Zacharie Cloutier & Sainte Dupont
Découvrez l’histoire fascinante de Zacharie Cloutier et Sainte Dupont, l’un des couples les plus influents de la Nouvelle-France. Apprenez comment ils ont contribué à la fondation du Québec, explorez leur descendance marquante et plongez dans les recherches les plus récentes sur leur héritage. Ce récit détaillé vous permettra de mieux comprendre l’impact durable de ces pionniers sur l’histoire canadienne et la généalogie des Canadiens français.
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Zacharie Cloutier et Sainte Dupont
Les immigrants les plus prolifiques du Canada
Il ne serait pas exagéré de dire que Zacharie Cloutier et Sainte Dupont comptent parmi les couples les plus influents à s’être établis en Nouvelle-France, contribuant à la colonisation et au peuplement de ce qui allait devenir le Québec. Si vous avez des racines canadiennes-françaises, il y a de fortes chances que vous les retrouviez dans votre arbre généalogique, peut-être même à plusieurs reprises. Parmi les premiers colons arrivés en Nouvelle-France, ils ont eu six enfants, dont cinq ont atteint l’âge adulte et fondé leur propre famille. Au tournant du XIXe siècle, les registres paroissiaux du Québec recensaient des mariages pour 10 850 de leurs descendants, un nombre surpassant celui de tout autre colon de la première génération.
Origines à Mortagne-au-Perche
Zacharie Cloutier (parfois orthographié Cloustier), fils de Denis Cloutier et de Renée Brière, est né vers 1590 à Mortagne-au-Perche, dans la province du Perche, en France. Son père, Denis, est probablement menuisier et cordier. Zacharie est l’un des neuf enfants de la famille.
Sainte (parfois orthographiée Xainte) Dupont, fille de Paul-Michel Dupont et de Perrine (nom de jeune fille inconnu), est née vers 1596, également à Mortagne-au-Perche.
Localisation de Mortagne-au-Perche en Normandie, France (Mapcarta)
Mortagne-au-Perche, située à environ 135 kilomètres à l’ouest de Paris, se trouve dans l’actuel département de l’Orne, en région Normandie. Au XVIIe siècle, c’est une ville marchande animée, réputée pour ses artisans qualifiés, notamment les charpentiers, menuisiers et maçons – des métiers qui s’avèrent essentiels en Nouvelle-France. La ville est aussi un centre majeur d’émigration vers le Canada, plusieurs familles quittant la région grâce aux efforts de recrutement de Robert Giffard. Aujourd’hui, Mortagne-au-Perche compte environ 4 000 habitants, appelés Mortagnais, et entretient des liens étroits avec son héritage canadien-français.
Carte postale de Mortagne-au-Perche, vers 1900-1925 (Geneanet)
Carte postale de Mortagne-au-Perche, en 1910 (Geneanet)
Mariage et famille
Mariage de Zacharie et Sainte en 1616 (Direction des archives et du patrimoine culturel de l’Orne)
Sainte épouse en premières noces Michel Lermusier dans la paroisse Saint-Jean de Mortagne-au-Perche, le 26 février 1612. Elle a environ 16 ans. Aucun enfant issu de cette union n’est connu, et Lermusier décède peu après leur mariage.
Zacharie et Sainte se marient dans la même paroisse le 18 juillet 1616. Il a environ 26 ans et elle environ 20 ans.
Leurs six enfants sont nés et baptisés à Mortagne-au-Perche :
Zacharie (1617–1708)
Jean (1620–1690)
Sainte (1622–1632)
Anne (1626–1648)
Charles (1629–1709)
Louise (1632–1699)
Carte postale de Mortagne-au-Perche, avant 1887 (Geneanet)
Voyage au Nouveau Monde
L’histoire canadienne de Zacharie Cloutier commence le 14 mars 1634, lorsque lui et le maître-maçon Jean Guyon du Buisson signent un contrat avec Robert Giffard, seigneur de Beauport et recruteur pour la Compagnie des Cent-Associés. Giffard est à la recherche d’ouvriers qualifiés pour bâtir et développer la colonie en difficulté, et la réputation de Zacharie comme l’un des meilleurs charpentiers de Mortagne-au-Perche fait de lui une recrue précieuse. En vertu du contrat, il s’engage à travailler en Nouvelle-France pendant trois ans comme maître-charpentier, défricheur et pour toute autre tâche demandée par Giffard.
Le contrat, rédigé par le notaire Mathurin Roussel à Mortagne-au-Perche, détaille les conditions de leur engagement. Giffard couvre les frais de passage, ainsi que trois ans de nourriture, de logement et de produits de première nécessité pour Zacharie, Jean et leurs deux fils aînés. Après deux ans, ils peuvent envoyer le reste de leur famille – bien que cette clause semble avoir été modifiée, puisque les deux hommes s’embarquent finalement avec toute leur famille au printemps. En outre, Giffard accorde à chacun d’eux 1 000 arpents de terre. La concession de Zacharie est connue sous le nom de La Clousterie (également appelée La Clouterie ou La Cloutièrerie), tandis que celle de Guyon porte le nom de du Buisson. Les deux hommes obtiennent également le droit de chasser, de pêcher et de commercer avec les peuples autochtones. Le contrat stipule enfin que Giffard peut exiger de Zacharie et Jean foy et hommage, une clause qui devient plus tard une source de conflits.
L’émigration percheronne : de la France au Canada
La région du Perche joue un rôle clé dans la colonisation de la Nouvelle-France, en fournissant un flux constant de colons prêts à relever les défis de la vie outre-Atlantique. De nombreux premiers colons de cette région embarquent au port animé de La Rochelle, répondant à l’appel d’hommes comme Robert Giffard et les frères Juchereau, Jean et Noël, qui obtiennent de vastes concessions au Canada. Leur succès repose sur la venue de travailleurs qualifiés capables de défricher les terres, de construire des maisons et d’établir des fermes. La Compagnie des Cent-Associés finance en partie cette migration et fait venir des familles comme les Cloutier, les Guyon et les Langlois. Aujourd’hui, le Musée de l’émigration française au Canada, situé à Tourouvre-au-Perche, retrace l’histoire de ces pionniers.
Zacharie fait partie des colons recrutés pour se tailler une nouvelle vie le long de la rivière Beauport. Avant l’arrivée des recrues de Giffard, la colonie de la Nouvelle-France compte moins de 100 habitants. Attirer davantage de colons est essentiel à la survie de cet avant-poste français isolé.
Le voyage jusqu’au port de Dieppe est une aventure en soi. Avec plus de 200 kilomètres à parcourir depuis Mortagne-au-Perche, les familles entassent probablement leurs biens dans des charrettes tirées par des chevaux – meubles, articles ménagers, outils et quelques objets personnels. En 1634, un groupe de 43 hommes, femmes et enfants du Perche part ensemble et embarque à bord de quatre navires à destination de la Nouvelle-France.
Québec au XVIIe siècle, œuvre d’Alain Manesson Mallet (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Arrivée à Québec
Après plus d’un mois en mer, Zacharie Cloutier, Jean Guyon et leurs familles arrivent à Québec, vraisemblablement le 4 juin 1634. Ils débarquent aux côtés de Robert Giffard et d’autres colons, dont Gaspard Boucher et sa famille. Samuel de Champlain, soucieux de renforcer la colonie, accueille personnellement les nouveaux arrivants. Dès leur arrivée, ils se rendent à la chapelle Notre-Dame de Recouvrance pour rendre grâce de leur traversée. Hébergés temporairement par les quelques familles établies de Québec, ils n’ont toutefois pas le loisir de s’installer. En quelques semaines, ils sont à pied d’œuvre sur la seigneurie de Giffard à Beauport, défrichant la terre et construisant des maisons pour la colonie en pleine expansion. Zacharie et Jean se voient bientôt confier une mission d’envergure : la construction du manoir de Giffard, situé près de la rivière Notre-Dame.
Manoir de Robert Giffard, dessin paru dans L’Opinion publique en 1881 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le Château St-Louis, dessin paru dans L’Opinion publique en 1881 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
S’établir à Beauport
Après avoir rempli leurs obligations contractuelles, Zacharie Cloutier et Jean Guyon prennent officiellement possession de leurs terres à Beauport le 3 février 1637.
Prise de possession, 1637 (FamilySearch)
Pendant plusieurs années, Zacharie et Jean vivent et travaillent sur leurs propriétés, comme en témoignent de nombreux documents notariés. Bien que Zacharie soit analphabète et ne puisse pas signer son nom, il tient à formaliser tous les accords. À la place d’une signature, il utilise une marque distinctive – une image ressemblant à une hache – symbolisant son métier de charpentier. Sa marque apparaît sur plusieurs contrats, dont celui du 27 juillet 1636 pour le mariage de sa fille Anne, âgée de 10 ans, avec Robert Drouin. Ce document devient le premier contrat de mariage signé au Canada. Bien que les mariages précoces soient courants en Nouvelle-France, les fiançailles d’Anne à un si jeune âge sont remarquables, même selon les normes de l’époque. Le contrat stipule qu’elle et son futur mari vivront avec ses parents pendant trois ans. Le mariage a lieu le 12 juillet 1637, alors qu’Anne a 11 ans.
Les marques de Martin Grouvel (à gauche) et Zacharie Cloutier (à droite) sur le contrat de mariage en 1636
La marque de Zacharie Cloutier sur un bail en 1650
Carte de la seigneurie de Beauport avant 1634, d’après un dessin original de Samuel de Champlain (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Copie d’une carte de 1641 montrant les terres entre Québec et le Cap Tourmente, par Jean Bourdon (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Construire pour la colonie
Au début, les familles Cloutier et Guyon partagent une maison à Beauport. Avec le temps, Zacharie construit sa propre résidence à La Clousterie. Ses talents de charpentier sont très recherchés, et il participe à la construction de plusieurs bâtiments importants de la colonie, notamment : le Château St-Louis, résidence officielle du gouverneur de la Nouvelle-France, un presbytère jésuite, une redoute avec batterie sur les quais de la basse-ville de Québec, ainsi que de nombreuses maisons pour les colons.
Le 23 juillet 1641, Zacharie Cloutier, identifié comme « maître charpentier demeurant à Beauport », est engagé par les Révérendes Mères Hospitalières de la Nouvelle-France pour compléter la toiture en bois de leur bâtiment déjà en construction. Le contrat spécifie que la toiture doit avoir deux bouts rabattus, soutenus par trois poutres, et inclure trois planches de soliveaux correspondant à l’épaisseur du bâtiment des Jésuites à Québec, « où est la chapelle ». Les poutres doivent être en bois de haute qualité et correspondre à celles déjà en place. D’autres éléments structuraux comprennent des chevrons, quatre manteaux de cheminée et seize châssis de fenêtres doubles semblables à ceux du bâtiment des religieuses à Sillery. Une lucarne devait également être ajoutée dans le comble de la charpente. Les manteaux de cheminée et les châssis de fenêtres devaient être en chêne.
Pour faciliter la construction, les religieuses s’engagent à fournir deux hommes pour transporter le bois, une chaloupe pour acheminer les matériaux par voie d’eau et trois ouvriers supplémentaires pour aider à élever la charpente. Zacharie reçoit un paiement de 600 livres, dont la moitié sous forme de provisions. Le contrat est signé par la mère supérieure devant le notaire Piraube, à l’hôpital des religieuses de Sillery.
Requête en 1646 par Robert Giffard à Charles Huault de Montmagny, gouverneur de la Nouvelle-France lui demandant la permission de procéder à la saisie des terres de Jean Guyon et Zacharie Cloutier pour manque de foi et hommage, et permission accordée par le gouverneur (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Conflit avec Giffard
En 1646, un curieux et inexplicable différend oppose Giffard à ses anciennes recrues, Zacharie Cloutier et Jean Guyon. Des années après leur arrivée en Nouvelle-France, Giffard tente de faire valoir son droit d’exiger foy et hommage, un acte formel par lequel les propriétaires fonciers jurent fidélité à leur seigneur. Le rituel exige que Zacharie et Jean se rendent au manoir de Giffard, vêtus de leurs plus beaux habits, s’agenouillent devant lui et répètent trois fois : « Je vous rends foy et hommage. »
Zacharie refuse. Il considère Giffard comme un égal, non comme un supérieur, et voit la cérémonie comme une humiliation. Jean suit son exemple. Giffard prétend aussi que les deux hommes lui doivent le paiement des cens et rentes, ce qu’ils refusent également. Pour obtenir gain de cause, Giffard fait appel au gouverneur, qui tranche en sa faveur. Jean, ne voulant pas prolonger le conflit, finit par se soumettre et payer. Zacharie, quant à lui, reste inflexible : il refuse de s’agenouiller, mais se voit contraint de payer après une décision de justice.
Ce différend marque le début d’années de batailles juridiques entre Giffard et ses anciennes recrues. Il les poursuit à plusieurs reprises devant les tribunaux, souvent pour des griefs mineurs. En 1659, il porte plainte contre eux, les accusant de laisser leurs animaux de ferme empiéter sur ses terres – alors même qu’il permet à d’autres colons de laisser librement pâturer leur bétail sur ses terres. Les historiens ne parviennent pas à expliquer les motivations exactes derrière cette série de poursuites, mais le conflit entre Giffard et Zacharie reste irrésolu pendant des années.
Expansion de ses propriétés
Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (février 2025)
Dans les années 1650, Zacharie Cloutier poursuit son travail de charpentier tout en gérant ses terres par le biais de baux et de nouvelles acquisitions.
Le 4 avril 1650, il accepte de construire la charpente d’une maison pour le maître-armurier Mathieu Huboux dit Deslongchamps. Le contrat, notarié par Guillaume Audouart, précise que la maison mesurera 25 pieds de long sur 18 pieds de large et sera située à Québec, au « bas de la Montée de Lhospital ». En échange de son travail, Zacharie reçoit 450 livres. Huboux s’engage également à réparer quatre armes – trois fusils et un pistolet – et à fournir un canon monté de quatre pieds et demi de longueur.
Plus tard, le 23 juillet 1650, Zacharie loue à Michel Blanot, pour un an, une terre située près de la rivière aux Chiens. La parcelle, qui mesure un arpent et douze perches et demie, est déjà ensemencée de blé. En retour, Blanot s’engage à livrer un poinçon de blé après la récolte et à remettre la terre en culture pour l’année suivante. [Le poinçon est une ancienne mesure de capacité pour les liquides et les solides, estimée à environ 40 gallons canadiens.]
Le 3 octobre 1651, Zacharie reçoit une concession de terre à Québec de la Compagnie de la Nouvelle-France. L’acte, dressé par le notaire Guillaume Audouart, lui accorde un lot mesurant 40 pieds de long sur 24 pieds de large, situé « desoubs le Sault aux Matelots », à condition qu’il y construise un bâtiment dans un délai d’un an.
Les dernières années à Québec
À la fin de l’année 1659, tous leurs enfants ayant quitté la maison, Zacharie et Sainte se retrouvent seuls. Bien que Zacharie continue d’entreprendre des projets de charpenterie, il commence à s’éloigner des exigences physiques de l’agriculture. Il confie une grande partie des travaux agricoles à son gendre, Jean Mignault dit Châtillon.
Le 30 juin 1665, Zacharie et ses fils – Zacharie fils, Jean et Charles – vendent à Jacques Cailleteau, sieur de Champfleury, une maison en charpente située dans la basse-ville de Québec, pour 600 livres. La maison, qui mesure 40 pieds de long sur 20 pieds de large, est bornée par-derrière au quai du fleuve Saint-Laurent. Zacharie avait reçu la concession le 7 août 1658 du gouverneur d’Argenson. Seul Zacharie fils est en mesure de signer son nom sur l’acte de vente. [L’original de la concession n’a pu être retrouvé.]
Déménagement à Château-Richer
Le premier recensement de la Nouvelle-France, effectué en 1666, indique que Zacharie et Sainte vivent sur la côte de Beaupré, à Château-Richer, à environ 20 kilomètres au nord-est de Beauport. Zacharie, inscrit comme habitant, est âgé de 76 ans, tandis que Sainte est enregistrée à 70 ans. Au recensement de 1667, ils habitent toujours à Château-Richer. Ils possèdent alors deux bestiaux, mais aucune terre « en valeur » (défrichée) à leur nom.
Recensement de la Nouvelle-France de 1666 pour le ménage Cloutier (Bibliothèque et Archives Canada)
Recensement de la Nouvelle-France de 1667 pour le ménage Cloutier (Bibliothèque et Archives Canada)
La date exacte du déménagement de Zacharie et de Sainte à Château-Richer est inconnue, mais il est probable qu’il ait eu lieu avant 1663, car leurs trois fils s’étaient déjà installés dans la région.
Un héritage à organiser
Le 19 janvier 1668, Zacharie et Sainte réunissent leurs enfants et les principaux membres de leur famille dans leur maison à Beauport pour officialiser un accord de succession devant le notaire Michel Fillion. Sont présents leurs fils Zacharie, Jean et Charles, ainsi que leur fille Louise, représentée par son mari Jean Mignault dit Châtillon. Assistent également à la réunion Pierre Maheu et son épouse Jeanne Drouin, ainsi que Romain Trépagny et son épouse Geneviève Drouin – Jeanne et Geneviève étant toutes deux leurs petites-filles.
Bien que Zacharie et Sainte soient décrits comme étant « en bonne santé », ils reconnaissent que « rien n’est plus certain que la mort » et souhaitent « empescher les différens qui pourraient arriver après leur deceds entre leurs enfans héritiers ». Leur fils aîné, Zacharie, reçoit « le droit de fief de la terre de La Clousterye » à Beauport, incluant la maison, la grange, l’étable, le four et les autres bâtiments situés sur la propriété. Le reste des biens meubles et immeubles doit être partagé entre tous les héritiers après leur décès. Toutefois, Zacharie fils accepte de ne pas réclamer une part égale de ces biens restants. En attendant, Zacharie et Sainte conservent la pleine jouissance de leurs biens, et en contrepartie, leurs enfants s’engagent à subvenir à leurs besoins.
Un an plus tard, le 12 mai 1669, Zacharie et Sainte se présentent devant le notaire Claude Auber pour rendre officielle une donation à leur fils aîné, Zacharie, et à son épouse, Madeleine Émard, qui habitent une grande ferme à Château-Richer. Par cet acte, ils transfèrent « tous leurs biens meubles, créances, héritage [terres], rente, revenus et possession quelconque », à Zacharie fils, « qui toujours les a secourus et leur a rendu douceurs, services et serviabilités, ». En contrepartie, Zacharie et Madeleine s’engagent à leur fournir « le boire, le manger et aussi feu et lieu, lumière, vêtements, chaussures, draps, linge et généralement toutes leurs nécessités ». Ils s’engagent à les faire « panser, médicamenter, entretenir » jusqu’à leur mort.
Vente de la Clousterie
Le 20 décembre 1670, Zacharie et Sainte vendent La Clousterie à Nicolas Dupont, membre du Conseil souverain, pour 4 500 livres.
Décès de Zacharie et de Sainte
Zacharie Cloutier décède à l’âge d’environ 87 ans le 17 septembre 1677 et est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Château-Richer. Sainte Dupont s’éteint le 13 juillet 1680, à environ 84 ans, bien que son acte de sépulture indique qu’elle avait 97 ans. Elle est inhumée le lendemain dans le même cimetière.
Sépulture de Zacharie Cloutier en 1677 (Généalogie Québec) [copie ; l’acte original n’existe plus]
Sépulture de Sainte Dupont en 1680 (Généalogie Québec)
Un héritage important
Zacharie Cloutier et Sainte Dupont sont reconnus comme les immigrants les plus prolifiques à s’être établis au Canada. Zacharie serait l’ancêtre unique de tous les Cloutier de la Nouvelle-France et figure dans la lignée de nombreuses personnalités, dont Céline Dion, Jack Kerouac, Madonna, Justin Trudeau, Camilla Parker Bowles, et bien d’autres. Son nom a même été donné à un fromage au lait de brebis, le Zacharie Cloutier, produit par la Fromagerie Nouvelle France.
Plusieurs lieux au Québec commémorent Zacharie Cloutier :
Le parc Zacharie-Cloutier, situé à Beauport, sur un terrain qui faisait autrefois partie de son fief. Une plaque en son honneur, créée par l’Association des Cloutier d’Amérique, y est également installée.
Le pont Zacharie-Cloutier, qui enjambe la rivière Sault-à-la-Puce à Château-Richer, sa source étant proche des terres ancestrales de Zacharie.
La rue Zacharie-Cloutier, située à Beauport.
Un autre fait intéressant : si le nom Cloutier/Cloustier est relativement courant dans le Perche aux XVIe et XVIIe siècles, il est aujourd’hui presque absent de l’ensemble du département de l’Orne, en France.
Château-Richer est considéré comme la patrie de la famille Cloutier, où au moins dix générations ont vécu depuis 1641.
« Château-Richer, Québec », peinture de Léonce Cuvelier, vers 1939 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Vue aérienne de Château-Richer, vers 1927 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Chapelle de procession, Château-Richer, vers 1930 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Église de Château-Richer (© perche-quebec.com – Jean-François Loiseau ; photo utilisée avec permission)
Plaque commémorative affichée à Mortagne-au-Perche (© Association Perche-Canada ; photo utilisée avec permission)
Plaque commémorative affichée à Mortagne-au-Perche (© Association Perche-Canada ; photo utilisée avec permission)
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Une condition médicale héritée ?
La dystrophie musculaire oculopharyngée (DMOP) est une maladie génétique caractérisée par une myopathie à progression lente, affectant principalement les muscles des paupières supérieures et de la gorge. Son apparition survient généralement à l’âge adulte, souvent entre 40 et 60 ans. Les symptômes peuvent inclure un affaissement des paupières (ptose), une faiblesse des bras et des jambes, ainsi que des difficultés à avaler (dysphagie). Cette maladie est particulièrement répandue chez les Canadiens français, où elle toucherait environ 1 personne sur 1 000.
Les patients atteints de DMOP d’origine canadienne-française peuvent généralement retrouver un couple ancestral commun dans leur arbre généalogique : Zacharie Cloutier et Sainte Dupont. Des recherches ont permis de retracer les porteurs du gène affecté jusqu’à leur fils, Zacharie Cloutier (fils), et son épouse, Madeleine Émard (ou Esmard).
Le traitement dépend des symptômes et peut parfois inclure une intervention chirurgicale. Si vous présentez l’un de ces symptômes et que le couple Cloutier-Émard figure dans votre arbre généalogique, il pourrait être utile d’en parler avec votre médecin.
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Bibliographie :
« REGISTRE PAROISSIAL : Mortagne-au-Perche (paroisse Saint-Jean et Saint-Malo), 1600-1712 », images numérisées, Direction des archives et du patrimoine culturel de l'Orne (https://gaia.orne.fr/mdr/index.php/docnumViewer/calculHierarchieDocNum/378791/1057:371440:372097:378791/1440/3440 : consulté le 17 févr. 2025), mariage de Michel Lermusier et Sainte Dupont, 26 févr. 1612, image 195 sur 957.
Ibid. (https://gaia.orne.fr/mdr/index.php/docnumViewer/calculHierarchieDocNum/378791/1057:371440:372097:378791/1440/3440 : consulté le 17 févr. 2025), mariage de Zacharie Cloustier et Sainte Dupont, 18 juil. 1616, image 198 sur 957.
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« Actes de notaire, 1652-1692 / Claude Auber, » images numérisées, FamilySearch (https://www.familysearch.org/ark:/61903/3:1:3QHV-53L2-614M?cat=1175225&i=915&lang=en : consulté le 26 févr. 2025), donation de biens meubles et héritages par Zacharie Clouttier et Sainte Dupont à Zacharie Clouttier fils et Madeleine Esmard, 12 mai 1669, images 916 à 917 sur 1 368 ; citant les données originales : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Parchemin, banque de données notariales du Québec ancien (1626-1801), Société de recherche historique Archiv-Histo (https://archiv-histo.com : consulté le 26 févr. 2025), « Vente de la terre, fief et seigneurie de la Clousterie; par Zacharie Cloutier et Sainte Dupont, son épouse, de Chasteau Richer, à Nicolas Dupont de Neufville, écuyer et conseiller au Conseil souverain », notaire G. Rageot, 20 déc. 1670.
« Collection Centre d'archives de Québec - Archives nationales à Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/367027 : consulté le 26 févr. 2025), « Contrat de mariage entre Robert Drouin et Anne Cloutier », 27 juil. 1636, cote P1000,S3,D603, Id 367027.
« Fonds Gouverneurs, régime français - Archives nationales à Québec », images numérisées, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (https://advitam.banq.qc.ca/notice/371955 : consulté le 17 févr. 2025), « Requête par Robert Giffard, seigneur de Beauport, à Charles Huault de Montmagny, gouverneur de la Nouvelle-France, lui demandant permission de procéder à la saisie des terres de Jean Guyon (Guion) et Zacharie Cloutier pour manque de foi et hommage, et permission accordée par ledit gouverneur », 2 juil. 1646, cote R1,P4, Id 371955.
« Recensement du Canada, 1666 », Bibliothèque et Archives Canada (https://recherche-collection-search.bac-lac.gc.ca/fra/accueil/notice?idnumber=2318856&app=fonandcol : consultée le 17 fév. 2025), ménage de Zacarie Cloutier, 1666, côte de Beaupré, page 58 (du PDF), instrument de recherche MSS0446, MIKAN 2318856 ; citant les données originales : Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460..
« Recensement du Canada, 1667 », Bibliothèque et Archives Canada (https://www.bac-lac.gc.ca/eng/CollectionSearch/Pages/record.aspx?app=fonandcol&IdNumber=2318857&new=-8585951843764033676 : consultée le 17 fév. 2025), ménage de Zacarie Cloutier, 1667, côte de Beaupré, page 142 (du PDF), instrument de recherche MSS0446, Item 2318857; citant les données originales : Centre des archives d'outre-mer (France) vol. 460.
Françoise Barthe, « La terre de Zacharie Cloutier », La Clouterie, sept. 2002, volume XIX, numéro 3, page 15.
Ville de Québec, « Toponymie : Fiche Zacharie-Cloutier » (https://www.ville.quebec.qc.ca/citoyens/patrimoine/toponymie/fiche.aspx?idFiche=4882).
Munitiz et al., « Diagnosis and treatment of oculopharyngeal dystrophy: A report of three cases from the same family », Diseases of the Esophagus (2003), 16, 102-106, numérisé par ResearchGate (https://www.researchgate.net/publication/10694239_Diagnosis_and_treatment_of_oculopharyngeal_dystrophy_A_report_of_three_cases_from_the_same_family : consulté le 26 févr. 2025).