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Léonard Leblanc & Marie Riton

Découvrez l’histoire fascinante de Léonard Leblanc, maître maçon en Nouvelle-France, et de son épouse Marie Riton. De leur installation à Beauport à leur rôle dans la construction de l’Hôpital général de Québec, explorez leur parcours, leurs défis juridiques et leur contribution au développement de la colonie.

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 Léonard Leblanc & Marie Riton

Un maître-maçon et sa famille en Nouvelle-France

 

Saviez-vous que derrière les bâtiments emblématiques de la Nouvelle-France se cachent des artisans dont l’histoire mérite d’être racontée ? Léonard Leblanc, maître-maçon, et son épouse Marie Riton ont traversé l’Atlantique pour bâtir une nouvelle vie à Beauport. Entre défis fonciers, chantiers majeurs et engagements communautaires, leur parcours illustre la résilience et l’ambition des premiers colons.

 

Léonard Leblanc, fils de Léonard Leblanc et de Jeanne Fayande, est né vers 1626 dans l’ancienne province de la Marche, au centre de la France. Son lieu de naissance exact demeure incertain, aucun acte de baptême n’ayant encore été retrouvé.  

La date précise de son arrivée au Canada reste inconnue. Le plus ancien document attestant de sa présence en Nouvelle-France est son mariage en 1650. Si Léonard a immigré en vertu d’un contrat d’engagement, comme de nombreux colons de l’époque, il est probable qu’il soit arrivé vers 1647. Toutefois, aucune trace de lui ne figure dans les registres paroissiaux, judiciaires ou notariaux au cours des années intermédiaires.

Marie Riton, future épouse de Léonard, naît vers 1623 au Bourg-sous-la-Roche, dans le Poitou, fille de Robert Riton et de Marguerite Guyon. Aujourd’hui, ce village fait partie de La Roche-sur-Yon, une ville d’environ 50 000 habitants connue sous le nom de Yonnais. Située en Vendée, La Roche-sur-Yon se trouve à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de la ville portuaire historique de La Rochelle.

Les départements français (1791) et les limites des anciennes provinces, avec La Marche et La Roche-sur-Yon en rouge (Atlas classique Vidal-Lablache)

 

Gravure de La Roche-sur-Yon, vers 1849 (Geneanet)

Vue de La Roche-sur-Yon, vers 1905-1915 (Geneanet)

 

L’église de Saint-Étienne d’Ars-en-Ré (©La Généalogiste franco-canadienne)

Marie se rend finalement dans la région de La Rochelle. Le 6 novembre 1644, elle fait baptiser une fille prénommée Marie dans l’église paroissiale Sainte-Étienne d’Ars-en-Ré. Le père de l’enfant est Abraham Brunet. Née hors mariage, Marie est considérée comme une enfant naturelle ou illégitime. Les registres indiquent que ses parents résident à La Rochelle et précisent qu’Abraham appartient à la « religion prétendue réformée ». Marie s’est peut-être rendue à Ars-en-Ré, sur l’île de Ré, pour accoucher dans un relatif anonymat. Quelle qu’ait été sa relation avec Abraham, ce dernier épouse une autre femme dix ans plus tard et fonde une nouvelle famille. La fille de Marie, en revanche, ne réapparaît jamais dans les archives publiques. Elle est probablement décédée en bas âge, soit en France, soit au cours de la traversée vers le Canada.

En l’absence d’un acte de baptême pour Marie Riton elle-même, son appartenance religieuse demeure incertaine. Lors du baptême catholique de sa fille en 1644, Abraham est explicitement identifié comme protestant, mais la religion de Marie n’est pas mentionnée. Cette omission laisse place à plusieurs hypothèses :

  • Marie était peut-être catholique au moment du baptême de sa fille, mais s’est convertie ultérieurement au protestantisme.

  • Elle était protestante, mais a accepté un baptême catholique pour son enfant, une pratique courante dans la France du XVIIe siècle.

  • Son appartenance religieuse a pu être fluctuante ou incertaine au cours de cette période.

Le 29 juin 1645, cependant, l’identité religieuse de Marie est attestée comme protestante. Ce jour-là, elle déclare publiquement sa foi à La Rochelle :  

Marie Riton natisve du bourg de La Roche [sulion?] en Poitou a faict abjuration des Erreurs de l’Eglise Romaine et professé de Vouloir vivre et mourir en La profession de La verité enseignée en nos Eglises enSuitte de quoy Elle a este receu a notre Communion et admise au Benefices d’icelle. 
 

Profession de foi de Marie en 1645 (Archives départementales de Charente-Maritime)

 

Contradictions de foi

La profession de foi protestante de Marie à La Rochelle en 1645 soulève des questions sur ses motivations religieuses et son éducation. Selon son baptême d’origine, sa déclaration peut correspondre à l’un des deux scénarios suivants :

  • Marie a été élevée dans le protestantisme. Sa profession publique serait alors une affirmation ou une réaffirmation de sa foi. Le baptême catholique récent de sa fille illégitime pourrait l’avoir incitée à prendre ses distances avec le catholicisme afin de préserver son intégration dans la communauté huguenote.

  • Marie était à l’origine catholique. Sa déclaration de 1645 marquerait alors une conversion formelle au protestantisme, peut-être sous l’influence d’Abraham Brunet ou de l’environnement fortement protestant de La Rochelle. Dans ce cas, il s’agirait d’une rupture volontaire avec le catholicisme et d’une démarche officielle pour être acceptée dans l’Église réformée.


Marie Riton : un nouveau départ en Nouvelle-France

Entre sa profession de foi en 1645 et l’été 1650, Marie quitte la France pour la Nouvelle-France, probablement à partir du port de La Rochelle. Elle rejoint les rangs des Filles à marier, ces jeunes femmes courageuses qui immigrent en Nouvelle-France entre 1634 et 1663, précédant les mieux connues Filles du roi. Contrairement à ces dernières, les Filles à marier ne reçoivent ni aide financière ni dot de la couronne française. Elles sont recrutées par des marchands, des seigneurs ou des communautés religieuses et arrivent souvent comme domestiques sous contrat, sans garantie de retour. Poussées par la promesse d’un avenir meilleur, elles prennent des risques considérables et jouent un rôle essentiel dans l’établissement et le maintien des premiers foyers de la colonie.

Motifs d’émigration

Plusieurs facteurs ont pu inciter Marie à quitter la France pour la Nouvelle-France :

  • Stigmatisation sociale : Ayant donné naissance à un enfant illégitime en 1644, Marie a sans doute subi l’ostracisme. L’émigration lui offre l’occasion d’échapper aux jugements et de recommencer sa vie.

  • Opportunité économique : Le Canada représente une promesse de stabilité économique, voire d’ascension sociale, particulièrement attrayante pour une femme seule qui aurait eu du mal à subvenir à ses besoins en France.

  • Tragédie personnelle : L’absence de sa fille dans les documents ultérieurs suggère qu’elle est probablement décédée en bas âge, en France ou pendant la traversée de l’Atlantique. Une perte aussi douloureuse a pu inciter Marie à chercher un nouveau départ.

  • Conditions de vie des huguenots : Bien que La Rochelle ait été un bastion protestant, la situation des huguenots s’est considérablement dégradée au milieu du XVIIe siècle. Confrontés à une discrimination croissante — sociale, économique et juridique —, ils sont de plus en plus incités, parfois contraints, à se convertir au catholicisme.

Toutefois, l’émigration vers la Nouvelle-France, colonie strictement catholique, étant généralement interdite aux huguenots, Marie a probablement dû se convertir, que ce soit sincèrement ou par nécessité, avant son départ ou peu après son arrivée. Il est également possible que ses origines protestantes soient restées inconnues, lui permettant ainsi de s’intégrer discrètement dans la communauté catholique.


Mariage et établissement en Nouvelle-France

Le 23 août 1650, Léonard Leblanc et Marie Riton se marient chez Robert Giffard, seigneur de Beauport, en Nouvelle-France. Selon leur acte de mariage, Léonard est originaire du « pays de la Marche », bien que le nom précis de sa paroisse ne soit pas clairement établi. Le PRDH (Programme de recherche en démographie historique) transcrit son lieu de naissance comme « Blanset », un toponyme qui ne correspond à aucun lieu connu en France. Marie, en revanche, est clairement identifiée comme étant originaire de « Bourg sur la Roche en Poitou ». Des colons notables, dont Robert Giffard, Jean Juchereau de la Ferté et Nicolas Juchereau, sieur de St-Denys, assistent à leur mariage.

 

Mariage de Léonard et Marie en 1650 (Généalogie Québec)

 

Les origines incertaines de Léonard

Déterminer le lieu de naissance exact de Léonard s’avère complexe. Aucune commune du nom de « Blanset » n’apparaît dans les archives historiques. Parmi les localités situées dans l’ancienne province de la Marche au XVIIe siècle, les plus proches de cette appellation sont Blanzac (Haute-Vienne) et Blanzay (Vienne).

Le PRDH indique actuellement que Léonard serait né dans la paroisse Saint-Martin de Blanzac, en Haute-Vienne. Toutefois, les généalogistes Peter Gagné et René Jetté ont auparavant identifié son lieu de naissance comme étant Blessac, dans le département de la Creuse. Alors que le PRDH met régulièrement à jour sa base de données en fonction des découvertes récentes, les travaux de Gagné et Jetté, bien que réputés, reposent sur des interprétations antérieures et statiques.

En l’absence de preuve définitive, trois hypothèses restent plausibles quant à la paroisse d’origine de Léonard : Blanzac, Blanzay ou Blessac.

Léonard et Marie auront au moins sept enfants, dont six filles :

  1. Marie Thérèse (1651–1729)

  2. Noël (1653–1686)

  3. Louise (1654–1732)

  4. Marguerite (1656–1725)

  5. Marie Élisabeth (1658–1727)

  6. Marie Jeanne (1659–1739)

  7. Marie Françoise (1662–1745)


Léonard Leblanc, bâtisseur en Nouvelle-France

Image d’intelligence artificielle créée par l’auteure avec Dall-E (février 2025)

Les actes notariés du début des années 1650 attestent de la profession de Léonard en Nouvelle-France : il était maçon.

Le 16 juillet 1651, Louis d’Ailleboust, gouverneur de la Nouvelle-France, engage Léonard et trois autres maçons de Québec — Maurice Arrivé, Pierre Tourmente et Jean Neveu — pour un projet de construction à Coulonge-la-Magdelaine. Selon le contrat établi par le notaire Guillaume Audouart au Fort Saint-Louis de Québec, les maçons doivent être payés six livres par toise (environ un mètre carré) construite. Les spécifications du projet exigent des murs de trois pieds d’épaisseur jusqu’au rez-de-chaussée, puis de deux pieds du rez-de-chaussée jusqu’au comble. Le gouverneur d’Ailleboust s’engage à fournir tous les matériaux et échafaudages nécessaires. En échange, les maçons promettent un service exclusif jusqu’à l’achèvement des travaux, à partir du printemps 1652. En guise de compensation supplémentaire, chaque maçon reçoit une paire de chaussures françaises et le groupe partage dix pots d’eau-de-vie. Léonard déclare ne pas savoir signer son nom.   

Plus tard la même année, le 3 décembre 1651, Léonard conclut un autre contrat, cette fois directement avec Jean Juchereau de Laferté, après avoir obtenu l’autorisation du gouverneur d’Ailleboust. Bien qu’il soit à nouveau identifié comme maçon, il accepte un engagement plus large, réalisant divers travaux pour Juchereau et sa femme jusqu’au 1er septembre 1652. L’entente mentionne également deux canots que Léonard doit à Juchereau, ce qui suggère qu’une partie de cette convention pourrait servir à régler sa dette. Pendant cette période, Juchereau s’engage à lui fournir sa subsistance.

Le 10 août 1653, Léonard reprend ses activités de maçonnerie spécialisée et conclut un contrat avec son confrère Benoît Ponsard. Ensemble, ils s’engagent à construire une maison pour Jean Gloria au prix de 300 livres. L’habitation prévue mesure environ 20 pieds et comprend un « sollage de deux pieds & demye de hault », un pignon et une cheminée. L’accord stipule également que les maçons « vont aussy faire le foyer de ladite cheminée et pierroter ledit logis ».


La vie à Beauport

Le 7 juin 1654, Léonard reçoit de Robert Giffard, seigneur de Beauport, une concession de dix arpents de terre boisée près du village nouvellement fondé de Fargy. Bien que l’acte original ait disparu, les détails de cette concession sont préservés dans une décision de justice de 1669.

 

Fargy : un village en pleine expansion

Le village de Fargy, situé dans la seigneurie de Beauport, est fondé par Robert Giffard vers 1654. Son nom résulte d’un réarrangement créatif des syllabes du nom de famille de Giffard. Situé dans la partie sud-ouest de la seigneurie, le village s’étend d’ouest en est entre les rivières Beauport et Montmorency, dominant le fleuve Saint-Laurent.

Manoir seigneurial sur la rivière Beauport, vers 1870  (photo de L.P. Vallée, Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Avec le temps, Fargy et les terres environnantes sont intégrées à la paroisse, puis à la municipalité de Beauport, officiellement constituée en 1845. Le manoir seigneurial de Beauport, datant du XVIIe siècle, subsiste jusqu’à sa destruction par un incendie en 1879. Aujourd’hui, seules quelques ruines du moulin à eau historique subsistent le long de la rivière Beauport, témoignant des premières années du village.


Le 15 octobre 1655, les terres de Fargy sont officiellement recensées, documentant ainsi les propriétés de chaque colon. La concession de Léonard mesure cinq arpents et quatre-vingt-douze perches. Ses voisins sont Pierre Lefebvre, René Grialia, Paul Vachon, Michel Baugy (Baugis), Toussaint Giroux, Jean Crête (Creste), Pierre Marcoux, Nicolas Bélanger et Michel Lecours (Le Court), tous inscrits comme habitants. Le terme habitant désigne spécifiquement les colons ayant défriché leurs concessions et s’y étant établis de façon permanente, construisant des maisons et cultivant la terre. Leurs parcelles, appelées habitations, forment le noyau de la communauté rurale émergente.

La foi de Marie  

Le 24 février 1660, à l’église paroissiale Notre-Dame de Québec, Marie est officiellement confirmée dans la foi catholique par François de Montmorency-Laval, en même temps que soixante-cinq autres personnes. Elle est enregistrée comme étant âgée de vingt-deux ans, bien que des recensements ultérieurs suggèrent qu’elle aurait pu avoir jusqu’à trente-sept ans, et comme étant originaire de l’évêché de Luçon. Fait notable, bien que Marie soit issue d’un milieu protestant à La Rochelle, aucune trace officielle de son abjuration du protestantisme en Nouvelle-France n’a encore été retrouvée.

La confirmation de Marie en 1660 (Généalogie Québec)


Difficultés financières et procès de Léonard Leblanc

Quelques années plus tard, Léonard semble connaître des difficultés financières, comme l’attestent les archives judiciaires. Le 28 juin 1664, il est assigné devant le tribunal par Mathurin Morisset pour une dette impayée. Le tribunal tranche en ces termes :

Mathurin MORISSET comparant comme dessus demandeur. Léonard Leblanc comparant par Levasseur huissier défendeur. Parties ouïes, le Conseil a condamné le défendeur de payer dans le premier jour d’août prochain au demandeur la somme de vingt livres à faute de quoi permis au demandeur de l’engager ou bon lui semblera pour lui faire gagner ladite somme et au surplus donné terme d’un an audit défendeur pour payer pareille somme de 20 livres restante et aux dépens. 

Les difficultés financières de Léonard se poursuivent cette même année. Le 8 novembre 1664, il est condamné avec ses voisins Pierre Lefebvre et Nicolas Bélanger, de la côte de Lauson, à régler le prix de leurs fermes de pêches. Paul Chalifour s’était plaint du non-paiement des droits pour l’exploitation de ces pêcheries situées sur des terres non défrichées et non habitées.

Le gouverneur Augustin de Saffray de Mézy tranche l’affaire en se basant sur un arrêt royal du 3 mars 1663 et une déclaration antérieure du 8 août 1662. Il ordonne que les fermiers, dont Léonard, règlent directement leur dette auprès du greffier du Conseil. Le procureur général du roi intervient également pour interdire aux seigneurs d’affermer des terres ou des pêches situées sur des concessions encore non mises en valeur, empêchant ainsi les seigneurs de tirer profit de terres inexploitées.

Malgré ces revers, Léonard continue d’acquérir des terres, sans doute dans l’espoir d’améliorer sa situation. Le 20 août 1665, il reçoit une nouvelle concession dans la seigneurie de Lauson, qu’il partage avec le maître-charpentier Paul Chalifour. L’acte original de cette concession n’a toutefois pas été retrouvé.


Léonard et Marie dans les recensements

La famille Leblanc figure dans les recensements de la Nouvelle-France de 1666 et 1667, résidant à Beauport. Léonard y est identifié comme habitant maçon. En 1667, la famille possède seize arpents de terre en valeur et trois bestiaux. Avant le recensement de 1666, les deux filles aînées, Marie Thérèse et Louise, avaient déjà quitté la maison familiale.

Recensement de 1666 de la Nouvelle-France pour la famille Leblanc (Bibliothèque et Archives Canada)

Recensement de 1667 de la Nouvelle-France pour la famille Leblanc (Bibliothèque et Archives Canada)


Léonard Leblanc et les litiges fonciers de Fargy

Le 22 juillet 1669, Léonard est impliqué dans un litige majeur concernant l’usage des terres du village de Fargy. Marie Regnouard, veuve de Robert Giffard, et leur fils Joseph Giffard intentent un procès contre plusieurs villageois, dont Léonard. Les Giffard revendiquent la propriété du fonds du village et exigent que les habitations soient limitées à un arpent, que les clôtures excédant cette mesure soient déplacées et que le surplus des terres reste communal jusqu’à l’arrivée de nouveaux colons.

L’arrêt du Conseil souverain confirme la propriété du fonds du village à Marie Regnouard et Joseph Giffard. Il impose la réduction des lots à un arpent, ordonne le déplacement des clôtures et prévoit l’aménagement d’un marché et d’un four banal sur des parcelles précises. Les habitants sont tenus de payer leurs redevances et de poursuivre le défrichage sous peine de perdre leurs droits sur la commune.

L’arrêt de 1669 apporte des précisions sur les différentes concessions et transactions immobilières de Léonard dans le village :

  • Première concession (7 juin 1654) : Robert Giffard accorde à Léonard une concession de dix arpents de terre boisée près du village de Fargy. 

  • Deuxième concession (28 décembre 1664) : Une seconde concession de dix arpents vient s’ajouter à la première.

  • Vente d’une moitié de grange et d’un emplacement (1er décembre 1656) : Léonard et Marie vendent à Gabriel Roulleau la moitié d’une grange et un emplacement dans le village de Fargy, avec le consentement de Robert Giffard, pour la somme de 15 livres.

  • Acte du 10 juin 1658 : Robert Giffard accorde à Léonard un droit particulier sur une terre du village, lui permettant de vendre ou aliéner sa propriété, à l’exception du chemin public.

  • Vente à Pierre Lefebvre (4 août 1659) : En vertu de l’acte du 10 juin 1658, Léonard vend à Pierre Lefebvre une petite parcelle de terre mesurant deux perches de long sur une et demie de large. 


Léonard Leblanc : entre maçonnerie et transactions foncières

Malgré ses difficultés juridiques et financières, Léonard poursuit son métier. Le 25 mars 1670, avec le maçon René Le Chevalier, il accepte de construire une tour de moulin à vent sur la côte de Saint-Jean pour Mathurin Morisset, maître-charpentier et entrepreneur de moulins. Le moulin appartient à Charles Aubert de La Chesnaye, seigneur et grand négociant colonial.

La même année, Léonard conclut deux transactions immobilières :

  • Le 18 août 1670 : Il vend à Paul Chalifour, maître-charpentier et habitant, la moitié d’une habitation située sur la côte de Lauson. Ce document est le premier à l’identifier explicitement comme maître-maçon. La propriété, probablement liée à leur concession commune de 1665, comprend six arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent ainsi que des droits de chasse et de pêche. Le paiement convenu est de neuf barils d’anguilles salées.

  • 15 septembre 1670 : Il reçoit une nouvelle concession de Joseph Giffard, « située sur la ligne qui sépare l’enceinte du bourg du Fargy ». Il s’engage à payer un bail annuel de 50 sols. 


Le litige de la clôture

Au début de l’année 1673, Léonard se retrouve de nouveau impliqué dans une affaire judiciaire, cette fois liée à l’entretien du village. Un conflit oppose Jean Galaup à plusieurs villageois de Fargy, dont Léonard, au sujet des clôtures entourant les emplacements du village.

En mai 1672, le sénéchal de la seigneurie de Beauport avait condamné Galaup à relever à ses frais la clôture de son terrain, sous peine d’une amende de cinq livres (destinée à la construction de l’église de Beauport) et au paiement des frais de justice. Galaup fait appel au Conseil souverain, tandis que les autres villageois, dont Léonard, demandent le rejet de son recours.

Le 16 janvier 1673, le Conseil souverain annule la sentence du sénéchal, mais modifie la décision : il ordonne que tous les propriétaires des emplacements du village de Fargy soient responsables de clôturer leurs terrains, chacun à ses frais. Jean Galaup est sommé de clore son terrain avant juin, sous peine de perdre son droit d’occupation. Les frais de justice sont compensés entre les parties, chacun devant assumer ses propres dépenses.


Extrait de l’inventaire de 1674 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Décès de Marie Riton

Marie Riton décède entre le 16 avril 1674, date à laquelle elle dicte son testament, et le 4 novembre 1674, date de l’inventaire posthume de ses biens — deux documents rédigés par le notaire Paul Vachon. Bien que l’inventaire fasse explicitement référence au testament du 16 avril, l’original semble absent des registres notariaux de Vachon.

L’inventaire fournit des détails précieux sur le ménage de Léonard et Marie au moment de son décès. Il mentionne notamment des dommages causés par un incendie récent, qui aurait détruit une partie de leurs possessions. Parmi les objets survivants, on trouve :

  • Objets domestiques : Une marmite, un seau, quatre vieilles haches, trois vieilles couvertures et les restes d’un lit brûlé.

  • Outils agricoles : une charrue avec son soc et sa chaîne, un outil de fauchage et une vieille grange.

  • Animaux de ferme : deux bœufs de trait, une vache laitière, une truie, un taureau, une génisse et sept cochons.

  • Provisions stockées : quarante minots de blé, vingt minots de pois et trois [cordes ?] de bois de chauffage.

  • Terres : une concession d’une cinquantaine d’arpents au village de Fargy, estimée à 1 050 livres.

L’inventaire recense également dix-neuf dettes contractées par Léonard, totalisant 589 livres plus quatre minots de blé, témoignant des difficultés financières de la famille.


Engagement communautaire et nouveaux litiges

Le 14 juin 1676, Léonard et d’autres habitants de Fargy, à Beauport, participent à une donation collective de six arpents de terre à la Fabrique de la paroisse de La-Nativité-de-Notre-Dame-de-Beauport. Selon l’acte rédigé par le notaire Paul Vachon, le terrain donné est déjà occupé par la construction en cours d’une nouvelle église paroissiale et d’un cimetière, avec des projets additionnels pour un presbytère, une cour et un jardin. 

En contrepartie de cette donation, les marguilliers s’engagent à « faire dire une messe basse le lendemain de la Nativité de la Saincte Vierge, feste de la dite paroisse pour touttes les nécessités tant corporelles que spirituelles des dits bailleurs, le tout par chacun an à ladvenir ».

Malgré son engagement dans la vie communautaire, Léonard continue de faire face à des difficultés financières et juridiques. Le 15 juillet 1678, Michel Guyon Durouvray lui intente un procès. Le tribunal donne raison à Durouvray et condamne Léonard à une amende de quatre livres. Il lui ordonne également de fournir à Durouvray deux avirons de chaloupe d’une valeur de trois livres, en plus de couvrir les dépens.


Un nouvel accord avec son fils Noël

Le 15 avril 1679, âgé d’environ 53 ans, Léonard conclut un accord avec son fils unique, Noël, par acte notarié de Paul Vachon. Il lui cède l’ensemble de ses biens, tant mobiliers qu’immobiliers, en échange de quoi Noël accepte de prendre en charge ses dettes. 

Noël s’engage également à subvenir aux besoins de son père jusqu’à la fin de sa vie, lui garantissant logement, nourriture, chauffage, lit et soins en cas de maladie ou d’infirmité. Il promet en outre d’organiser des prières, des messes et des services pour le repos de son âme après son décès.

Deux ans plus tard, lors du recensement de 1681 en Nouvelle-France, Léonard est inscrit comme vivant seul dans la seigneurie de Beauport. Il est identifié comme maçon âgé de 55 ans et possède un fusil, neuf bêtes à cornes et trente arpents de terre en valeur

Recensement de 1681 de la Nouvelle-France pour Léonard Leblanc (Bibliothèque et Archives Canada)


Léonard Leblanc et la construction de l’Hôpital général

Au début des années 1680, Léonard est engagé, aux côtés d’autres artisans qualifiés, par les prêtres récollets pour la construction d’une nouvelle aile de ce qui deviendra plus tard l’Hôpital général de Québec. Ce grand dortoir en pierre, connu sous le nom de bâtiment des Récollets ou aile des Récollets, abrite également des espaces monastiques clés, dont la galerie ouest du cloître, le réfectoire des pères, la cuisine et divers locaux de service. La construction s’échelonne sur quatre ans, de 1680 à 1684, avec des contrats détaillant l’avancement des travaux et les artisans impliqués.

Cette nouvelle aile est adjacente à l’église Notre-Dame-des-Anges, érigée par les Récollets entre 1670 et 1673. En 1692, l’évêque Jean-Baptiste de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier acquiert le domaine des Récollets pour y établir le premier hôpital général de la colonie. L’année suivante, les Augustines de la Miséricorde de Jésus, déjà responsables de l’Hôtel-Dieu de Québec, en prennent la gestion. Cet hospice accueille les pauvres, les malades, les invalides et les vieillards. 

Les projets de construction de cette période, dont les travaux auxquels Léonard a contribué, sont essentiels à la transformation de l’ancien bâtiment en un hôpital fonctionnel répondant aux besoins croissants de la population de la Nouvelle-France.

Vue contemporaine du Monastère de l’Hôpital général de Québec (©La Généalogiste franco-canadienne)

Le 24 novembre 1680, Léonard et son confrère Louis Lévesque concluent un accord avec les prêtres récollets. Selon les termes du contrat, ils recevront quatre livres et cinq sols par toise de maçonnerie, avec logement et repas fournis en contrepartie de leur travail. L’accord précise que leur engagement débutera l’été suivant et inclura la taille et le façonnage de la pierre « pour les portes, coins et fenestres du bastiment ».

Les travaux se poursuivent en 1683. Le 28 octobre de cette année-là, Léonard et son gendre Pierre Morel, également maçon, signent un nouveau contrat pour des travaux de maçonnerie supplémentaires sur le bâtiment des Récollets, poursuivant ainsi leur contribution à l’expansion de l’hôpital.


L’héritage architectural de Léonard Leblanc

L’Hôpital général de Québec demeure un repère historique important, témoignant du savoir-faire des premiers maçons de la Nouvelle-France. Une étude réalisée en 2022 a analysé les matériaux de construction du Monastère de l’Hôpital général de Québec, révélant que des éléments du couvent original de 1620 ont été réutilisés lors de reconstructions ultérieures, notamment celle de 1671. Le rapport souligne l’expertise des maçons du XVIIe siècle, qui s’approvisionnaient localement et préparaient eux-mêmes les matériaux de construction, assurant ainsi la durabilité de leur travail.

Pour une analyse plus approfondie des matériaux et des techniques de construction du bâtiment, ce rapport constitue une source précieuse.


Les dernières années de Léonard Leblanc

En 1691, Léonard tombe malade. Un registre hospitalier de l’Hôtel-Dieu de Québec indique que ce résident de Beauport, âgé de 65 ans, est admis comme patient le 1er mai et reçoit des soins pendant près d’un mois avant d’obtenir son congé le 29 mai.

Registre de 1691 pour Léonard Leblanc à l’Hôtel-Dieu (Ancestry)

Sentant sa fin approcher, Léonard officialise ses affaires plus tard dans l’année. Le 28 septembre 1691, il fait rédiger par le notaire Paul Vachon un acte de donation en faveur de son gendre, Pierre Morel. Son fils unique, Noël, étant décédé en 1686 à l’âge de 33 ans, Léonard lègue à Morel la moitié de tous ses biens, incluant une maison, une grange, une étable, un canot, un jardin, un emplacement de terre, des meubles, du bois et des bestiaux. En échange, Morel s’engage à pourvoir aux besoins de son beau-père, lui assurant nourriture, vêtements et un traitement humain jusqu’à la fin de sa vie.    

La santé de Léonard continue de décliner. Le 1er novembre 1691, il est admis une seconde fois à l’Hôtel-Dieu, où il demeure six jours avant de s’éteindre le 6 novembre. Il est inhumé le jour même au cimetière de l’hôpital. Le registre mentionne son âge comme étant de 63 ans.

Décès de Léonard Leblanc en 1691 (Ancestry)

Héritage

Bien que le fils unique de Léonard et Marie, Noël, n’ait pas laissé de descendants, leurs six filles ont établi de vastes lignées qui ont contribué de manière significative au peuplement de la Nouvelle-France et au-delà. Aujourd’hui, de nombreuses personnes d’origine canadienne-française peuvent faire remonter leur ascendance à ce couple pionnier, soulignant ainsi leur impact durable sur le patrimoine de l’Amérique du Nord.

 
 


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Bibliographie :