entre tous les enfants, fils et filles. Lorsque la communauté était dissoute par le décès d’un des conjoints, le survivant avait droit à sa moitié, l’autre moitié étant divisée en parts égales entre les enfants. Au décès du survivant, les enfants se partagent leur part de la communauté. Des inventaires étaient dressés après le décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.

 

Extrait de l’inventaire de 1701 (FamilySearch)

 

Au-delà de son rôle de marraine, Marie Jeanne n’apparaît plus que deux fois dans les archives publiques avant sa mort :  

  • 11 février 1727 - elle et son mari, Jean Fournier, contractent une obligation envers François Morneau, citée dans un acte notarié d’Abel Michon.

  • 8 août 1734 - leurs fils, Jean et Charles Fournier, échangent des terres dans la seigneurie de Vincelot avec l’autorisation de leurs parents, comme l’atteste un acte notarié de François Rageot de Beaurivage.  


Décès de Marie Jeanne Leroy

Marie Jeanne Leroy s’éteint à l’âge de 86 ans. Elle est inhumée le 26 avril 1751 dans le cimetière paroissial de Saint-Ignace-de-Loyola à Cap-Saint-Ignace. La date exacte de son décès ne figure pas dans l’acte de sépulture.

La sépulture de Marie Jeanne Leroy en 1751 (Généalogie Québec)

 
 


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Bibliographie :