Julien Mercier et Marie Poulin
Explorez le parcours remarquable de Julien Mercier et de Marie Poulin, pionniers de la Nouvelle-France. Découvrez leur histoire de résilience et de détermination, depuis les origines de Julien à Tourouvre, en France, jusqu'à leur vie et leur héritage au Canada. Découvrez les détails de leurs premières luttes, de leur mariage, de leur vie de famille et du rôle de Julien en tant qu'agriculteur et membre de la communauté de Sainte-Anne-de-Beaupré. Plongez dans la riche histoire de l'émigration française et de la formation d'une communauté résiliente en Nouvelle-France.
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Julien Mercier & Marie Poulin
Anciens pionniers en Nouvelle-France
L’histoire de Julien Mercier et de Marie Poulin est un parcours remarquable de détermination et de résilience, emblématique des premiers colons français au Canada. Né en 1621 à Tourouvre, en France, les premières années de Julien sont marquées par des pertes personnelles importantes. Malgré ces épreuves, il émigre en Nouvelle-France, où il s’adapte à une nouvelle terre et se forge une nouvelle vie. Lui et sa jeune épouse surmontent de nombreuses difficultés alors qu’ils cherchent à créer une vie meilleure pour leurs enfants dans cette nouvelle terre d’accueil.
Les débuts à Tourouvre : Les racines de Julien Mercier
Julien Mercier, fils de François Mercier et de Roberte Cornilleau, est né à Tourouvre, dans le Perche, en France (aujourd’hui Tourouvre au Perche, dans le département de l’Orne). Il est baptisé le 27 février 1621 dans la paroisse historique de Saint-Aubin. Ses parrains sont Philbert Saulnier, « qui lui donna son nom », et Perrine Chaudon.
Tragiquement, Julien est devenu orphelin à l’âge de 6 ans, ses deux parents étant décédés en janvier 1627 à Tourouvre, peut-être victimes de l’épidémie de peste qui s’est répandue dans toute la France en 1626 et 1627. À la suite de cette tragédie familiale, c’est à son frère aîné Jehan, manœuvre, qu’il revient d’élever Julien et ses frères et sœurs.
En 1641, la succession de François Mercier et de Roberte Cornilleau est réglée. La terre familiale est divisée en quatre parties, une pour chacun des enfants survivants : Jehan, Julien, Renée et Jeanne. La part d’héritage de Julien consiste en une grange et un quart de clos et de jardin, le tout situé à La Grandinière. Ce bourg, situé dans la commune de Tourouvre, se trouve à environ deux kilomètres à l’est de l’église paroissiale de Saint-Aubin. La maison d’enfance de Julien existe encore aujourd’hui.
Ascendance de Julien Mercier :
2. François Mercier, laboureur, décédé en janvier 1627 à Tourouvre
3. Roberte Cornilleau, décédée en janvier 1627 à Tourouvre
4. Marin Mercier, laboureur
5. Jehanne Bisson
8. Jehan Mercier, laboureur, décédé avant le 4 juillet 1569
9. Thiénete Le Blond, décédée avant juin 1557
L’émigration percheronne : De la France aux côtes du Canada
Tourouvre et l’ancienne province du Perche sont profondément liés à l’histoire de l’émigration française vers le Canada au XVIIe siècle, en devenant un noyau d’émigration. De nombreux colons canadiens sont originaires de cette région et quittent leur pays à partir du port de La Rochelle. L’église Saint-Aubin abrite deux vitraux remarquables : l’un dédié à l’émigration au Canada et l’autre commémorant la visite en 1891 d’Honoré Mercier, un descendant notable de Julien Mercier. Le vitrail de l’émigration représenterait Julien Mercier, d’après la note au pied du vitrail et le nom Mercier sur la malle. On peut donc supposer qu’il fait ses adieux à son frère et à sa belle-sœur, ainsi qu’à ses neveux et nièces. Le navire est La Marguerite.
Parmi les principaux acteurs de cette migration figurent Robert Giffard, seigneur et chirurgien, et les frères Juchereau, les marchands Jean et Noël, qui ont obtenu de grandes concessions foncières au Canada. Ils avaient besoin d’hommes capables de défricher leurs terres, d’y construire des maisons et d’autres bâtiments, et de les cultiver. Leur objectif premier est de faire venir au Canada le plus grand nombre possible de colons et de familles. La Compagnie des Cent-Associés finance en partie la migration de ces colons, dont Zacharie Cloutier, Jean Guyon, Noël Langlois et bien d’autres. Le Musée de l’émigration française au Canada de Tourouvre au Perche célèbre ces pionniers et leur histoire.
L’aventure de la Nouvelle-France
En 1647, inspiré par de nombreux Percherons qui se sont aventurés vers le Nouveau Monde, Julien prend la décision fatidique de se lancer dans l’aventure de la Nouvelle-France. Le 25 février 1647, Julien est engagé par Noël Juchereau pour travailler comme ouvrier général au Canada pour une période de trois ans. Le contrat lui promet une paire de chaussures, un salaire annuel de 75 livres, dont 24 livres reçues d’avance, ainsi que le logement et la nourriture. Julien n’a pas su signer le contrat. Le contrat se lit comme suit :
(transcription de Françoise Lamarche)
À l’âge de 26 ans, Julien Mercier quitte son village natal de Tourouvre pour se rendre à La Rochelle, à quelque 330 kilomètres au sud. Il voyage probablement avec un groupe d’engagés. Le 6 juin 1647, il embarque sur le navire La Marguerite. Julien n’a probablement jamais vu l’océan auparavant. Après une traversée de huit semaines, le navire arrive à Québec. Les contrastes entre son petit village français familier, le port animé de La Rochelle et l’isolement du Canada ont dû être étonnants pour Julien.
Une nouvelle vie au Canada : Établissement, travail et famille
À son arrivée en Nouvelle-France, Julien Mercier commence probablement à travailler pour Noël Juchereau, bien que les détails de ses tâches ne soient pas clairs. Juchereau retourne en France à l’automne et y meurt à l’été 1648. Le 22 juillet 1649, Julien accepte de travailler pour Michel Huppé dit Lagroix et un contrat est rédigé par le notaire Laurent Bermen. Pour des raisons inconnues, cet accord se termine à l’amiable trois mois plus tard, en octobre.
Le 15 octobre 1651, Julien obtient d’Olivier Letardif une concession de terre sur la côte de Beaupré. Sa terre, située près de l’actuelle basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré, mesure cinq arpents de front (face au fleuve Saint-Laurent) et s’étend sur une lieue et demie de profondeur. Ses voisins vers l’ouest sont Étienne Lessard et Robert Giguère. À l’époque, ce lieu s’appelle Sainte-Anne-du-Petit-Cap.
Julien, maintenant propriétaire terrien dans son nouveau pays, se construit probablement une modeste cabane et commence à cultiver ses terres. Se sentant bien installé, il décide qu’il est temps de se marier. Le 7 octobre 1652, Julien et sa future épouse, Marie Poulin, font rédiger leur contrat de mariage par le notaire Claude Auber. À ce moment, Julien est âgé de 31 ans, tandis que Marie est beaucoup plus jeune, soit 11 ans. Fille de Claude Poulin et de Jeanne Mercier, Marie est baptisée le 1er janvier 1640 à Trois-Rivières.
Dans le contrat de mariage particulièrement court, Claude Poulin, père de la mariée et charpentier, promet de construire au couple une grange de 40 pieds sur 20 pieds sur 8 pieds, ainsi qu’un poulailler de 8 pieds. Marie emportera avec elle du linge et de la vaisselle.
Probablement en raison de son jeune âge, Julien Mercier et Marie ne se sont pas mariés avant le 18 janvier 1654. Au moment de leur mariage, Julien a 32 ans et Marie, 13 ans. La cérémonie a lieu chez leur voisin Robert Giguère, à Sainte-Anne-de-Beaupré, ayant pour témoins Étienne Lessard et Louis Gagné, également voisins.
Claude Poulin et Jeanne Mercier
Claude, l’un des premiers colons français du Canada, est arrivé en 1636, probablement pour travailler pour Robert Giffard. Jeanne, une « fille à marier », l’a suivi en 1639. Ils se marient à Québec la même année. Leur premier enfant, Marie, est baptisée en 1641. Plus tard cette année-là, la famille Poulin retourne en France. Claude est incité à revenir au Canada lorsqu’il reçoit une concession de terre d’Olivier Letardif dans la seigneurie de Beaupré en 1646. Les Poulin traversent à nouveau l’Atlantique et arrivent à Québec en 1648. [Jeanne Mercier et son gendre Julien Mercier ne semblent pas avoir de lien de parenté.]
Famille, foi et communauté
Le couple s’installe sur la terre de Julien à Sainte-Anne-de-Beaupré. Ils auront dix enfants :
Pascal est né le 7 mars 1656 et est baptisé six jours plus tard dans la maison de Louis Gagné à Sainte-Anne-de-Beaupré. Son parrain est Claude Poulin, son grand-père, et sa marraine est Marie Michel, épouse de Louis Gagné. Pascal épouse Anne Cloutier le 11 novembre 1681 à Château-Richer. Le couple aura quatre enfants, tous des fils. Pascal est décédé à l’âge de 39 ans. Il est inhumé le 29 octobre 1695 dans le cimetière paroissial de Notre-Dame à Québec. Il est cultivateur.
Charles est né le premier septembre 1658 et est ondoyé par son voisin Louis Gagné. Il est baptisé 15 jours plus tard chez Robert Giguère à Sainte-Anne-de-Beaupré. Son parrain est Étienne Lessard et sa marraine est Aimée Miville, épouse de Robert Giguère, tous voisins. Charles épouse Anne Berthelot dite Leloutre le 8 novembre 1691 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Le couple aura dix enfants, dont neuf filles. Charles est décédé à l’âge de 73 ans le 3 décembre 1731. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il est cultivateur.
Louis est né vers 1661. Il se marie trois fois : avec Marguerite Rabouin le premier octobre 1685 à Québec, avec Anne Jacquereau le 6 juin 1689 à Québec et avec Marie Louise Simon dite Lapointe le 30 avril 1703 à Sainte-Foy. Louis aura 14 enfants. Il est décédé à l’âge de 67 ans, « trouvé mort sur la grève » le 20 février 1728. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Notre-Dame à Québec. Contrairement à ses frères fermiers, Louis est maître-serrurier, devenu « le plus réputé de son temps ».
Julien est né le 29 février 1664 et est baptisé le lendemain à Château-Richer. Il est décédé à l’âge de 20 ans le 28 décembre 1684. Julien est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il est cultivateur.
Jeanne est née le premier décembre 1666 et est baptisée le lendemain à Château-Richer. Elle est décédée quelque temps avant le recensement de la Nouvelle-France en 1667.
Jean est baptisé en novembre 1667 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Son parrain est Jean Gagnon et sa marraine est Madeleine Poulin, sa tante. Jean épouse Barbe Demommainier le 25 février 1691 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Le couple aura quatre enfants. Les détails du décès de Jean sont inconnus. Il est cultivateur.
Pierre est né le 11 janvier 1671 et est baptisé le même jour à Sainte-Anne-de-Beaupré. Son parrain est Pierre Frichet et sa marraine est Marguerite Poulin, sa tante. Pierre épouse Marie Catherine Chamberland le 7 avril 1717 dans la paroisse de Sainte-Famille à l’Île-d’Orléans. Le couple aura cinq enfants. Pierre est décédé à l’âge de 58 ans le 16 décembre 1729. Il est inhumé le lendemain dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il est cultivateur.
Marie Madeleine est née le 9 mars 1674 et est baptisée deux jours plus tard à Sainte-Anne-de-Beaupré. Son parrain est Ignace Poulin, son oncle, et sa marraine est Louise Picard, épouse de Louis Gagné (pas le même Louis Gagné mentionné plus haut). Marie Madeleine se marie deux fois : avec André Berthelot dit Leloutre le 18 février 1692 à Sainte-Anne-de-Beaupré et avec Étienne Giguère (fils de Robert Giguère et d’Aimée Miville) le 20 juin 1701 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle n’aura pas d’enfants. Marie Madeleine est décédée à l’âge de 77 ans le 26 avril 1751. Elle est inhumée le lendemain dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Marie Angélique est née le 1er février 1677 et est baptisée six jours plus tard à Sainte-Anne-de-Beaupré, aux côtés de sa jumelle Marguerite. Son parrain est Jean Barette et sa marraine est Marie Gagné. Marie Angélique épouse Joseph Giguère (lui-même jumeau, fils de Robert Giguère et d’Aimée Miville) le 11 novembre 1698, à Sainte-Anne-de-Beaupré, en double cérémonie de mariage avec sa sœur jumelle. Le couple aura dix enfants. Marie Angélique est décédée à l’âge de 62 ans le 18 avril 1739. Elle est inhumée deux jours plus tard dans le cimetière paroissial de Sainte-Anne-de-Beaupré.
Marguerite est née le 1er février 1677 et est baptisée six jours plus tard à Sainte-Anne-de-Beaupré, aux côtés de sa jumelle Marie Angélique. Son parrain est Pascal Mercier, son oncle, et sa marraine est Marguerite Cloutier, épouse de Robert Caron. Marguerite épouse Marin Michel Patenaude (également jumeau) le 11 novembre 1698, à Sainte-Anne-de-Beaupré, lors d’une double cérémonie de mariage avec sa sœur jumelle. Le couple aura sept enfants. Marguerite est décédée à l’âge de 36 ans à la suite de complications liées à l’accouchement. Elle est inhumée le 9 juin 1713 dans la paroisse de Sainte-Famille à l’Île-d’Orléans, le même jour que son fils Michel, né quelques jours plus tôt.
Le choix des parrains et des marraines, ainsi que des conjoints des enfants, témoigne de l’étroitesse des liens qui unissaient la communauté de Sainte-Anne-de-Beaupré. Dans ce milieu isolé, où les voisins devenaient souvent des membres de la famille élargie, les liens tissés par les parrainages et les mariages ont été essentiels au développement d’une communauté résiliente et solidaire, essentielle à la survie et à la prospérité de la colonie.
Le 28 décembre 1659, Julien et Marie décident de vendre une partie de leur terre dans la seigneurie de Beaupré à Pierre Maufils. La parcelle mesure un arpent et demi de front, face au fleuve Saint-Laurent. En retour, Pierre paiera aux Mercier 31 sols, six deniers et un chapon chaque année. Un mois auparavant, Pierre avait épousé Marie Madeleine Poulin, la sœur de Marie.
En 1661, Julien est atteint d’une maladie non identifiée qui le « fait sécher sur pied et dépérir entièrement ». Il aurait alors prié à Sainte Anne pour obtenir son aide. Le prêtre local Thomas Morel écrit : « Après avoir fait dire quelques messes en son honneur […] ne pouvant avoir de soulagement des remèdes humains […] il reçut parfaite guérison ». En remerciement, Julien fit don à l’église de blé, de pois et d’orge. Il devient marguillier de 1669 à 1671.
La miraculeuse Sainte-Anne-de-Beaupré
Depuis sa fondation, l’église Sainte-Anne-de-Beaupré, aujourd’hui basilique, est synonyme de miracles. Cet héritage remonte à 1658, alors qu’un groupe d’immigrants bretons fait face à une violente tempête sur le fleuve Saint-Laurent. Dans leur désespoir, ils implorent la protection de Sainte Anne, vénérée en Bretagne comme la grand-mère de Jésus, et promettent de construire un sanctuaire en son honneur s’ils sont épargnés. Miraculeusement, à l’aube, la tempête s’est calmée et leur navire a atteint le rivage sans encombre. Fidèles à leur parole, ils érigèrent à cet endroit la première chapelle dédiée à Sainte Anne. Depuis, de nombreux miracles sont attribués à ce lieu sacré, depuis l’époque de la Nouvelle-France jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, la Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré attire plus d’un million de visiteurs par année, certains pour s’émerveiller devant un lieu de culte magnifique et historique, tandis que d’autres y cherchent la guérison et le salut.
Malgré le triomphe personnel de Julien, l’année 1661 est particulièrement difficile pour les habitants de la côte de Beaupré. La tragédie frappe la communauté lorsque Louis Gagné (époux de Marie Michel) et Louis Guimont, voisins de Julien et de Marie, auraient été capturés et tués par les Iroquois. Pour ajouter au chagrin, le frère de Marie, René, disparaît, probablement victime des Iroquois ou de loups.
Dans le recensement de la Nouvelle-France en 1666, Julien et Marie sont énumérés comme résidents à Sainte-Anne-de-Beaupré avec leurs quatre enfants. Julien est « habitant », ou cultivateur.
Un autre recensement est effectué en 1667. Julien et Marie habitent toujours à Sainte-Anne-de-Beaupré avec leurs quatre enfants. Julien possède cinq bestiaux et 16 arpents de terre défrichée.
Décès de Julien Mercier
Julien Mercier est décédé à l’âge de 55 ans le 18 octobre 1676. Malheureusement, sa femme Marie était enceinte de jumeaux au moment de son décès. Julien est inhumé le lendemain à l’intérieur de l’église Sainte-Anne-de-Beaupré, « après avoir reçu les Saints Sacrements de l’Église ».
Inhumé à l’intérieur de l’église ?
Les inhumations intra-muros sont une ancienne tradition chrétienne que les premiers colons ont amenée avec eux de France. La tradition française voulait que le privilège soit principalement réservé au clergé et aux nobles. En Nouvelle-France, cependant, nous constatons que les inhumations à l’intérieur des murs de l’église n’étaient pas réservées à ce groupe d’élites. Ils ont été exécutés pour ceux qui appartenaient aux groupes sociaux les plus puissants (qui pourraient même inclure des agriculteurs), ceux qui réussissaient le mieux dans leur métier et ceux qui étaient impliqués dans leur église et leur communauté. Les corps étaient placés dans la crypte (ou cave) située sous le sol de l’église, ou dans une fosse creusée après avoir soulevé le sol ou un banc d’église. Les rites funéraires qui accompagnaient un tel enterrement étaient généralement plus élaborés et coûteux que ceux exécutés pour un enterrement au cimetière. La pratique des enterrements intra-muros dans les églises a disparu de la plupart des paroisses au milieu du XIXe siècle, principalement en raison de problèmes d’hygiène publique et d’un manque d’espace.
Marie Poulin, veuve
Marie Poulin devient veuve à l’âge de 35 ans et doit élever neuf enfants seule. Lors du recensement de 1681 en Nouvelle-France, elle est dénombrée demeurant dans la maison familiale à Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle possède quatre fusils, huit bestiaux et 30 arpents de terre défrichée. [Elle avait 40 ans à l’époque, et non 84 ans comme l’a écrit le recenseur.]
Le 5 octobre 1682, un inventaire des biens de Marie et Julien est dressé par le notaire Claude Auber, assisté de ses voisins Étienne Lessard et Robert Giguère. Leurs biens sont évalués à 2 000 livres et comprennent la terre et les bâtiments, plusieurs animaux de ferme et 150 minots de grain.
La raison de l’inventaire est évidente dans l’entrée suivante dans la minute du notaire Auber : Marie Poulin a décidé de se remarier. Elle et Charles Demommainier dit Jouvent font rédiger leur contrat de mariage le même jour. Charles est armurier et maître-serrurier à Québec. Il est également veuf et a une fille, Barbe, qui épousera Jean Mercier, le fils de Julien et Marie. Charles est capable de signer son nom, mais Marie déclare qu’elle ne le peut pas.
Le mariage a lieu le 10 novembre 1682 à Sainte-Anne-de-Beaupré. Les témoins sont Claude Poulin (le père de Marie), Pierre Maufils (son demi-frère), et Martin et Pierre Poulin (ses frères). Marie a 41 ans, son nouveau mari en a 45.
Marie et Charles auront un seul enfant, Louis, baptisé le 29 juillet 1685 à Sainte-Anne-de-Beaupré (Marie a alors 44 ans). Il est décédé à l’âge de 17 ans le 12 mars 1703 à Sainte-Anne-de-Beaupré.
L’hiver 1687 aurait été particulièrement difficile pour Marie. Elle perd ses deux parents en l’espace de quatre jours à la mi-décembre 1687, peut-être victimes de l’épidémie de variole qui frappe la colonie cet hiver-là.
Elle et Charles habitent à Sainte-Anne-de-Beaupré pendant plusieurs années, puis déménagent à Québec, où Charles travaille comme serrurier. Ils sont de retour à Sainte-Anne-de-Beaupré en 1708. Le couple est impliqué dans diverses ventes de terres et de maisons au fil des ans :
26 juillet 1695 : vente d’une maison de madriers située sur la rue Demeulles, par Charles Demommainier, serrurier, et Marie Poulin, de la ville de Québec, à Jacques Moran et Jacquette Audé, son épouse (notaire Chambalon)
16 août 1695 : vente d’une terre située en la seigneurie de Beaupré à la Grande Rivière, par Charles Demommainier, serrurier, et Marie Poulin, de la ville de Québec, rue de Champlain, à Jean Merieux (notaire G. Roger)
5 octobre 1708 : vente d’une maison située en la basse-ville de Québec, rue Champlain, par Charles Demommainier, serrurier, et Marie Poulin, de la côte de Beaupré, paroisse Sainte-Anne, à Jacques Amelot, sergent d’une compagnie des troupes de la Marine (notaire Chambalon)
En 1710, Marie et Charles font une donation « pure, simple et irrévocable » au fils cadet de Marie, Pierre. Cette donation comprend 300 livres et deux perches de terre à Sainte-Anne-de-Beaupré. Pierre est responsable des rentes seigneuriales à venir.
Charles Demommainier dit Jouvent est décédé à l’âge de 78 ans le 3 juillet 1716. Il est inhumé le lendemain à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Décès de Marie Poulin
Marie Poulin décède deux semaines après son mari, à l’âge de 75 ans, le 17 juillet 1716. Elle est inhumée le même jour à l’intérieur de l’église Sainte-Anne-de-Beaupré, « après avoir reçu les Sacrements de confession viatique et extrême-onction donnant des marques de la vraie piété et religion ». Ses fils Louis et Pierre sont présents à l’enterrement, ainsi que plusieurs autres parents et amis. La rapidité avec laquelle Marie a été enterrée et la mort récente de son mari indiquent qu’ils sont peut-être morts d’une maladie contagieuse. Il n’y a pas d’épidémie connue à l’époque, mais l’année suivante, on enregistre de nombreux décès dus à la fièvre maligne, ou fièvre jaune.
Un inventaire après-décès des biens de Marie et de Charles est enregistré pour leurs héritiers le 7 août 1716. Quatre jours plus tard, les meubles de Marie sont vendus. L’inventaire de 12 pages énumère toutes les possessions et tous les biens immobiliers du couple. Il comprend tous les ustensiles de cuisine, les casseroles, le linge, les meubles, plusieurs réserves de céréales et plus encore. Tous les vêtements du couple sont répertoriés, des pantalons aux bonnets de nuit en passant par les mouchoirs de poche. L’inventaire comprend plusieurs animaux de ferme : bœufs, vaches, veaux, poulets et porcs. Marie et Charles avaient également quelques dettes.
Un héritage
Julien Mercier illustre la pérennité de l’esprit des premiers immigrants du Canada. Son voyage à partir du petit bourg de La Grandinière à Tourouvre, en France, jusqu’aux vastes paysages de la Nouvelle-France reflète les défis et les triomphes des colons du XVIIe siècle. L’histoire de Julien, marquée par les épreuves, la résilience et un engagement profond envers sa famille et sa communauté, reflète les chroniques de nombreux immigrants qui ont cherché un nouveau départ dans un monde inconnu.
Aux côtés de Julien, 16 autres Merciers ont immigré en Nouvelle-France. Cinq d’entre eux ont laissé des descendants jusqu’à ce jour. Selon l’Association des Mercier de l’Amérique du Nord, il y a environ 100 000 Merciers dans le monde, dont plus de 14 000 au Québec et 9 000 aux États-Unis. Mercier est la 62e famille en importance au Québec.
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Bibliographie :
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Ibid. « Vente d'une terre située en la seigneurie de Beaupré à la Grande Riviere; par Charles Montmirnis, serrurier et Marie Poulain, son épouse, de la ville de Québec, rue de Champlain, à Jean Merieux, de la côte de Beaupré », 16 août 1695, notaire G. Roger.
Ibid., « Vente d'une maison située en la basse ville de Quebec, rue Champlain; par Charles de Monmenier, serrurier et Marie Poulin, son épouse, de la côte de Beaupré, paroisse Ste Anne, à Jacques Amelot, sergent d'une compagnie des troupes de la Marine, de la ville de Quebec », 5 oct. 1708, notaire L. Chambalon.
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