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Toussaint Giroux & Marie Godard

Découvrez l’histoire fascinante de Toussaint Giroux, pionnier de la Nouvelle-France, tisserand et colon de Beauport. De son arrivée en 1650 à son mariage, ses terres et ses épreuves, suivez son parcours marqué par les défis de la colonie, une séparation rare et l’épidémie de rougeole de 1715.

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 Toussaint Giroux & Marie Godard

 

Jeune orphelin normand, Toussaint Giroux quitte la France à l’âge de 16 ans à la recherche d’une nouvelle vie en Nouvelle-France. Il construit une maison à Beauport, travaille la terre et élève une famille, mais son mariage s’effondre à la suite d’une rare séparation au XVIIe siècle. Son histoire est celle de la résilience, de la survie et de l’héritage.

 

Toussaint Giroux, fils de Jean Giroux et de Marguerite Quilleron (ou Cuilleron), est baptisé le 2 novembre 1633 dans la paroisse Saint-Martin de Réveillon, dans le Perche, en Normandie. Son père est tisserand. Son parrain, Zacharie Maheult [Maheu], et sa marraine, Marguerite Launay, assistent à la cérémonie.

Baptême de Toussaint Giroux en 1633 (Archives départementales de l’Orne)

Réveillon, situé à environ 140 kilomètres à l’ouest de Paris, dans l’actuel département de l’Orne, est un petit village rural de moins de 400 habitants, appelés Réveillonnais.    

Localisation de Réveillon en France (Mapcarta)

Les origines de l’église Saint-Martin remontent au XIIe siècle. Le portail roman du pignon ouest, vestige de l’édifice originel, date de cette époque. L’église est reconstruite à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle, comme en témoigne son clocher, doté de contreforts d’angle surmontés de pinacles. Au fil des siècles, elle subit diverses modifications et restaurations, reflétant l’évolution de l’architecture religieuse dans la région.

L’église Saint-Martin à Réveillon (photo de Pucesurvitaminee, Wikimedia Commons CC BY-SA 3.0)

Plaque en l’honneur de Toussaint Giroux à l’intérieur de l’église Saint-Martin de Réveillon (Association Perche-Canada ; photo partagée avec permission)


Départ de France

Concession de terre à Toussaint Giroux en 1654 (FamilySearch)

Toussaint perd son père le 10 janvier 1641, alors qu’il n’a que sept ans. On suppose qu’à cette époque, il a également perdu tous ses frères et sœurs. Neuf ans plus tard, en 1650, à seize ans, il décide de quitter son pays et de tenter l’aventure en Nouvelle-France avec son parrain, Zacharie Maheu, et le fils de ce dernier, René. Il s’engage vraisemblablement pour trois ans, probablement au service de Robert Giffard.

Toussaint apparaît pour la première fois dans les registres publics canadiens le 20 juin 1654. Ce jour-là, avec son parrain Zacharie Maheu et René Maheu, il reçoit du seigneur Robert Giffard une concession de terre à Beauport, d’environ 50 arpents. En contrepartie, ils doivent verser à Giffard une rente annuelle de 25 sols, un sol de cens et une poule grasse chaque année à Noël. 


Mariage & famille

Marie Godard est née vers 1638 en France. Ses origines exactes ainsi que les noms de ses parents demeurent inconnus. Selon le généalogiste Peter Gagné, elle était « probablement originaire de la campagne de Mortagne et serait venue au Canada au service de Madame Giffard qui, à plusieurs reprises, lui a accordé des marques particulières de gentillesse ». Marie figure parmi les Filles à marier.

Toussaint et Marie se marient le 29 septembre 1654 dans la maison de Robert Giffard à Beauport. Toussaint est alors âgé de 20 ans, tandis que Marie a environ 16 ans. Bien qu’ils signent un contrat de mariage devant le notaire François Badeau, ce document n’a pas été conservé.

Mariage de Toussaint Giroux et Marie Godard en 1654 (Généalogie Québec)

Le couple aura au moins 12 enfants :

  1. Charles (1655–1655)

  2. Raphaël (1656–1715)

  3. Charles (1658–1708)

  4. Toussaint (1660–1660)

  5. Michel (1661–1715)

  6. Toussaint (1663–1663)

  7. Jean (1664–1733)

  8. Marie (1666–1711)

  9. Jean Baptiste (1668–avant 1681)

  10. Marie Madeleine (1669–1751)

  11. Toussaint (1672–1750)

  12. Monique (vers 1679–1727)


Un foyer à Beauport

Comme Toussaint et Marie se marient dans la maison de Robert Giffard et que leurs trois premiers enfants y naissent, il est probable que le couple travaille pour Giffard et réside soit dans sa demeure, soit dans l’une de ses dépendances.

« Manoir de Robert Gifard, premier seigneur de Beauport, quartiers généraux de Montcalm en 1759 », illustration dans L’Opinion publique en 1881 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Concession de terre à Toussaint Giroux en 1665 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le 14 octobre 1658, le maître-charron Jean Creste (ou Crête) vend à Toussaint une terre dans le village de Fargy, situé dans la seigneurie de Beauport. Le terrain mesure 42 perches (sept perches de long sur six de large). Toussaint s’engage à le défricher et à y construire une maison, qui deviendra la résidence de la famille Giroux.   

En 1660, Toussaint figure sur une liste de 65 personnes recevant le sacrement de confirmation à l’église Notre-Dame de Québec. La cérémonie est présidée par François de Montmorency-Laval, alors désigné comme « Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Évesque de Petrée, Vicaire Apostolique dans tout le païs de la Nouvelle France ».

Le 5 octobre 1665, le seigneur Charles de Lauson concède à Toussaint et à son ami Michel Baugy [Baugis] une terre au Mont-Saint-Michel, dans la seigneurie de Lauson. Celle-ci s’étend sur quatre arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent et 40 arpents de profondeur, un emplacement idéal pour la pêche, notamment du poisson et de l’anguille. En contrepartie, Toussaint et Baugis s’engagent à verser au seigneur une rente annuelle de 4 livres et 12 deniers de cens, payables le jour de la Saint-Rémy. Ils doivent également fournir deux chapons vifs et remettre un onzième de tous les poissons pêchés. De plus, ils sont tenus d’utiliser leurs propres bateau, outils et équipement, et de saler le poisson avant de le livrer au seigneur.


En 1666, Toussaint et Marie figurent au recensement de la Nouvelle-France et résident dans le village de Fargy, à Beauport, avec leurs quatre enfants. Comme son père en France, Toussaint est inscrit comme tisserand de toille.

Recensement de la Nouvelle-France en 1666 pour la famille Giroux (Bibliothèque et Archives Canada)

L’année suivante, un nouveau recensement est réalisé. Toussaint et Marie vivent toujours à Beauport avec leurs cinq enfants et un domestique de 21 ans, Jacques Savaria. Ils possèdent alors 16 arpents de terre en valeur et deux bêtes à cornes.

Recensement de la Nouvelle-France en 1667 pour la famille Giroux (Bibliothèque et Archives Canada)


Transactions et engagements fonciers

Entre 1669 et 1676, Toussaint et Marie sont mentionnés dans de nombreux actes notariés, principalement liés à des transactions de terres :  

La signature de Marie Godard en 1669

  • 3 décembre 1669 : Toussaint et Marie, ainsi que Michel Baugy [Baugis] et sa femme Madeleine Dubois, vendent leur concession de pêche obtenue en 1665 à Jean Drouard. En échange, Drouard s’engage à leur fournir 9000 anguilles sur une période de trois ans. Toussaint ne sait pas signer, mais Marie appose sa signature.

  • 20 août 1670 : Toussaint reçoit du seigneur Joseph Giffard (fils de Robert) une concession de terre dans le village de Saint-Joseph, adjacent à Saint-Michel, dans la seigneurie de Beauport. Il s’engage à payer au seigneur [trois ?] livres de rente à chaque fête de la Saint-Martin.

  • 15 septembre 1670 : Joseph Giffard lui concède une autre terre dans le village de Saint-Joseph, « sur la ligne qui sépare l’enceinte dudit bourg du Fargy ». Cette terre mesure environ trois arpents de front. En contrepartie, Toussaint s’engage à verser au seigneur 50 sols chaque jour de Noël.

  •  22 octobre 1670 : Toussaint et Marie vendent à Charles Turgeon, pour 300 livres, une maison, un petit jardin et un pâturage situés dans le hameau de Bignon, à Réveillon, en France. Toussaint vient d’en hériter à la suite du décès de ses parents. La propriété couvre environ deux arpents.

  •  14 novembre 1671 : Toussaint et Marie vendent leur concession de terre reçue l’année précédente dans le village de Saint-Joseph au marchand-boucher Pierre Parent pour 17 livres.

  •  27 mars 1672 : Toussaint achète du seigneur Joseph Giffard et de sa femme Marie-Thérèse Nau une concession de terre dans le village de Saint-Michel, dans la seigneurie de Beauport, pour 120 livres. La terre mesure trois arpents de front, face à la rivière. Toussaint s’engage à payer au seigneur trois livres de rente, 15 sols de cens et trois chapons vifs chaque année, le jour de la fête de la Saint-Martin.

  •  14 juin 1676 : un groupe de 12 hommes du village de Fargy, dont Toussaint, fait don au conseil paroissial de La-Nativité-de-Notre-Dame-de-Beauport de six arpents de terre situés près du village de Beauport. Ce terrain accueillera une église, un cimetière, un presbytère et un jardin.


En novembre 1681, un recensement de la Nouvelle-France indique que Toussaint et Marie vivent toujours à Beauport avec leurs huit enfants. La famille possède 53 arpents de terre cultivée, une superficie considérable. Elle détient également trois fusils, onze bêtes à cornes et une cavale [jument].

Recensement de la Nouvelle-France en 1681 pour la famille Giroux (Bibliothèque et Archives Canada)


Décès de Marie Godard

Marie Godard s’éteint le 21 novembre 1684, à environ 46 ans. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial de La-Nativité-de-Notre-Dame à Beauport, « après avoir reçu les sacremens de pénitence et de viatique et avoir mené une bonne vie ».

Sépulture de Marie Godard en 1684 (Généalogie Québec)

Conformément à la coutume, Toussaint fait appel à un notaire pour dresser l’inventaire de ses biens le 30 novembre 1685. Outre les ustensiles, la vaisselle, les marmites, le linge et les meubles, il possède quatre bœufs, deux vaches, deux veaux, huit cochons et 1 100 gerbes de blé.

Extrait de l’inventaire de 1685 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)


L’inventaire après décès

La Coutume de Paris régit la transmission des biens familiaux en Nouvelle-France. Lorsqu’un couple se marie, avec ou sans contrat, il est soumis à la communauté de biens. Tous les biens acquis pendant l’union par les époux font partie de cette communauté. Après le décès des parents (si le couple a des enfants), les biens de la communauté sont partagés en parts égales entre tous les enfants, fils et filles. Lorsque la communauté était dissoute par le décès d’un des conjoints, le survivant avait droit à sa moitié, l’autre moitié étant divisée en parts égales entre les enfants. Au décès du survivant, les enfants se partagent leur part de la communauté. Des inventaires étaient dressés après le décès afin de répertorier tous les biens de la communauté.


Les deuxièmes noces de Toussaint

Le 26 octobre 1686, le notaire Claude Auber dresse un contrat de mariage entre Toussaint, alors âgé de 52 ans, et Thérèse Leblanc, veuve du maître-chirurgien Pierre Vallée (ou Lavallée), âgée de 35 ans. Le contrat suit les normes de la Coutume de Paris. Toussaint attribue à sa future épouse un douaire coutumier de 500 livres, somme qui lui reviendrait en cas de veuvage. Ni l’époux ni l’épouse ne sait signer le document.

Trois jours plus tard, le 29 octobre 1686, Toussaint et Thérèse s’unissent dans la paroisse de La-Nativité-de-Notre-Dame à Beauport. De cette union naît une fille, Marie Angélique, en 1688.

Le mariage se détériore au fil des cinq premières années. En 1691, Toussaint et Thérèse acceptent une séparation de corps et de biens, une décision rare en Nouvelle-France. Le document notarié, rédigé par Paul Vachon, justifie cette rupture « a cause de la grande dissantion et du mauvais menage quils ont faict et quils font continnuellemen aux scandalle de tous en public, et pour Eviter a de plus grand mal que la haine a faict l’un a l’autre, Et pour faire Leurs Salut et Eviter le pesché, après avoir pris Conseil de leurs amis […], se sont Resolu de faire cette separation […] ». L’accord détaille le partage de leurs animaux, confie la garde de leur fille à Toussaint et stipule que Thérèse renonce à toute demande future envers son époux, hormis les prétentions matrimoniales.

 

Les séparations en Nouvelle-France

En Nouvelle-France au XVIIe siècle, la séparation de corps et de biens est relativement rare par rapport à la France. Cet arrangement juridique permet aux couples mariés de se séparer légalement sans dissoudre le mariage, généralement en raison de désaccords financiers ou de cas de violence conjugale. En vertu de la Coutume de Paris, le code juridique utilisé en Nouvelle-France, de telles séparations étaient autorisées, mais impliquaient une procédure juridique rigoureuse supervisée par le Conseil Souverain, le plus haut tribunal de la colonie.

Peu de cas de séparations de corps et de biens ont été officiellement poursuivis en Nouvelle-France, car la population était relativement faible et la société accordait une grande importance à l’unité familiale. Cependant, les archives du Conseil Souverain indiquent que des séparations ont été accordées dans des cas spécifiques, souvent à l’initiative de femmes cherchant à protéger leur dot ou à empêcher des maris irresponsables de mal gérer les biens familiaux. Cette rareté reflète également l’indépendance économique limitée des femmes à l’époque et la pression sociale contre la séparation conjugale. Les affaires qui ont été portées devant les tribunaux donnent un aperçu de l’agence économique que certaines femmes ont exercée pour protéger leurs intérêts et des recours juridiques disponibles lorsque les mariages devenaient intenables.


Les dernières années de Toussaint

L’été suivant, la santé de Toussaint se détériore. Il séjourne à l’Hôtel-Dieu pendant un mois, du 1er au 31 juillet 1692.

Toussaint Giroux dans le registre de l’Hôtel-Dieu en 1692 (Ancestry)

Dessin de l’Hôtel-Dieu à Québec (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Le 15 avril 1700, Toussaint fait appel aux services du notaire Jean Robert Duprac. Ce jour-là, Duprac rédige un accord entre Toussaint, son fils Raphaël et sa belle-fille Madeleine Vachon. Se décrivant comme « caduque et fort âgé », Toussaint leur cède l’ensemble de ses biens ainsi qu’une partie de ses terres. En contrepartie, Raphaël et Madeleine s’engagent à prendre soin de lui, tant dans la maladie que dans la santé.

 

Les donations

En Nouvelle-France, les donations entre vifs (entre personnes vivantes) étaient courantes. Lorsqu’une personne vieillissait ou voyait sa santé décliner, elle cédait généralement ses biens à celui ou celle qui allait prendre soin d’elle, souvent un enfant. Ces donations, rédigées par un notaire, définissaient précisément les droits et obligations de chaque partie. Elles comprenaient généralement une terre, une maison, une ferme et des animaux. En retour, l’enfant bénéficiaire devait souvent régler les dettes impayées et garantir à son parent un logement, de la nourriture, des vêtements et des soins jusqu’à son décès.


Plus d’une décennie plus tard, le 24 avril 1711, le même notaire rédige un acte de vente entre Toussaint et son petit-fils Raphaël Giroux, au domicile de ce dernier à Beauport. Toussaint lui cède sa terre du village de Saint-Michel, une parcelle d’un arpent et demi de front sur 25 arpents de profondeur. En échange, Raphaël verse à son grand-père 950 livres et s’engage à assumer les cens et rentes à venir envers le seigneur. Il doit également prendre soin de Toussaint jusqu’à sa mort, veiller à son inhumation et, par la suite, verser à chacun des enfants de Toussaint la somme de 106 livres et 5 sols.

La femme de Toussaint, dont il est séparé, tente d’empêcher la vente, mais celle-ci est confirmée par le Conseil souverain le 1er juin 1711.


Décès de Toussaint Giroux

Toussaint Giroux s’éteint le 15 février 1715, à l’âge de 81 ans, soit cinq jours seulement après le décès de son fils Raphaël. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de La-Nativité-de-Notre-Dame à Beauport.

Il est possible que père et fils aient succombé à l’épidémie de rougeole qui ravage la Nouvelle-France en 1714 et 1715. L’épouse de Raphaël, Madeleine, ainsi que son frère Michel, meurent également plus tard cette même année.

Sépultures de Raphaël et Toussaint Giroux en 1715 (Généalogie Québec)

 
 


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Bibliographie :