Pierre Tremblay et Ozanne « Anne » Achon
Pierre Tremblay et Ozanne « Anne » Achon sont les ancêtres de la plus grande famille francophone d'Amérique du Nord. 1 % de tous les Québécois s'appellent Tremblay!
Pierre Tremblay et Ozanne « Anne » Achon
Rencontrez les ancêtres de la plus grande famille francophone de l'Amérique du Nord
Origines françaises
Pierre Tremblay (ou Tremblé), le fils de Philibert Tremblay et de Jeanne Coignet dite Lebreuil, est né vers 1626 à La Filonnère, située dans la paroisse de Saint-Malo, Randonnai, Perche, France. Aujourd'hui, Randonnai est habitée par environ 730 villageois et fait partie de la commune de Tourouvre au Perche.
Ozanne dite Anne Achon, la fille de Jean Achon et Hélène Regnaud, fut baptisée dans la paroisse Notre-Dame de Chambon, Aunis, France le 18 juillet 1633. Aujourd'hui, Chambon compte environ 950 habitants.
Voyage au Nouveau Monde
Dans l'après-midi du 9 avril 1647, Pierre accepta un contrat d’engagement de trois ans devant le notaire Choiseau à Tourouvre, avec le forgeron Martin Huan. Pierre ira en Nouvelle-France et travaillera pour Noël Juchereau pour 75 livres par année. Juchereau paiera le voyage à destination et en provenance de la Nouvelle-France et nourrira les hommes pendant les trois ans. Pierre avait 21 ans; il n'a pas pu signer le contrat.
Environ deux mois plus tard, Pierre et Martin montent à bord du navire La Marguerite pour le voyage de huit semaines vers le nouveau monde. Le navire transportait probablement d'autres passagers, des animaux, des réserves d'eau, des canons et diverses marchandises. Les passagers dormaient dans des quartiers exigus dans la cale du navire et les conditions étaient loin d’être hygiéniques, en particulier lorsque les voyageurs étaient accablés par le mal de mer. Au total, près de 10% des passagers sont décédés en route vers la Nouvelle-France. Heureusement, Pierre et Martin survivent à la traversée. Ils arrivent à Québec le 6 août 1647.
Pierre vit à Québec pour environ 11 ans, ayant décidé de ne pas retourner en France. Il travaille pour Juchereau sur les quais, manutentionnant les marchandises arrivant par bateau, ainsi que les fourrures appartenant aux colons et aux autochtones.
Anne traverse l'Atlantique en 1657. Elle est considérée comme une « fille à marier ». Au total, 262 filles à marier sont venues en Nouvelle-France de 1634 à 1662 dans l'espoir de trouver une vie meilleure. Elles étaient recrutées par des particuliers, tels que des marchands ou des seigneurs, ou par des sociétés religieuses. Elles signèrent un contrat d'engagement en France, normalement pour travailler comme domestique. Il était toutefois entendu que leur objectif principal était le mariage et l'établissement dans la nouvelle colonie. Ces contrats n'incluaient pas le retour vers la France. Une fois le contrat signé, la jeune fille embarquait à bord d'un navire pour Québec, en provenance de La Rochelle ou de Dieppe. Elle voyageait normalement seule, pas dans le cadre d'un groupe plus large et organisé. Cliquez ici pour plus d'informations sur ces femmes pionnières.
Le 19 septembre 1657, Pierre, 31 ans, et Anne, 24 ans, signent un contrat de mariage selon la Coutume de Paris. Aucun des deux conjoints ne pouvait signer ; ils ont donc laissé leurs marques.
Pierre et Anne se sont mariés quelques semaines plus tard, le 2 octobre 1657, à la paroisse Notre-Dame de Québec. Sur l'acte, on indique que Pierre est laboureur. Leur première fille, Marie Madeleine, est née et baptisée à Québec en juillet 1658.
Le couple ne reste pas longtemps à Québec, cependant. En avril 1659, Pierre prend possession de deux arpents de terre à L'Ange-Gardien, face au fleuve Saint-Laurent. Le malheur frappe Pierre et Anne quelques mois plus tard, lorsqu'un enfant anonyme naît en août, mais meurt peu après.
Le 2 février 1660, Anne reçoit sa confirmation de Monseigneur de Laval à l'église de Château-Richer, avec 175 autres personnes. Il n'y avait pas d'église à L'Ange-Gardien à cette l'époque.
Au cours des cinq prochaines années, Pierre et Anne accueillent quatre autres enfants : Pierre (né en 1660), Michel (né en 1662), Jacques (né en 1664) et Marguerite (née en 1665).
La famille Tremblay est inscrite au recensement de 1666 vivant dans la Côte-de-Beaupré, qui comprend L'Ange-Gardien.
Qu'est-ce qu'une « côte » ?
Dans le système seigneurial de la Nouvelle-France, un nouveau type de communauté émergea : la « côte ». Une côte était normalement composée de familles et / ou d'amis qui possédaient des terres voisines dans une zone spécifique. Ainsi, ils ont créé une nouvelle communauté sur une côte, avec ses propres liens sociaux et économiques, l'ensemble de la seigneurie étant trop vaste pour développer une solidarité avec les autres. En moyenne, une côte comprendrait entre 10 et 50 habitations.
Louis, cinquième fils Tremblay, est né et baptisé en septembre 1667. Cette même année, un autre recensement est effectué. La famille Tremblay vit toujours sur la Côte-de-Beaupré. Pierre possède neuf arpents de terre « en valeur » et deux bestiaux.
Le 16 octobre 1669, Pierre reçoit un don de Martin Huan, qui s'était rendu en Nouvelle-France avec lui. Martin lui donne ses biens et ses meubles, et vient vivre avec la famille Tremblay. En retour, Pierre accepte de s'occuper de Martin jusqu'à sa mort.
Qu’est-ce qu’une donation?
En Nouvelle-France, les donations « entre vifs » (entre personnes vivantes) étaient courantes. Une fois qu'une personne vieillissait ou que sa santé déclinait, elle cédait normalement le contrôle de ses biens à la personne qui allait s'en occuper. Ce don était enregistré par un notaire, et soulignait les droits et les responsabilités de chaque partie, en particulier ce que le donateur donnait au receveur et ce qu'il demandait en retour. Cela incluait normalement la terre, une maison et / ou une ferme, des meubles et des animaux. En retour, le receveur pouvait devoir payer ses dettes et s'assurer que le donneur était logé, nourri, vêtu et autrement pris en charge jusqu'à son décès.
Au cours de la prochaine décennie, cinq autres enfants Tremblay naissent : Louise (1669), Jeanne (1671), Anne (1673), Jean (1675) et Marie Dorothée (1677).
Le 1er décembre 1678, Pierre signe un contrat de 5 ans pour travailler sur les propriétés de Monseigneur de Laval à proximité de Baie-St-Paul. Deux de ses fils sont également employés comme laboureurs sur la terre. Les Tremblay reçoivent un paiement de 600 livres pour leur travail.
En novembre 1681, un autre recensement est effectué. Pierre et sa famille sont toujours recensés dans la Côte-de-Beaupré, avec une domestique. Pierre possède dix arpents « de valeur» , deux fusils et 16 bestiaux. Il semble que la famille possède deux propriétés principales, à L'Ange-Gardien et à Baie-St-Paul.
En 1684, une tragédie frappe la famille Tremblay. Jean, leur fils de neuf ans, est mort noyé. Il est inhumé au cimetière paroissial de Ste-Anne-de-Beaupré.
En octobre de l'année suivante, Pierre reçoit une concession foncière du Séminaire de Québec, situé à Petite-Rivière-St-François. Le lot mesure 9 arpents de façade par 1,5 lieue.
Pierre Tremblay est décédé entre le 14 avril 1687 et le 6 novembre 1689, date à laquelle Anne est qualifiée de veuve. Il a peut-être été victime de la variole, qui a dévasté la Nouvelle-France en 1687 et 1688.
En mars 1696, Anne se présente chez un notaire pour enregistrer une donation à son fils Jacques. Elle lui donne un demi-terrain et une maison. Jacques doit prendre soin de sa mère jusqu'à sa mort, organiser son inhumation et s'assurer que 20 messes soient célébrées en son honneur.
Ozanne dite Anne Achon décède à l'âge d'environ 74 ans. Elle est inhumée le 24 décembre 1707 au cimetière paroissial de Notre-Dame à Québec.
L'Héritage Tremblay
Pierre, le fils aîné de Pierre et Anne, devient le seigneur des Éboulements. Son fils Pierre a hérité de cette propriété, qui était l'une des plus grandes du pays à l'époque. Le fils de Pierre, Étienne, a construit le manoir sur ce terrain, qui existe toujours aujourd'hui.
Aujourd'hui, on estime que plus de 9 000 familles Tremblay vivent à travers l'Amérique du Nord, ce qui représente environ 180 000 personnes. 13% de tous les Québécois s'appellent Tremblay! Aux Éboulements, un résident sur trois est un Tremblay.
Au fil des siècles, le nom Tremblay / Tremblé s'est transformé en plusieurs variantes : Du Tremble, Trembley, Trombley, Trembly, Tremblaye, etc.
Pour voir une courte vidéo sur l'histoire des Tremblay, cliquez ici.
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Bibliographie :
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Fédération québécoise des sociétés de généalogie, base de données Fichier Origine [En ligne]. https://www.fichierorigine.com/recherche?numero=240004. Entrée pour Ozanne / Anne ACHON (personne no 240004), mise à jour le 16 juin 2019.
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