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Martin Prévost & Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier

Découvrez l'histoire fascinante de Martin Prévost et Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier, premier mariage officiel entre un Européen et une femme autochtone au Canada.

 

Martin Prévost & Marie Sylvestre ȢchistaȢichkȢe dite Olivier

 

Une union historique au cœur de la Nouvelle-France

 

Martin Prévost, fils de Pierre Prévost et de Charlotte Vien, est baptisé le 4 janvier 1611 dans la paroisse Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Montreuil, Île-de-France, en France. Aujourd’hui, Montreuil compte environ 111 000 habitants et se situe dans le département de la Seine-Saint-Denis, à seulement huit kilomètres à l’est de Paris, ce qui en fait une banlieue de la capitale.

Plus tard dans sa vie, Martin utilise également le nom de Provost.

Baptême de Martin Prévost en 1611 (Archives départementales de Seine-Saint-Denis)

L’acte de baptême se lit comme suit :

« L’an de Grace mil six cens et unze Le quatriesme jour de janvier a été baptizé Martin fils de Pierre prevost et Charlotte Vien sa femme nommé et tenu sur les sts fondz de baptesme par Germain Mainguet assisté de Raphael Cornu et de Thomasse Cambrey faict comme dessus. » 

 

Localisation de Montreuil en France (Mapcarta)

 

Église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Montreuil, vers 1930 (Geneanet)

Église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Montreuil en 2018 (photo de Chabe01, Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0)

L’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, où Martin a été baptisé, possède une riche histoire. Son chœur remonte à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. En 1337, Charles V, roi de France, et Jeanne de Bourbon y ont été baptisés. Au fil des siècles, l’église a fait l’objet de nombreux ajouts architecturaux : la façade centrale a été achevée au XIVe siècle, une nouvelle nef a été construite au XVe siècle, et le clocher a été partiellement démoli au XIXe siècle après avoir été frappé par la foudre. Reconnue pour son importance historique, l’église a été classée monument historique en 1913.

Plaque commémorative à la mémoire de Martin Prévost située à l’intérieur de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Montreuil (Dictionnaire biographique du Canada)


De Montreuil à Québec : un voyage à travers l'Atlantique

La première mention de Martin au Canada figure dans un document de 1639 rédigé par le notaire Martial Piraube. Il arrive dans la colonie en tant que « maître valet » et « magasinier » pour la Compagnie des Cent-Associés.

 

Compagnie des Cent-Associés

Sous le règne de Louis XIII, le cardinal de Richelieu fonde, le 29 avril 1627, la Compagnie de la Nouvelle-France, également appelée Compagnie des Cent-Associés. Chargée par le roi de peupler le Canada, cette compagnie se voit attribuer la Nouvelle-France, un vaste territoire aux frontières imprécises s’étendant de la Floride au sud jusqu’au cercle polaire au nord. Elle détient également le monopole du commerce des fourrures et le pouvoir de concéder des terres.

Financée par cent actionnaires, les « cent associés », la société réunit un capital de 300 000 livres, destiné à couvrir les frais de transport, de logement et de nourriture des premiers colons durant les trois premières années de leur séjour dans la colonie. Malgré des débuts difficiles — captures de navires, famine et occupation anglaise — la Compagnie des Cent-Associés réussit à accroître la population de la colonie, accueillant environ 5 000 colons, dont une grande partie choisit de rester en Nouvelle-France.

Cependant, des difficultés financières obligent la compagnie à céder ses droits à la Compagnie des Habitants. En 1663, lorsque la colonie passe sous contrôle royal et que la Compagnie des Cent-Associés est dissoute, la Nouvelle-France compte 68 seigneuries.

Plaque dédiée à la Compagnie des Cent-Associés à Québec (@La Généalogiste franco-canadienne)


Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier est une femme autochtone, née vraisemblablement entre 1620 et 1624. Elle est la fille de Roch Manitouabeouich (ou ManitȢabeȢich) et possiblement d’Outchibahanoukoueou, bien que le prénom de sa mère demeure incertain.  

Le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) apporte des éclaircissements sur la filiation de Marie. Selon ses analyses, « sa mère pourrait bien être “Outchibaliabanoukoueau”, citée par le père Lejeune comme ayant des enfants avec Manitouabeouich. Quant au nom “Manitouabeouich” qui lui est fréquemment donné parce que c’est celui de son père, elle ne l’a jamais utilisé dans les documents qui la concernent ».

Le nom de Marie apparaît dans un acte de baptême de 1642 à Sillery, où elle agit comme marraine de Claire AiamikȢe. Cet acte est l’une des rares mentions historiques de son nom sous les formes Ouchistaouichkoue ou ȢchistaȢichkȢe.

Baptême de Claire AiamikȢe en 1642 (Généalogie Québec)

 

L’utilisation du caractère Ȣ dans les noms autochtones

Il y a plusieurs siècles, de nombreuses langues autochtones du Canada n’avaient pas de forme écrite, et la communication se faisait essentiellement à l’oral. Les chercheurs rencontrent souvent, dans des documents généalogiques, un caractère qui ressemble au chiffre 8. Ce symbole, en réalité, est la ligature Ȣ, aussi appelée ligature ou. Il représente le son ou en français et oo en anglais. 

L’utilisation de cette ligature était courante dans les premiers documents canadiens-français pour transcrire des mots et des noms autochtones. Elle permettait de représenter les sons des langues autochtones qui n’avaient pas d’équivalent direct dans l’alphabet français. La ligature Ȣ était particulièrement utile pour retranscrire les nuances des langues algonquiennes, largement parlées dans les régions où les Français s’étaient établis.


Bien que le baptême de « Marie Sylvestre Olivier » soit souvent mentionné, l’acte original n’a pas été conservé. Selon plusieurs sources, Marie aurait eu deux parrains : Olivier Letardif, dont elle porte le nom, et Pierre de Puiseaux. Ce dernier lui aurait offert une dot de 500 francs, une somme considérable pour l’époque.

Vers 1638, à l’âge d’environ 10 ans, Marie est adoptée par Olivier Letardif, un Français et personnage important de la Nouvelle-France. Originaire d’Étables, en Bretagne, Letardif arrive au Canada dès 1618. Maîtrisant plusieurs langues autochtones, il agit comme interprète auprès des Hurons, des Algonquins et des Montagnais. En 1633, il devient greffier en chef de la Compagnie des Cent-Associés, travaillant en étroite collaboration avec Samuel de Champlain.

Le lien entre Olivier Letardif et le père de Marie, Manitouabeouich, est probablement né de leur collaboration dans la traite des fourrures. Manitouabeouich aurait pu servir de guide, de traducteur ou de compagnon à Letardif lors des expéditions de traite des fourrures. Converti au christianisme, Manitouabeouich a vraisemblablement reçu le prénom de Roch lors de son baptême.

Alors que Letardif s’installe à Québec, Manitouabeouich vit dans la colonie huronne près de Sillery. Les deux hommes entretiennent des liens étroits, comme en témoigne l’adoption de Marie par Letardif. Les documents des Jésuites apportent des preuves de cette entente :

« Ils [les parents de Marie] ont donné vne petite fille de leurs enfans au sieur Oliuier, qui la chérit tendrement ; il l’entretient et la fait esleuer à la Françoise ; si cette enfant s’en retourne par fois és Cabanes des Sauuages, son pere extrêmement aise de voir sa fille bien couuerte et en fort bon point, ne l’y laisse pas demeurer long-temps, la renuoiant en la maisonoù elle demeure. »

Après le décès de Louise Couillard, épouse d’Olivier Letardif, en novembre 1641, Marie est confiée aux Ursulines de Québec. Ces dernières dirigent la première école pour filles en Nouvelle-France, accueillant aussi bien des élèves autochtones que françaises. Leur mission, similaire à celle des Jésuites, vise à convertir les peuples autochtones au catholicisme. Les religieuses cherchent également à préparer les filles autochtones à se marier avec des hommes catholiques. Marie demeure chez les Ursulines au moins jusqu’en 1642, où elle reçoit une éducation qui lui permet d’apprendre à écrire. Sa signature, « Marie Ollivier », figure sur un contrat de mariage en 1661, attestant de ses compétences en écriture.

« Premières religieuses ursulines avec des étudiantes indiennes », aquarelle de Lawrence R. Batchelor,  vers 1931 (Bibliothèque et Archives Canada)

La signature de Marie en 1661 (FamilySearch)

Après son séjour chez les Ursulines, Marie serait allée vivre chez les colons français Guillaume Hubou et sa femme, Marie Rollet. Ces derniers poursuivent son éducation selon les normes européennes, la préparant ainsi à intégrer la société coloniale française.  


Mariage et vie familiale

Le 3 novembre 1644, Martin Prévost et Marie Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier se marient à l’église de la Conception de la Vierge Marie à Québec. Ce mariage est historique, car il représente la première union connue entre un homme européen et une femme autochtone célébrée devant l’Église catholique au Canada. Le père de Marie est mentionné comme « sauvage », un terme utilisé à l’époque pour désigner les peuples autochtones, bien qu’il soit désormais reconnu comme péjoratif. Les témoins du mariage sont Olivier Letardif et Guillaume Couillard, le beau-père de Letardif.

L’acte de mariage se lit comme suit :

« L’an 1644. le 3ème jour du moys de Novembre. Les bans ayant esté publiés par 3 iours de feste de Suite, dont le 1er a esté publié le 23me Jour d’octobre, le 2e ban, le 28me jour, et le 3me Le 30me iour du mesme moys d’octobre et ne s’estant descouvert aucun empeschemt Legitime le R.P. Barthelemy Vimont Supr de La mission de La compe de Jesus en ce pays de La nouvelle-france et tenant place de curé en cette Eglise de la Conception de La Vierge Marie a Quebec a Interrogé Martin prevost fils de pierre prevost et de deffuncte Charlotte Vien Sa femme de La paroisse de montreuil Sur le bois de Vincennes et Marie Olivier fille de Roch manitȢabeȢich Sauvage et ayant eu Leur mutuel consentemt et par paroles de present, Les a solennellemt mariés et faict La bénédiction nuptiale en l’Eglise de La Conception a Quebec, en presence de tesmoins connus. Olivier Le Tardif, et Guillaume Couillard [beau-père de Letardif] de cette paroisse. »

Le mariage de Martin Prévost et Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (or ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier en 1644

Martin et Marie auront au moins huit enfants, bien que plusieurs d’entre eux ne survivront pas jusqu’à l’âge adulte :

  1. Marie Madeleine (1647-1648)

  2. Ursule (1649-1661)

  3. Louis (ca. 1651-1686)  

  4. Marie Madeleine (1655-1662)

  5. Antoine (1657-1662)

  6. Jean Pascal (1660-?)

  7. Jean Baptiste (1662-1737)

  8. Marie Thérèse (1665-1743)


S’établir en Nouvelle-France

Artificial intelligence image created by the author with Dall-E (Jan 2025)

Le 12 février 1645, Martin achète d’un certain Bourguignon une concession de terre dans la seigneurie de Beauport. Cette terre, d’une largeur de cinq arpents le long du fleuve Saint-Laurent, devient le lot de la famille Prévost. C’est là que Martin et Marie s’installent pour élever leurs enfants. La transaction est mentionnée dans un inventaire datant de 1683.

En plus de la ferme familiale, Martin acquiert des propriétés dans la Basse-Ville de Québec. Le 5 juin 1656, il achète une partie d’une maison appartenant à René Maheut [ou Maheu] pour 110 livres. Située rue Sous-le-Fort, cette propriété comprend une maison à charpente et mesure 18 pieds de front. Cependant, dix jours plus tard, Martin précise, dans une note annexée au contrat, qu’il agit pour le compte de Jean Baillargeon, qui accepte de respecter les termes initiaux de l’acte. Ce document porte pour la première fois la signature de Martin.  

La signature de Martin Prévost en 1656 (FamilySearch)

Le 22 juin 1659, Martin achète un autre lot dans la Basse-Ville de Québec auprès du révérend père Paul Ragueneau, agissant au nom des Jésuites. Ce terrain, comprenant une charpente de maison, est acquis moyennant le paiement d’une rente annuelle de 8 livres.

Outre le contrat de vente, le dossier du notaire contient une note du révérend père Jérôme Lalemant, datée du 10 mai 1661. Dans cette note, Lalemant accepte de réduire la rente à cinq livres, à la demande de Martin, en invoquant sa considération pour « Marie Olivier », une « Algonquine ». Cette mention constitue la première preuve documentée de l’appartenance de Marie à une nation autochtone.

Note du Père Lalemant en 1661, indiquant que Marie est « Algonquine » (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


La nation de Marie : Algonquine ou Abénaquise ?

Bien que les documents historiques décrivent Marie comme une Algonquine, des analyses récentes, notamment celles du Secrétariat de la nation algonquine, suggèrent qu’elle était plus vraisemblablement Abénaquise. Cette reclassification souligne la complexité de l’étude des identités autochtones dans les archives coloniales, où les observateurs européens ont souvent mal identifié ou généralisé les affiliations culturelles et ethniques des peuples autochtones.

« Couple abénaqui », aquarelle du XVIIIe siècle d’un artiste inconnu (Ville de Montréal)

« Couple algonquin », aquarelle du XVIIIe siècle d’un artiste inconnu (Ville de Montréal)


Le 25 juillet 1660, Martin élargit ses possessions dans la Basse-Ville de Québec en achetant un emplacement et une maison auprès de Pierre Petit et Catherine Desnaguez [Desnaguets] pour 200 livres. Située dans le cul-de-sac, face au Fort Saint-Louis, cette propriété comprend une maison d’une seule pièce avec une cave et un grenier. Lors de cet achat, Martin est incrit comme résident de Beauport.

Le même jour, Martin acquiert un emplacement adjacent par voie de concession. Le lot, d’une superficie de 25 pieds sur 14 pieds (350 pieds carrés), lui est concédé en échange d’une rente annuelle de deux sols. Ces transactions renforcent la présence de Martin dans la Basse-Ville de Québec, tout en conservant sa résidence principale à Beauport.

« Le véritable plan de Québec en 1663 », attribué à Jean Bourdon (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


Décès de Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier

Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) est décédée le 10 septembre 1665. Elle est inhumée deux jours plus tard dans le cimetière paroissial Notre-Dame, à Québec.

Sépulture de Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier en 1665 (Généalogie Québec)

Moins de deux mois après le décès de Marie, Martin Prévost se remarie. Le 8 novembre 1665, il épouse la veuve Marie d’Abancourt dite Lacaille lors d’une cérémonie à la chapelle de Beauport. Les témoins de leur mariage sont Robert Giffard et Charles Cadieu dit Courville.

Mariage de Martin Prévost et Marie d’Abancourt dite Lacaille en 1665 (Généalogie Québec)

Lors du recensement de 1666, Martin et sa nouvelle épouse, Marie, sont inscrits comme résidant à Beauport avec leurs cinq enfants et deux domestiques. Martin y est identifié comme habitant.

En 1667, un autre recensement indique que la famille est toujours à Beauport, bien qu’elle compte maintenant quatre enfants et qu’elle continue d’employer deux domestiques. Martin possède 45 arpents de terre en valeur et neuf bestiaux.

Recensement de 1667 pour la famille Prévost (Bibliothèque et Archives Canada)


Difficultés financières et vente de propriétés

Le 10 décembre 1667, Martin est convoqué devant des représentants de la Compagnie des Indes occidentales en raison d’un cens impayé sur ses deux propriétés situées dans la Basse-Ville de Québec. Ces terres appartenant à la Compagnie, Martin s’engage à régler les loyers en retard ainsi que les obligations futures.

 Quelques mois plus tard, le 20 mars 1668, Martin vend l’une de ces propriétés à Nicolas Gauvreau, maître-armurier. La vente, réalisée en son nom et au nom de ses enfants mineurs, atteint une somme de 300 livres. Située dans la Basse-Ville de Québec, la propriété comprend une petite maison dotée d’une cave, d’une cuisine, d’un cabinet et d’un grenier. L’acte de vente décrit Martin comme résident de la côte de Beauport et veuf de Marie Olivier, qualifiée d’« Algonquine Sauvagesse de nation ». 

Séparation et dernières années

Le 8 octobre 1668, une première mention de la séparation entre Martin Prévost et sa seconde épouse, Marie d’Abancourt, apparaît dans un acte de vente. Ce document indique que Marie est désormais « séparée quant aux biens de Martin Prévost, son époux ». [L’expression « séparée quant aux biens » ne signifie pas nécessairement une séparation conjugale ou de couple au sens moderne, mais plutôt une séparation de leurs patrimoines. En droit civil de l’époque, ce type de séparation était une mesure légale permettant à une épouse de protéger ses biens ou de récupérer une autonomie financière face aux dettes ou aux difficultés financières de son mari. Malheureusement, on ne connait pas l’état de la relation personnelle ou conjugale entre Martin et Marie à cette date.]

En novembre 1681, le recensement de la Nouvelle-France recense Martin, âgé de 71 ans [sic], vivant à Beauport avec trois de ses enfants et deux domestiques. Il possède deux fusils, 46 arpents de terre en valeur et dix bêtes à cornes. Sa résidence se trouve à proximité de celle de son fils Louis et de sa famille.

Recensement de 1681 pour la famille Provost (Bibliothèque et Archives Canada)

Le 5 novembre 1683, le notaire Michel Fillion se rend au domicile de Martin à Beauport pour dresser un inventaire des biens appartenant à lui et à sa défunte épouse, Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe), dite Olivier. Cet inventaire est réalisé avec l’aide de Noël Langlois dit Traversy et de quelques autres estimateurs.

 

L’inventaire après décès

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Lorsqu’un couple se marie, avec ou sans contrat, il est soumis à la « communauté de biens ». Tous les biens acquis pendant l’union par les époux font partie de cette communauté. Après le décès des parents (si le couple a des enfants), les biens de la communauté sont partagés en parts égales entre tous les enfants, fils et filles. Lorsque la communauté était dissoute par le décès d’un des conjoints, le survivant avait droit à sa moitié, l’autre moitié étant divisée en parts égales entre les enfants. Au décès du survivant, les enfants se partagent leur part de la communauté. Des inventaires étaient dressés après le décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.


L’inventaire de neuf pages énumère méticuleusement les biens de Martin et Marie :

  • Articles ménagers : ustensiles de cuisine, casseroles, poêles, vaisselle, chandeliers

  • Meubles : quatre armoires en pin, plusieurs coffres en bois, une table en pin

  • Outils et armes : plusieurs haches, deux fusils

  • Literie et textiles : matelas, oreillers, draps et linge de maison

  • Objets divers : une peau d’orignal, des vêtements, des chaussures, une bague en or

  • Provisions : 35 cordes de bois, six minots de farine

  • Bétail : deux bœufs de 8 ans, quatre jeunes bœufs, cinq vaches, trois veaux, trois gros cochons et deux petits cochons.

  • Terres : une parcelle de cinq arpents à Beauport

L’inventaire mentionne également les dettes de Martin, évaluées à plus de 100 livres et 20 cordes de bois. Il est intéressant de noter que Martin signe ce document sous le nom de « Provost », marquant ainsi un changement dans l’orthographe de son patronyme.

Extrait de l’inventaire de 1683, énumérant les animaux de Martin (FamilySearch)


Décès et inhumation

Martin Prévost est décédé le 27 janvier 1691, à l’âge de 80 ans. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Beauport. Noël et Pierre Vachon, fils du notaire Paul Vachon, sont témoins de son inhumation.

Sépulture de Martin Prévost en 1691 (Généalogie Québec)

Héritage

Martin Prévost est considéré comme l’ancêtre d’une grande partie des familles Prévost et Provost en Amérique du Nord. Sa première épouse, Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier, a laissé un héritage tout aussi remarquable. Elle figure parmi les premières femmes autochtones du Canada à avoir épousé un Européen dans le cadre de l’Église catholique. Aujourd’hui, on estime qu’elle compte plus de 800 000 descendants directs.

 

Plaque commémorant Martin Prévost et Marie Sylvestre Ouchistaouichkoue (ou ȢchistaȢichkȢe) dite Olivier, situé dans le parc Martin-Prévost à Courville, Québec (photo [recadrée] d’Alain Prévost, Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0)

 
 
 
 


 

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Bibliographie :

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  • Ibid. (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3Q9M-CSVN-3238?cat=1171569&i=1454 : consulté le 13 janv. 2025), vente d’une portion de maison de René Maheut à Martin Prevost à la Basse-Ville de Québec, 5 juin 1656, images 1454-1456 sur 2642.

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  • « Fonds Ministère des Terres et Forêts - Archives nationales à Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/264014  : consulté le 10 janv. 2025), « Contrat de vente d'une place (emplacement) sise en la Basse-Ville de Québec, sur laquelle il y a une charpente de maison, par le Révérend Père Paul Ragueneau, procureur des Révérends Pères de la Compagnie de Jésus, faisant pour ladite Compagnie, à Martin Provost (Prévost), par-devant Guillaume Audouart, secrétaire du Conseil établi par le Roi à Québec, notaire en la Nouvelle-France, et en présence de Martin Boutet et de Robert Hache, témoins », 22 juin 1659, cote E21,S64,SS5,SSS1,D95, Id 264014.

  • « Fonds Intendants - Archives nationales à Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/94220 : consulté le 13 janv. 2025), « Contrat de vente par Jean Levasseur, huissier, au nom et comme procureur du sieur Pierre Lepetit (Petit) et Catherine Desnaguez, sa femme, à Martin Provost, habitant de la côte de Beauport, d'un emplacement et d'une maison sis en la Basse-Ville de Québec, au lieu dit vulgairement du Cul-de-sac, vis-à-vis du fort Saint-Louis (Notaire Guillaume Audouart dit Saint-Germain) », 25 juil. 1660, cote E1,S4,SS1,D345,P6, Id 94220.

  • Ibid. (https://advitam.banq.qc.ca/notice/94077 : consulté le 13 janv. 2025), « Concession par Pierre de Voyer, Chevalier, Vicomte d'Argenson, conseiller du Roi, gouverneur et lieutenant général pour Sa Majesté en Nouvelle-France, à Martin Provost d'un emplacement sis en la Basse-Ville de Québec, borné par un petit passage qui descend dans le Cul-de-sac », 25 juil. 1660, cote E1,S4,SS1,D345,P5, Id 94077.

  • Ibid. (https://advitam.banq.qc.ca/notice/91116 : consulté le 13 janv. 2025), « Déclaration faite au papier terrier de la Compagnie des Indes occidentales par Martin Prévost, laquelle déclaration étant relative à une place sise en la Basse-Ville de Québec, par-devant la rue Sous-le-Fort, sur laquelle il y a une maison consistant en une chambre, un cabinet, une cave et un grenier, et à un emplacement par-devant la rue descendante au Cul-de-Sac et port de Québec », 10 déc. 1667, cote E1,S4,SS2, P106, Id 91116.

  • Ibid. (https://advitam.banq.qc.ca/notice/94321 : consulté le 13 janv. 2025), « Contrat de vente par Martin Provost, habitant de la côte de Beauport, veuf de feue Marie Olivier, sa première femme, sauvagesse algonquine de nation (amérindienne), tant en son nom que comme tuteur de leurs enfants mineurs, à Nicolas Gauvreau, maître armurier et arquebusier de Québec, d'un emplacement et d'une petite maison sis en la Basse-Ville de Québec (Notaire Romain Becquet) », 20 mars 1668, cote E1,S4,SS1,D345,P8, Id 94321.

  • Parchemin, banque de données notariales du Québec ancien (1626-1801), Société de recherche historique Archiv-Histo (https://archiv-histo.com : consulté le 13 janv. 2025), « Vente d'une terre située en la côte et seigneurie de Beaupré; par Marie D'abancour, séparée quant aux biens de Martin Prévost, son époux, de la seigneurie de Beauport, épouse antérieure de Geoffroy Guillot, Adrien Jolliet et Louis Jolliet, frères, fils dudit défunt, tant en leurs noms que pour François Fortin et Marie Jolliet, son épouse, et encore pour Zacharie Jolliet (mineur), à François de Laval, évêque de Pétrée, vicaire apostolique de la Nouvelle-France et seigneur de Beaupré », notaire G. Rageot, 8 oct. 1668.

  • « Recensement du Canada, 1667 », images numérisées, Bibliothèque et Archives Canada (https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=fonandcol&IdNumber=2318857&new=-8585951843764033676 : consulté le 10 janv. 2025), ménage de Martin Prévost, 1667, Beauport, page 51, instrument de recherche MSS0446, item 2318857 ; citant les données originales: Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.

  • « Recensement du Canada fait par l'intendant Du Chesneau », Bibliothèque et Archives Canada (https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=fonandcol&IdNumber=2318858&new=-8585855146497784530 : consulté le 10 janv. 2025), ménage de Martin Provost, 14 nov. 1681, Beauport, page 267, instrument de recherche MSS0446, MIKAN no. 2318858 ; citant les données originales: Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.

  • Université de Montréal, base de données, Programme de recherche en démographie historique (PRDH) (https://www-prdh-igd.com/Membership/fr/PRDH/Individu/63388 : consulté le 10 janv. 2025), entrée du dictionnaire pour Marie OUCHISTAOUICHKOUE OLIVIER, individu 63388.

  • Université de Montréal, base de données, Programme de recherche en démographie historique (PRDH) (https://www-prdh-igd.com/Membership/fr/PRDH/Famille/452 : consulté le 10 janv. 2025), entrée du dictionnaire pour Martin PROVOST PREVOST et Marie OUCHISTAOUICHKOUE OLIVIER, union 452.

  • Honorius Provost, « PRÉVOST (Provost), MARTIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– (https://www.biographi.ca/fr/bio/prevost_martin_1E.html : consulté le 10 janv. 2025).

  • « Fondation de la Compagnie des Cent-Associés », Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/evenements/ldt-889 : consulté le 10 janv. 2025).

  • Robert Prévost, « Enfant des bois, Marie Manitouabe8ich était sans doute...sylvestre, mais pas par son nom », Mémoires de la Société généalogique canadienne-française, volume 48, no. 1, printemps 1997, 33.

  • « Letardif, Olivier », Gouvernement du Québec, Ministère de la Culture et des Communications, Répertoire du patrimoine culturel du Québec (https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=24728&type=pge : consulté le 13 janv. 2025).

  • Relations des Jésuites, volume 1 (Québec, Augustin Coté Éditeur Imprimeur, 1858), chapitre 1637, 13.

  • Marcel Trudel, Les écolières des Ursulines de Québec, 1639-1686 : Amérindiennes et Canadiennes (Montréal, Éditions Hurtubise HMH ltée, 1999), 120-121.

  • Darryl Leroux, Distorted Descent: White Claims to Indigenous Identity (Winnipeg, University of Manitoba Press, 2019), 58, 143.

  • Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens-Francais 1608-1880, volume 4 (Canada, Wilson & cie., 1882), livre numérisé par Google Books (https://books.google.ca/books?id=7whfu_f-XVIC&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false : consulté le 10 janv. 2025), page 56.