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Jacques Miville dit Deschênes & Catherine de Baillon

Découvrez comment les racines suisses et l’ascendance royale se rejoignent dans l’histoire de Jacques Miville dit Deschênes et de Catherine de Baillon, reliant de nombreux Canadiens français à Charlemagne et à la royauté européenne.

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Jacques Miville dit Deschênes & Catherine de Baillon

Découvrez comment les racines suisses et l’ascendance royale se rejoignent dans l’histoire de Jacques Miville dit Deschênes et de Catherine de Baillon, reliant de nombreux Canadiens français à Charlemagne et à la royauté européenne.


Jacques Miville dit Deschênes, fils de Pierre Miville dit Le Suisse et de Charlotte Maugis (ou Mongis), est baptisé le 2 mai 1639 dans la paroisse de Saint-Hilaire à Hiers, en Saintonge, en France. Ce village, aujourd’hui connu sous le nom de Marennes-Hiers-Brouage, est situé dans le département de la Charente-Maritime. D’après son acte de baptême, les parents de Jacques résident à Brouage, son père étant identifié comme « souice de nation ». Son parrain est Isaac Miville et sa marraine, Salomée Lomène.

Brouage, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de La Rochelle, est également le lieu de naissance probable de l’explorateur Samuel de Champlain, fondateur de Québec. Cette ville fortifiée fut établie au XVIe siècle comme plaque tournante du commerce du sel. Aujourd’hui, la commune de Marennes-Hiers-Brouage compte environ 6 000 habitants.    

Baptême de Jacques Miville en 1639 (Archives de la Charente-Maritime)

Église de Saint-Hilaire à Marennes-Hiers-Brouage (photo de Llann Wé², Wikimedia Commons)

Localisation de Marennes-Hiers-Brouage en France (Mapcarta)

Carte de Brouage et ses fortifications en 1630 (Bibliothèque nationale de France)

Carte postale de Brouage, vers 1920-1930 (Geneanet)


L’arrivée des Miville au Canada

Lorsque Jacques a 10 ans, sa famille émigre de France vers le Canada, alors une colonie de la Nouvelle-France. La famille Miville arrive à Québec durant l’été 1649, probablement à bord du Grand Cardinal ou du Notre-Dame. Les enfants de la famille sont Jacques, François, Marie, Marie Aimée, Marie Madeleine et Suzanne.

Carte de la Nouvelle-France en 1632 de Samuel de Champlain (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

La famille s’installe d’abord dans la seigneurie de Lauzon, sur une falaise faisant face aux plaines d’Abraham, près de l’actuel Saint-David-de-l’Auberivière. Cette terre leur est concédée par le gouverneur de la Nouvelle-France, Louis d’Ailleboust de Coulonge, le 29 octobre 1649. Le même jour, Pierre reçoit également une concession de terre près de Québec, sur le chemin Saint-Louis (aujourd’hui Grande Allée).

Le 16 juillet 1665, Alexandre de Prouville de Tracy, alors lieutenant général d’Amérique, concède une grande terre à plusieurs hommes d’origine suisse : Pierre Miville, ses fils François et Jacques, ainsi que François Tisseau, Jan Gueuchuard, François Rimé et Jean Cahusin. Cette région est surnommée Canton des Suisses fribourgeois, en référence à Fribourg, canton suisse et lieu de naissance de Pierre Miville. La concession s’étend sur 21 arpents de front, le long de la rivière, et 40 arpents de profondeur, répartis équitablement entre les sept hommes. Elle est située au lieu-dit la Grande-Anse, qui s’étend sur une quinzaine de kilomètres entre Saint-Roch-des-Aulnaies et Rivière-Ouelle, « quinze lieues au dessous de Québec allant vers Tadoussac du côté du sud ».

Concession du Canton des Suisses fribourgeois en 1665 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le recensement de 1667 de la Nouvelle-France indique que Pierre et Charlotte vivent sur la côte de Lauzon avec leur fils Jacques et un domestique nommé Le Lorain. À cette époque, Pierre possède huit bêtes à cornes et 30 arpents de terre en culture.

Recensement de 1667 pour la famille Miville (Bibliothèque et Archives Canada)

En 1668, trois membres de la famille Miville — Pierre, Charlotte et leur fils Jacques — sont convoqués par le Conseil Souverain pour témoigner dans l’affaire de Jacques Bigeon, accusé du meurtre de Nicolas Bernard. Au moment de la mort de ce dernier, Jacques est capitaine de quartier sur la côte de Lauzon. En ce jour fatidique de janvier, Bigeon informe Jacques et un autre voisin, Antoine Dupré, que Bernard a été tué par un arbre qu’il avait abattu. Après avoir examiné le corps et interrogé Bigeon, Jacques et Dupré signalent l’incident à un juge de Québec. À la suite des dépositions de plusieurs témoins, dont la famille Miville, et d’autres interrogatoires — ainsi que la torture de Bigeon —, celui-ci est reconnu coupable et exécuté.

 

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (août 2024)

 

Un an plus tard, le 14 octobre 1669, le patriarche Pierre Miville décède dans sa maison sur la côte de Lauzon. Il est inhumé le lendemain au cimetière paroissial Notre-Dame de Québec.


Catherine de Baillon, fille d’Alphonse Baillon, seigneur de Valence et de la Mascotterie, et de Louise de Marle, seigneuresse de Ragonant, est née vers 1645 aux Layes, en Île-de-France, France (aujourd’hui Les Essarts-le-Roi, Rambouillet, Yvelines, France). Catherine est issue d’une famille française noble et descend de plusieurs monarques européens, dont Charlemagne (à travers trois lignées distinctes) ainsi que des empereurs byzantins.

Catherine et ses parents dans les généalogies de Marle, faisant partie du Fonds d’Hozier. Conservé à la Bibliothèque nationale de France à Paris, le Fonds d’Hozier contient des dossiers généalogiques créés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces dossiers ont été cédés au roi par Charles d’Hozier en 1717 et sont classés par ordre alphabétique des noms de famille. Les documents et les généalogies étaient soumis pour prouver la noblesse afin de bénéficier des avantages de la couronne.

Gros plan des noms de Catherine et de ses parents dans les généalogies de Marle

Vue aérienne de Les Essarts-le-Roi, carte postale de 1960 (Geneanet)

Les Essarts-le-Roi, carte postale de 1904 (Geneanet)

Localisation de Les Essarts-le-Roi en France (Mapcarta)


Catherine est l’une des rares nobles envoyées en Nouvelle-France en tant que Fille du roi. Partie du port de Dieppe en juin 1669 à bord du Saint-Jean-Baptiste, elle arrive à Québec en septembre, en compagnie de 148 autres Filles du roi. Les raisons de son départ de France demeurent un mystère, bien que certains auteurs aient émis l’hypothèse qu’elle aurait été rejetée par sa famille pour des raisons inconnues.  

La magnifique murale des Filles du roi, peinte par Annie Hamel sur un mur de l’école Saint-Gabriel à Pointe-Saint-Charles, Montréal (© La Généalogiste franco-canadienne)

Pour les personnes intéressées à retracer l’ascendance européenne de Catherine de Baillon, je recommande l’achat de la Table d’ascendance de Catherine Baillon auprès de la Société généalogique canadienne-française.


Le mariage de Jacques Miville dit Deschênes et Catherine de Baillon

Le 19 octobre 1669, Jacques Miville, « sieur des Chesnes », et Catherine de Baillon se rendent à l’étude du notaire Pierre Duquet de Lachesnaye à Québec pour faire rédiger leur contrat de mariage devant plusieurs témoins de marque. Les témoins de Jacques sont sa mère, Charlotte, ainsi que ses frères et sœurs : François (et son épouse, Marie Langlois), Marie (et son époux, Mathieu Amyot, sieur de Villeneuve), et Aimée (et son époux, Robert Giguère). Philippe, sieur de la Fontaine, et son épouse, Charlotte Giguère, ainsi que le sieur Jean Maheu, bourgeois, et son épouse, Marguerite Corriveau, sont également présents. Les témoins de Catherine sont Daniel de Rémy Chevalier, seigneur de Courcelles et gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Saurel, capitaine dans le régiment de Carignan-Salières, Louis Rouer, sieur de Villeray, notaire et conseiller du roi au Conseil souverain, le sieur Laurent Paulet, capitaine du Saint-Jean-Baptiste (le navire sur lequel Catherine a voyagé), et Antoinette Fradet. Les mariés peuvent tous deux signer leur nom.

Le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. Le douaire préfix est établi à 1 000 livres et le préciput à 500 livres.  

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Qu’il y ait ou non un contrat de mariage, un couple est soumis à la « communauté de biens », c’est-à-dire que tous les biens acquis pendant le mariage font partie de la communauté. Au décès des parents, les biens de la communauté sont partagés à parts égales entre tous les enfants, qu’ils soient fils ou filles. Si l’un des conjoints décède, le conjoint survivant conserve la moitié des biens de la communauté, tandis que l’autre moitié est partagée entre les enfants. Au décès du conjoint survivant, sa part est également répartie à parts égales entre les enfants.

Le douaire désignait la part de propriété réservée par le mari à sa femme au cas où elle lui survivrait. Le préciput, sous le régime de la communauté de biens, était un avantage conféré par le contrat de mariage, généralement au conjoint survivant, lui accordant le droit de réclamer une somme d’argent ou un bien déterminé à la communauté avant le partage du reste.

Catherine apporte 1 000 livres de biens au mariage, dont 300 sont versées à la « communauté de biens » du couple. Il s’agit d’une somme considérable, car la plupart des Filles du roi avaient peu ou pas de dot, hormis les 50 livres fournies par le roi.

Signatures au contrat de mariage de Jacques Miville dit Deschênes et Catherine de Baillon en 1669 (FamilySearch)

Jacques et Catherine publient leurs bans de mariage, déclarant leur intention de se marier, les 20, 27 et 28 octobre. Ils se marient le 12 novembre 1669 à la paroisse Notre-Dame de Québec. Jacques a alors 30 ans et Catherine environ 24 ans.

Mariage de Jacques Miville dit Deschênes et Catherine de Baillon (Généalogie Québec)

Le couple s’installe d’abord sur la côte de Lauzon et aura sept enfants :

  1. Marie Catherine (1670-1715)

  2. Charles (1671-?)

  3. Jean (1672-1711)

  4. Marie Louise (1675-1754)

  5. Charles (1677-1758)

  6. Marie Claude (1681-?)

  7. Robert (ca. 1683-1758)

Deux jours après avoir signé son contrat de mariage, Jacques demande au même notaire de rédiger une entente pour des travaux sur sa terre à Grande-Anse. Il s’engage à payer à Raymond Cornut et à Jean Boudeau 20 livres par arpent de terre qu’ils défricheront, à condition que chaque arbre soit coupé en billots de neuf à dix pieds de long.  

Le 10 avril 1670, Jacques engage le marin Jean Cazenave (ou Casseneuve) pour effectuer des tâches de navigation et autres services pour lui, moyennant la somme de 120 livres. [La durée de l’engagement n’est pas claire.]


Don à la Confrérie de Sainte-Anne

Le 18 juillet 1670, Jacques et François Miville, ainsi que leur mère Charlotte, font un don à la Confrérie de Sainte-Anne à Québec pour la décoration de la chapelle Sainte-Anne. Ce don, d’un montant de 80 livres et 6 sols, est « solidairement poussé par un motif de dévotion envers Madame Ste. Anne » et enregistré par le notaire Pierre Duquet. En retour, la Confrérie s’engage à célébrer, dans les huit jours, une messe de requiem pour le repos de l’âme de feu Pierre Miville.


La traite des fourrures : une entreprise risquée

À l’automne 1669, peu après la mort de Pierre Miville, sa veuve Charlotte et leurs deux fils, Jacques et François, s’associent pour se lancer dans le commerce des fourrures. Malheureusement, cette décision s’avère désastreuse. Le trio achète à crédit des marchandises d’une valeur de 4 691 livres et 16 sols, qu’il compte échanger contre des fourrures auprès des peuples autochtones. Cependant, en raison des mauvaises conditions cette année-là, « tant a cause de la mortallitté & malladie des Sauvages, que faute de neige suffisante pour la Chasse », ils n’ont pu vendre que pour 1 705 livres de fourrures, ce qui les a empêchés de rembourser leur dette. La société est dissoute le 19 juillet 1670, François étant déchargé de toute responsabilité par sa mère et son frère. Jacques conserve la propriété d’une maison à la Rivière Saint-Jean qui leur avait été donnée. Charlotte et Jacques prennent en charge le reste de la dette ainsi que les marchandises invendues.

Extrait de la liste des biens appartenant à la société dissoute de Miville en 1670 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Un an avant le début de la société, Jacques avait déjà accumulé des dettes auprès d’un autre marchand. Le 26 janvier 1668, il reconnaît devoir 335 livres à Jean Maheu pour des marchandises.

Pour gérer leurs dettes croissantes, Charlotte et Jacques se présentent devant le notaire Becquet le 14 septembre 1670 pour établir la « constitution d’une rente annuelle et perpétuelle » en faveur d’Alexandre Petit, un marchand de La Rochelle, en France. Ils hypothèquent le domaine de Pierre Miville, qui comprend une maison, une grange et une écurie. Petit leur prête 1 670 livres, remboursables annuellement à raison de 92 livres, 15 sols et 6 deniers.

Quatre jours plus tôt, le 10 septembre, Jacques a reconnu devoir 171 livres au marchand bordelais Jacques de Lamotte pour des marchandises.

Les fils Miville, ainsi que leur mère veuve, continuent à lutter contre les dettes pendant des années. Charlotte, incapable de payer ce qu’elle doit, est poursuivie par Alexandre Petit. La prévôté de Québec ordonne la saisie de ses terres, ainsi que d’une maison à Québec. François fait appel de la décision, affirmant que la moitié de la terre et de la maison appartient aux enfants de Pierre Miville dans le cadre de leur héritage. Le Conseil Souverain donne raison à François. 

Le 5 novembre 1674, les enfants Miville vendent leur moitié de la maison située dans la basse-ville de Québec au notaire Gilles Rageot pour 150 livres. Le lendemain, un compromis d’arbitrage est établi devant le notaire Duquet pour régler les dettes de la succession Miville auprès des créanciers, à savoir Charles Bazire et Alexandre Petit. Trois arbitres sont désignés pour trancher l’affaire, afin d’éviter d’épuiser les fonds de la succession en frais de notaire. Les deux parties s’engagent à respecter la future sentence arbitrale.

La veille, le 4 novembre 1673, Jacques cède une terre à Pierre Normand de Labrière. La terre mesure six arpents de front le long du fleuve Saint-Laurent. On ne sait pas si un paiement a été effectué ou ce que Normand a accepté en échange de la terre.


Lutte contre l’endettement

Le 17 décembre 1674, l’un des créanciers des Miville, Charles Bazire, demande avec succès que François soit nommé curateur « à la personne et biens » de sa mère, Charlotte, en raison de sa démence. François se voit accorder l’autorité « pour poursuivre ou défendre les droits de sa dite mère contre qui il appartiendra ».

Pendant ce temps, en France, Catherine reçoit une donation de sa famille, ce qui allège probablement le fardeau financier du couple. À Paris, le 11 octobre 1673, la mère de Catherine, Louise de Marle, enregistre une donation de tous ses biens meubles et immeubles à son fils Antoine. En contrepartie, Antoine est tenu de verser à sa sœur Catherine 600 livres, en règlement de « tous les droits qu’elle pourroit prétendre en sa succession ».

Le 15 juin 1674, Jacques reçoit de Jean Baptiste Deschamps, sieur de la Bouteillerie, une concession de terre à la Rivière Saint-Jean, au territoire de la Grande-Anse. Elle mesure 12 arpents de front, le long du fleuve Saint-Laurent, avec « six arpents au-dessus et six arpents au-dessous de la rivière Saint-Jean », sur 40 arpents de profondeur. Jacques s’engage à payer 12 deniers par an en cens, ainsi que deux poules. Moins de trois semaines plus tard, le 6 juillet 1674, Jacques transfère la moitié de la concession à Louis Lemieux. En contrepartie, Lemieux s’engage à lui verser annuellement 20 sols par arpent de front, ainsi que six chapons vifs (ou 20 sols chacun), en plus des 12 deniers de cens dus au seigneur de la Bouteillerie. En 1674, la famille Miville quitte la côte de Lauzon pour s’installer à Grande-Anse. À cette époque, plusieurs colons de la région de Québec, de l’Île-d’Orléans, de la côte de Beaupré et de Beauport cherchent à s’établir sur la rive sud du Saint-Laurent.

Les premiers concessionnaires de La Pocatière (Léon Roy, Les terres de la Grande-Anse des Aulnaies et du Port-Joly)

Un an plus tard, le 3 juillet 1675, Jacques reçoit une autre concession de terre de Claude de Bermen de la Martinière, agissant au nom des enfants mineurs de Jean de Lauson, grand sénéchal de la Nouvelle-France. L’acte mentionne que Jacques est résident de la Grande-Anse. La concession mesure environ trois arpents et trois perches de front le long du fleuve Saint-Laurent, avec une profondeur de quarante arpents, et est située à côté de la terre de feu Pierre Miville. L’accord inclut des droits de chasse et de pêche sur la propriété.

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (sept. 2024)

Selon les termes du contrat, Jacques (ou une personne désignée par lui) devra « s’y établir dès la présente année », sur la terre, « de defricher icelle et continuer a L’advenir incessammant ». En outre, il sera tenu d’entretenir les chemins, ainsi que de faire moudre ses grains au moulin de la seigneurie. Chaque année, le jour de la Saint-Rémy, Jacques devra livrer deux chapons vifs ou payer 30 sols chacun, au choix du propriétaire, ainsi que 20 sols par arpent de front en rente.   

Entre-temps, Jacques continue d’accumuler des dettes. Le 19 novembre 1675, il reconnaît devoir 150 livres à Delay et Mars, marchands de La Rochelle, pour des marchandises.    

Le 8 mai 1676, Jacques reçoit de Marie Anne Juchereau, veuve de François Pollet de Lacombe, une concession de terre dans la seigneurie de la Bocardière. La terre mesure dix arpents de front le long du fleuve Saint-Laurent et s’étend sur 40 arpents de profondeur, avec la rivière Saint-Jean comme frontière. Jacques s’engage à payer six sols en argent et quatre chapons vivants à titre de rente seigneuriale. Il est également tenu de moudre son grain au moulin seigneurial. (La Bocardière fait référence à la seigneurie de La Pocatière, que Juchereau avait reçue en 1672 ; elle était aussi connue sous le nom de Grande-Anse.)

Jacques perd sa mère, Charlotte, atteinte de démence, le 10 octobre 1676. Elle est enterrée le lendemain « dans le cimetière de L’Eglise qui se fait en ladite coste de Lauzon ».

Sept ans plus tard, Jacques et ses créanciers français n’ont toujours pas réglé leurs différends. Le 15 juin 1677, un accord est signé entre Jacques et Catherine, et Moïse Petit, fils d’Alexandre Petit, agissant au nom de son père en tant que marchand à La Rochelle. Jacques et Catherine cèdent à Petit, pour la modique somme de 150 livres, tous leurs biens situés sur la côte de Lauzon, incluant un terrain de trois arpents et environ trois perches de front sur 40 arpents de profondeur. En retour, Petit versera une partie de cette somme à Charles Bazire. Avec cette transaction, les dettes de Jacques envers Petit et Bazire sont définitivement réglées.

Plus tard cette année-là, le 1er septembre, Jacques achète une concession de terre à Rivière-Ouelle de Jacques Bernier dit Jeandeparis pour 40 livres. La terre mesure six arpents de front, face à la rivière Ouelle, et s’étend sur douze arpents de profondeur. La rente annuelle sur la propriété est de 60 sols et trois chapons (soit 20 sols chacun).  

En 1681, un recensement est effectué en Nouvelle-France. Jacques et Catherine vivent à Rivière-Ouelle avec leurs quatre enfants. La famille possède deux fusils, sept bêtes à cornes et huit arpents de terre en culture.

Recensement de 1681 pour la famille Miville (Bibliothèque et Archives Canada)


Les décès tragiques de Jacques et Catherine

Jacques Miville dit Deschênes est décédé le 27 janvier 1688 à l’âge de 48 ans. Il est inhumé le lendemain dans la paroisse Notre-Dame-de-Liesse à Rivière-Ouelle. Catherine de Baillon est enterrée deux jours plus tard, le 30 janvier 1688, également à Rivière-Ouelle, bien que son acte de sépulture n’indique pas la date de son décès. Le couple a probablement succombé à l’épidémie de variole qui a ravagé la colonie cette année-là.  

Sépultures de Jacques Miville dit Deschênes et Catherine de Baillon en 1688 (Généalogie Québec)

Le décès soudain de Jacques et de Catherine laisse cinq enfants orphelins, probablement dans une situation financière précaire. Le frère de Jacques, François, devient le tuteur légal des enfants. Cet arrangement est officiellement dissous par un acte notarié le 15 septembre 1698, date à laquelle tous les enfants ont atteint l’âge adulte.

Au fil des siècles, les descendants de Jacques et de Catherine se sont répandus au Québec, au Canada et aux États-Unis, et se comptent aujourd’hui par milliers. La famille Miville a contribué au développement de la Nouvelle-France et a laissé une empreinte durable dans l’histoire généalogique de l’Amérique du Nord. Leur histoire reste significative pour ceux qui retracent leur ascendance à partir d’une noble française et d’un colon suisse.

 


 

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Bibliographie :